Lorenzo Insigne un départ amer(icain)

Lorenzo Insigne un départ amer(icain)

13 mai 2022 0 Par Nicolas Basse

Dimanche 15 mai, Lorenzo Insigne va disputer son dernier match au stade San Paolo avec son équipe de toujours, le Napoli, dans une ambiance mitigée. À bientôt 31 ans, il quitte la Serie A pour la MLS.


Quel accueil réservera le stade San Paolo à Lorenzo Insigne pour le rencontre face au Genoa, son dernier match à Naples avant son départ pour le championnat nord-américain ?

La rancoeur des fans ne fait que monter ces derniers mois. Contre la direction, contre l’entraîneur Luciano Spalletti, mais aussi envers le joueur. Les motifs sont nombreux pour les deux premiers (résultats, politique sportive, ambitions, discours). Envers Insigne, le sentiment des tifosi oscille entre amour et amertume.


Communion ou sifflets ?


L’amour, pas besoin de l’expliquer. L’amertume ? Elle découle de cette passion fragilisée. Et a été amplifiée depuis 2021. D’abord avec la rumeur insistante d’une non-prolongation à la fin de son contrat en juin 2022 (à qui la faute ?), ensuite par l’annonce officielle de son départ via un tweet dès janvier du Toronto FC (sa future équipe) avec le journalisme Fabrizio Romano en guest star, et aussi des performances en-deçà. Insigne, parfois chahuté par les fans, a notamment été copieusement sifflé lors de son dernier match européen avec Naples, face à Barcelone.

Le stade Diego Armando Maradona devrait faire le plein pour vivre l’adieu d’Insigne. Le président Aurelio De Laurentiis est censé dévoiler une plaque en son honneur et le joueur aurait prévu de faire un discours, mais l’atmosphère reste incertaine. Vivra-t-on une communion émouvante ? Des sifflets de supporters attristés ou en colère se feront-ils entendre ? Chaque réaction aura été suscitée par un parcours unique.


Formé au club


Il y a les grands joueurs du Napoli, et il y a les légendes. On pourrait citer Maradona, évidemment. Marek Hamsik, Edinson Cavani, Dries Mertens, Giuseppe Bruscolotti ou encore Ciro Ferrara, sans aucun doute. Quid de Lorenzo Insigne ?

Enfant du pays (Il a grandi à Frattamaggiore, à 20 minutes de Naples) et formé au club à partir de ses quinze ans, Lorenzo Insigne incarne cet exploit très rare : un Napolitain réussissant à Naples.


Prêts, Zeman et explosion


Après quelques minutes en pro en 2010, Insigne enchaîne trois prêts. Il atterrit d’abord six mois en Serie C à Cavese, avant de faire une saison pleine à l’US Foggia où il est dirigé par un certain Zdenek Zeman. Avec Marco Sau, il constitue une paire offensive électrique et inscrit 19 buts en championnat.

De quoi largement séduire l’entraîneur tchèque, qui obtient à nouveau son prêt lorsqu’il rejoint Pescara en 2011-2012, à l’échelon supérieur. C’est la saison de l’explosion pour l’ailier, avec 18 buts et 14 passes décisives.


Retour à Naples


Lors de l’été 2012, Lorenzo Insigne a 21 ans. C’est le moment que choisit le club napolitain, vainqueur de la Coupe d’Italie, pour faire revenir le prodige du terroir. Walter Mazzarri a décidé de compter sur Il Magnifico, et ça se voit. Derrière le duo Cavani-Pandev, Insigne devient vite l’option numéro un pour dynamiser l’attaque en cours de match ou remplacer un absent.


Au milieu des Hamsik, Maggio, Zuniga, Paolo Cannavaro, De Sanctis, Behrami et Inler, le jeune se montre : cinq buts, sept passes décisives et une énorme implication. Le club est conquis, les fans aussi.


10 années, mais inachevé ?


Insigne ne quittera plus le Napoli. Et s’imposera dès 2013-2014 comme un titulaire indiscutable. Depuis, chaque saison (sauf en 2014-15, amoindri), le droitier dispute plus de 40 matches par exercice, plante 10 à 25 buts toutes compétitions confondues et délivre sa dizaine de passes décisives.

Le palmarès d’Insigne (2 Coupes d’Italie, une Supercoupe), ne reflète pas l’importance du joueur et de Naples sur la décennie 2010. À quatre reprises, les Azzurri auront terminé deuxièmes de Serie A, se montrant le poil à gratter numéro un de la Juve. Il Magnifico aura également permis de remettre le Napoli sur la carte européenne, avec des groupes passés en C1 et de belles épopées en Europa League.

Chez certains, cette absence de titre majeur et un niveau très bon, sans toutefois toujours atteindre les espoirs des tifosi, laissera néanmoins un goût d’inachevé quant aux dix années d’Insigne au club.


Jorginho, Higuain et Mertens


En Campanie, Insigne voit passer les talents avec qui il noue de belles ententes. Jorginho pour régaler, Callejón sur l’autre aile, Gonzalo Higuain, avec qui il combine énormément, la machine Allan, la relève Lozano, mais surtout le Belge Dries Mertens, électron libre arrivé en 2013 avec qui il s’entend les yeux fermés.

Capitaine depuis 2019 et le départ d’Hamsik, Lorenzo Insigne aura aussi gravé son nom dans le livre des records du club. Quatrième joueur avec le plus de matches disputés (431, avant dimanche), troisième meilleur buteur, devant Maradona (121 buts, avant dimanche).


Le départ du champion d’Europe 2020 aura-t-il un impact au-delà du sportif pour les partenopei ? Il en aura déjà un dans le coeur des fans, attachés au joueur et à l’homme, pas avare en démonstrations d’appartenance au peuple de Naples. Et certains, mi-rêveur mi-connaisseurs, se prendront sûrement dès cet été à espérer un retour du feu follet en fin de carrière. Pour profiter encore une fois ou deux de ses célèbres repiquer à l’intérieur puis enroulé du droit.


À lire aussi :


Photo Icon Sport