Juventus féminine : une ambition au révélateur de l’OL

La Juventus est opposée à l’Olympique Lyonnais en quart de finale de la Ligue des champions fin mars. Dominatrice en Serie A, la Vieille Dame a fait du chemin pour assouvir ses ambitions européennes depuis sa création en 2017.

La Fondation de la Juventus féminine

Si la Juve nait en 1897, il faut attendre 2017 pour voir la Vieille Dame se doter d’une équipe féminine. Une date très récente qui ne dénote pas avec la plupart des grandes équipes italiennes souhaitant s’engager dans le football féminin. L’Inter, le Milan, la Roma ou encore la Fiorentina font de même entre 2015 et 2018. Pour autant, les équipes féminines existent depuis des décennies dans le Botte et dans le Piémont.

C’est d’ailleurs grâce à ces clubs que la Juventus a pu entrer dans l’univers du football féminin. Giulia Beghini, de L Football, explique : « L’équipe est fondée le 1er juillet 2017 avec l’acquisition de la licence sportive du club de Cuneo, évoluant alors en Serie A féminine. Cela a été permis par la loi italienne, offrant la possibilité aux clubs masculins d’acheter des équipes féminines amateures. Milan l’a fait l’année suivante en rachetant l’équipe de Brescia. »

Giovanni Albanese, journaliste sportif de la Gazzetta dello Sport, spécialisé sur la Juventus, poursuit : « Andrea Agnelli a voulu cette équipe et l’a toujours soutenue. Le secteur féminin a été attribué à Stefano Braghin, qui s’occupait des jeunes auparavant. Il n’avait pas d’expérience du football féminin mais s’est montré brillant. La première entraîneure choisie a été Rita Guarino, légende du football féminin italien. »

Domination en Serie A

Dès sa première saison, la Juventus s’impose comme la meilleure équipe du championnat. Et ce notamment grâce à un recrutement XXL. Giulia Beghini : « La Vieille Dame a recruté certaines joueuses de Brescia, qui était jusque-là une des meilleures équipes de Serie A. La star italienne Barbara Bonansea, Lisa Boattin, Aurora Galli, Martina Rosucci et Sara Gama, capitaine de l’Italie, ainsi que quelques étrangères comme la Finlandaise Tuija Hyyrynen. »

En cinq saisons domestiques, les Bianconere ont remporté quatre titres de Serie A et pointent en tête du classement à la mi-mars 2022, à trois unités devant la Roma. À un effectif de base impressionnant se sont ajoutées ces dernières années des joueuses étrangères expérimentées, à l’image de la gardienne française Pauline Peyraud-Magnin ou encore l’attaquante vedette de l’Italie, Cristiana Girelli, double-meilleure buteuse du championnat.

Laura Agard, joueuse française passée par la Fiorentina et actuellement à l’AC Milan, analyse : « Je pense qu’elles ont un noyau de joueuses de qualité qui se connait depuis très longtemps et elles ont une continuité. La différence avec les autres équipes, c’est qu’elles ont 18 titulaires potentielles. La Juventus domine a tous les niveaux donc oui, c’est un modèle à suivre. »

Une vision complète

En plus de son équipe féminine A, la Juventus, comme la FIGC l’a imposé aux clubs, développe ses sections de jeunes filles, en dédoublement des sections existantes pour les jeunes garçons. Giulia Beghini : « Le centre de formation féminin a d’ailleurs ouvert ses portes dès 2015, en s’appuyant sur le vivier du club de San Bernardo Luserna CF. Quand la Juve a inauguré son équipe féminine en 2017, elle pouvait déjà compter sur 108 joueuses évoluant dans 8 catégories d’âges différentes. »

Des avancées incitées par la fédération, certes, mais pas seulement. Depuis 2018, l’équipe s’entraîne à Vinovo, base de haute qualité avec 8 terrains, où se rendait l’équipe masculine avant la construction d’un nouveau centre. Concernant les infrastructures médicales, elles sont partagées avec l’équipe masculine.

Un des terrains de Vinovo, appelé Ale&Ricky, accueille la plupart des matches de la Juve femminile. Exceptionnellement, certaines rencontres peuvent être jouées au Juventus Stadium, comme le sera le quart de finale aller de Ligue des champions contre Lyon le 23 mars 2022.

Et maintenant ?

La Juventus est confortablement installée en Serie A. Mais pour l’Europe, la domination est loin d’être acquise, c’est le moins que l’on puisse dire. Lors de ses trois participations européennes, alors qu’il n’y avait pas encore de phases de poules, la Juve femminile s’est à chaque fois arrêtée en 16e de finale. Contre Brondby en 2019 (3-2 cumulé), face au Barça en 2020 (4-1) et l’année dernière les Bianconere sont tombées lourdement contre… l’OL, qui les ont corrigées 6-2.

À nouveau opposée à un club historique et sept fois vainqueur de la Ligue de champions, la Juve a, sur le papier, peu de chances de l’emporter face à Lyon lors de cette édition 2021-22. Mais elle peut déjà se féliciter d’être sortie de son groupe avec Wolfsburg et en ayant devancé Chelsea, finaliste de la dernière édition.

L’arrivée cet été du coach australien Joe Montemurro, qui aura fait passer un cap aux Gunners avant de venir en Italie, est également un bon signe pour le futur. Giulia Beghini : « Encore plus avec son arrivée, la Juventus va se tenir à ses principes de jeu, sans renoncer comme beaucoup d’équipes italiennes. Ligne défensive très solide, attaques rapides, transition verticale. »

Et sur le long terme ? Un point sera particulièrement à surveiller cet été : la professionnalisation du football féminin en Italie. Walter Pettinati, de Calcio Donne, détaille : « C’est une première pour le sport féminin en Italie. Et la Juventus devrait pouvoir participer au mercato, ce qui était interdit avant pour les clubs de la Botte, et recruter certaines des meilleures joueuses au monde. Avec la formation et des infrastructures de grande qualité, c’est cet apport extérieur qui permettra à la Vecchia Signora de franchir un nouveau cap. »

À lire aussi :

• Radja Nainggolan, amour, punchlines et tatouages
• Le tacle glissé, un art ? Ce défenseur de Serie A valide
• Le référent supporter de l’AC Milan explique son rôle

Photo Icon Sport