C4 : on a vécu le titre de la Roma à l’Olimpico
La finale avait bien lieu à Tirana, mais comme tous les chemins mènent à Rome, on s’est rendus au stadio Olimpico. Entre deux écrans géants et une sono qui grésille, au milieu d’un peuple à la fois impatient et soulagé, avec la tunique orangée sur les épaules, on a vécu un bout d’histoire du club giallorosso.
Pour dresser le tableau de cette finale de Ligue Europa Conférence, l’Olimpico était déjà une excellente porte d’entrée, plus tôt dans la journée. Le stade, partagé par les deux rivaux de la Ville éternelle, laissait ouvert au public son musée réparti entre histoire laziale et romanista, et celle de l’équipe nationale italienne. Dans ce parcours passionnant, les titres européens des deux équipes de la capitale ont presque pris la poussière dans la salle des trophées. Façon de parler évidemment, mais pour retrouver la trace d’une équipe de la Roma qui remporte un trophée européen, il faut tout de même, remonter en 1961 et une Coupe des villes de foire, ancêtre de notre C3 actuelle.
Il y a bien eu quelques belles épopées : une finale de C1 perdue en 1984 par les coéquipiers d’un certain Carlo Ancelotti, un autre échec en finale de C3, cette fois, en 1991. Et puis comment ne pas citer, la campagne 2017/2018 et ce parcours héroïque jusqu’en demi-finale de C1 après ladite “Romatada” face au FC Barcelone. Pour les tifosi romains, l’attente est longue, infinie, d’autant plus quand on sait que le dernier titre national remonte à 2008 et une victoire en Coupe d’Italie. D’ailleurs, bon nombre de supporters du soir n’ont jamais eu l’occasion de célébrer le moindre titre de leurs protégés.
La Louve dans son théâtre et sous ses plus belles couleurs
Conscient de l’événement que s’apprête à vivre la ville, en tout cas, celle qui porte les couleurs jaunes et rouges, Rome a mis le paquet pour faire de ce mercredi soir, la grand-messe ou en tout cas, un moment de communion pour des fidèles de toutes les générations. Dans le tram 2 qui mène au stade, il y a des familles, des touristes, des ultras de la première heure qui entonnent “Se i tuoi colori sventolo”, hymne de cette campagne européenne. L’ambiance est à la fête aux abords du stade qui rassemblera ce soir 50 000 âmes derrière 8 écrans géants, la plus grande fan zone à ciel ouvert de la ville.
Tout le cérémonial d’un match de grand soir de Coupe d’Europe a été reconstitué, dans une ambiance qui aurait pu sembler artificielle aux premiers abords, mais qui finalement, donne l’impression d’assister à une vraie finale. La pelouse restera désespérément vide pendant 90 minutes, mais les supporters romanisti répondent présents comme un douzième homme télépathe. Et comment ne pas s’émerveiller dans cette soirée magique dès l’hymne de la Roma qui couvre, l’espace d’une minute, tous les protocoles d’avant-match de l’Air Albania Stadium. “C’est mieux qu’à Tirana”, commence-t-on à entendre dans les travées d’un Olimpico dans lequel on s’assoit désormais dans les escaliers.
Zaniolo, le fils prodige
Pour que l’histoire soit belle, il fallait probablement que ce soit lui, le joyau de cette équipe, poussé dans ses retranchements les plus profonds, à cause de lourdes blessures depuis 2020. Après un début de match où la tifoseria a gentiment pris ses aises, assise, rongée par le stress de l’événement, la libération intervient à la demi-heure de jeu par la pépite, Nicolò Zaniolo. La joie décomplexe la masse, les heureux propriétaires d’un maillot floqué au nom du numéro 22 sont, bien sûr, les plus survoltés. L’explosion est totale. Il reste une heure à jouer. La deuxième mi-temps reprend dans une tension extrême où la superstition est telle qu’elle interdit à certains de se rendre aux toilettes ou de fumer une cigarette. Les assauts du Feyenoord contre le camp romain sont autant de sursauts de tension finalement éteints par le coup de sifflet final. Le deuxième acte, démonstration de la gestion “mourinhéenne”, permet à la Roma de soulever son premier titre européen depuis 61 ans. La ville Éternelle est en ébullition et les coursives de l’Olimpico ne peuvent plus contenir toute cette énergie spontanée. L’envahissement de la pelouse est inéluctable.
On grimpe, on aide à grimper, tout le monde doit participer à ce spectacle unique. La horde de supporters giallorossi se congratule, immortalise l’instant à sa manière : des photos, des bouts de pelouse volés, des accolades infinies avec des acolytes d’un soir. Comme dans le scénario d’une mauvaise comédie italienne, des gouttes de pluie, au moment de la cérémonie de remise du trophée, apportent leur lot de romantisme à la scène. Comme s’il ne manquait que cela. Décidément, tous les éléments étaient là ce mercredi soir de mai pour que ce délire romantique s’exprime entièrement. Entre fin d’une frustration générationnelle et joie sincère et naturelle, nul doute qu’à Rome la C4 a gagné ses lettres de noblesse.
On a vu dans l’Olimpico
- Des bières voler
- Des larmes et des cris
- Un envahissement de pelouse calme et presque ordonné
- Des maillots vintage (masterclass)
- Des maillots Totti (partout)
- Des maillots Zaniolo (de circonstance)
- Un maillot Clément Grenier (faut rentabiliser)
- Des petits bouts de pelouse dérobés
- Des mètres carrés de pelouse dérobés
- Des genoux écorchés pour des glissades non homologuées
- Des embrassades
- Des accolades
On a entendu
- “Roma, Roma”, un hymne à couper le souffle
- Campioni d’Europaaaaaaaa
- Siiiiiiiii
- Daje Roma
- Daje Magica
- Le fils de Zaccagni est de Zaniolo
- Supporter Laziale, change de chaîne
- Qui ne saute pas, est Hollandais
- Grazie Roma, Forza Roma, Mai sola, des chants historiques de la Roma repris en coeur
- Des chants explicites sur la Lazio qui ne seront pas mentionnés ici
- Des jurons qui ne seront pas non plus mentionnés ici
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Photo à la Une Icon Sport. Photos de l’article Colomban Jaosidy.
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