Marco Tardelli, le bonheur fou

Marco Tardelli, le bonheur fou

25 août 2022 0 Par Richard Coudrais

Parmi les joueurs italiens qui remportèrent la Coupe du monde 1982, Marco Tardelli reste celui dont on a gardé la plus forte image, celle de sa célébration extatique à la suite de son but en finale.


Peut-être que Tardelli serait encore en train de courir si on ne l’avait pas arrêté”. La remarque, célèbre, vient du journaliste anglais John Foot, auteur de l’ouvrage “Calcio: A History of Italian Football”, dont la première édition affichait la célébration de l’Italien.


Course folle


Marco Tardelli venait de marquer le deuxième but italien à vingt minutes du terme de la finale de la Coupe du monde 1982 et avait donné un avantage décisif à la Squadra Azzurra. Le milieu de terrain italien comprit qu’il serait champion du monde et se lança dans une course folle le visage déchiré par un bonheur trop difficile à contenir.

Cette célébration toute italienne est devenue l’image que le monde du football a gardé de Marco Tardelli. Né en 1954 à à Capanne du Careggine, le jeune Toscan avait tout naturellement débuté sa carrière à Pise, qui jouait alors en Serie C, avant de rejoindre Côme, en Serie B. C’est en 1975 que la Juventus déboursa quelque 800 000 lires pour acquérir le prometteur milieu de terrain de 21 ans.

C’est à la fin de sa première saison à la Juve qu’il fut appelé pour la première fois en équipe d’Italie, pour une rencontre au Stadio Communale, antre du club bianconero, contre le Portugal. Il embarqua aussitôt pour les États-Unis, où les Azzurri étaient invités à un tournoi organisé pendant les célébrations du bicentenaire américain. À Washington, il se retrouva au marquage de Pelé, capitaine d’une sélection All Star du championnat américain. Huit jours plus tard, son adversaire direct était Zico, jeune meneur de jeu de l’équipe du Brésil.


Au marquage des plus grands


Enzo Bearzot prenait peu à peu les commandes de l’équipe d’Italie et avait décidé de s’appuyer sur l’ossature de la Juventus, qui s’imposait comme le meilleur club de Serie A. Marco Tardelli se retrouva ainsi dans le bon wagon, aux côtés de ses coéquipiers Zoff, Gentile, Scirea, Cabrini, Benetti, Bettega et Causio. Il disputa la Coupe du monde et fut chargé d’annihiler le fuoriclasse d’en face, notamment Michel Platini dès le premier match à Mar Del Plata.

Un an avant le Mundial argentin, Marco Tardelli avait marqué d’une étonnante reprise de la tête le but de la finale aller de la Coupe de l’UEFA, qui opposait la Juve à l’Athletic Bilbao (1-0). Au match retour en terre basque, le club espagnol ne s’imposa que 2-1. La règle du but à l’extérieur permit à la Juve, et à Tardelli, de remporter leur premier titre européen.

Lors de la Coupe du monde 1982, la presse lui avait assigné le marquage de Diego Maradona lorsque l’Italie devait rencontrer les champions du monde en titre à Barcelone. Mais Enzo Bearzot changea ses plans en confiant le prodige argentin à Claudio Gentile, ce qui donna plus de liberté à Tardelli, lequel en profita bien : c’est lui qui ouvrit le score d’un superbe tir croisé sur une passe de Giancarlo Antognoni.


Garde turinoise


L’histoire de Marco Tardelli épouse celles de Claudio Gentile, Gaetano Scirea et Antonio Cabrini et pour cause, les quatre hommes constituent la garde turinoise de la sélection italienne, aux côtés du vétéran Dino Zoff et du benjamin Paolo Rossi, au parcours un peu plus sinueux. Gentile a quitté la Juve en 1984 et seuls Tardelli, Scirea et Cabrini inscrivirent les trois Coupes d’Europe à leur palmarès : la Coupe de l’UEFA 1977, la Coupe des coupes 1984 et la Coupe des clubs champions 1985.

La finale de la Coupe des champions 1985, disputée dans le terrible contexte du Heysel, fut le dernier match de Marco Tardelli avec la Juventus. Il rejoignait l’Inter Milan pour jouer aux côtés de l’Irlandais Liam Brady, son ancien coéquipier de la Juventus, de Karl-Heinz Rummenigge, Sandro Altobelli et autres Fulvio Collovati pour deux saisons sans trophée.

Tardelli fut de l’ultime voyage à la Coupe du monde 1986 à Mexico où il ne disputa aucun match et vit avec regret son ami Michel Platini marquer contre l’Italie et prendre ainsi sa revanche sur Mar Del Plata. Il quitta alors la sélection italienne pour laquelle, il est vrai, il n’avait plus joué depuis septembre 1985 et une rencontre perdue (2-1) à Lecce contre la Norvège.

Il quitta l’Inter Milan en 1987 pour effectuer sa dernière saison dans le championnat suisse, à Saint-Gall, pour une quinzaine de rencontres en tout et pour tout. Il se lança ensuite dans une carrière d’entraîneur qui fut couronnée de plusieurs succès. Il permit à l’équipe d’Italie B de triompher aux Jeux méditerranéens de Bari en 1997, puis à l’équipe espoirs de remporter le Championnat d’Europe 2000 de sa catégorie.


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