Julien Müller : « Calcio je t’aime est un livre positif »

Julien Müller : « Calcio je t’aime est un livre positif »

17 mars 2022 0 Par Nicolas Basse

Julien Müller publie « Calcio je t’aime » chez Talents éditions. Une déclaration d’amour au football italien des années 1980 et 1990. Il nous parle de son ouvrage qui se veut valorisant.


D’où vient ce projet de livre sur le football italien ?


Je voulais faire un livre positif. J’ai remarqué qu’en ce moment sur le sport, la société, il y a beaucoup de publications à connotation négative ou avec un angle très critique. Je voulais quelque chose de valorisant. Le football italien, parce qu’il y a tellement de choses à dire sur ce championnat, cette passion, les dérives aussi malheureusement. J’ai été bercé dedans, je suis né en 1981, ai commencé avec la Coupe du monde en Italie et j’ai grandi avec la domination des clubs italiens en Europe. Les couleurs, les maillots, les stades, tout était incroyable.


Tu expliques dans l’intro que tu voulais l’appeler « Serie A Mon Amour ». Sans rancune ?


Sans rancune ! J’avais tout préparé, tout était prêt, j’étais allé voir mon éditeur en disant « voilà le titre, le bouquin ». C’était en octobre, et lors de ma relecture je tombe sur Serie A Mon Amour. Je vois le site. J’ai changé, plagiat, tout ça, on ne sait jamais… Donc je suis parti sur Calcio Mon Amour, pris aussi par Alessandra Bianchi. Et finalement Calcio je t’aime. « Calcio » me permet d’agrandir et élargir au foot italien dans son ensemble, Nazionale et coupes d’Europe. Mais c’est vrai que Serie A Mon Amour c’est un très bon titre, bravo !


Le format est assez libre. Titres de chapitres fous, notes de bas de page décalées, listes à puces… Un plaisir ?


Oui, parce que j’ai voulu me faire plaisir. Ce type de notes de bas de page, je l’ai découvert dans un livre de basket américain il y a 12 ans. J’ai trouvé ça génial de pouvoir faire des apartés, apporter une touche humoristique, faire un hors-sujet. Ca aère la lecture. Et les titres, j’ai tourné autour de l’Italie, pays dont je suis fan au-delà du football. Cinéma, culture, paysages… Magnifique.


Le ton est très jeune : « WTF », « My man » et autres « # ». À qui s’adresse le livre ?


Le ton c’est ma culture internet, Twitter. J’ai 40 ans mais je suis dans ce style-là, et puis il y a des expressions qui me font rire, genre « Sah quel plaisir », parce que tu ne dis jamais ça dans la vie. Je trouve que c’est détendu, il n’y a pas de prétention. J’essaie de rappeler de beaux souvenirs à ceux qui les ont vécus, mais aussi de les faire découvrir à des gens qui n’ont pas eu cette chance. Si ce style peut donner envie à une nouvelle génération, tant mieux !


Tu mets un petit tacle aux « vieux » qui font tout le temps du name-dropping, avec un mot sur Didier Roustan


Bien sûr je place quelques tacles ! Didier Roustan je le valorise juste avant en le plaçant parmi les meilleurs commentateurs. Ce que je n’aime pas trop, ce sont les anciens qui, au lieu de donner envie aux jeunes de se plonger dans l’histoire, arrivent avec leur suffisance et leur prétention et préfèrent étaler leur culture plutôt que de la partager. Ce n’est pas très dur, je peux faire du name-dropping, toi aussi, on peut dire « Ouais Bettega, Gentile, etc », mais ça n’apporte pas grand-chose. C’est dommage. Ce tacle, je le valide.

Comme je valide celui que je mets aux anciens joueurs qui arrivent en disant « Moi j’ai joué, je sais ». À ce compte-là, on les laisse entre eux et nous on ne s’intéresse pas. Et si on les laisse entre eux, ils vont vite se retrouver sur la paille. Si tu vas dans cette logique, seul Messi peut juger CR7…


Berlusconi. Faut-il séparer l’oeuvre de l’artiste ?


Bonne question. Hum, bien sûr. Chacun ses opinions sur lui, c’est pas du tout ma came sur les points politiques. Mais dans le football Berlusconi a réalisé quelque chose d’extraordinaire. Compris tout ce qu’il fallait faire. Il a apporté dans le sérieux, les infrastructures, l’hygiène de vie, la communication. Et cela va aussi pour les joueurs. Certains sont des têtes de con, mais bon sur le terrain ils sont extraordinaires. Apprécier ce que Berlusconi a fait à Milan, ça ne veut pas dire que tu valides le reste. Mais c’est être honnête de reconnaître qu’un mec que tu n’aimes pas a fait de très bonnes choses.


France 1998, c’est un titre 100% Serie A ?


Haha, pas 100% quand même ! Barthez, Petit, Lizarazu. Mais bien connoté quand même. Les joueurs (Thuram, Desailly, Deschamps, Zidane, Djorkaeff, Karembeu passé à la Samp avant…) et aussi le style de jeu bien fermé, comme la mentalité ! Ca m’a fait rigoler qu’en 2016 en France on critique le Portugal, alors que 18 ans avant on a gagné avec un football tellement moche.

On peut aussi parler de l’Allemagne de l’Ouest en 1990. Les Allemands ont Brehme, Völler, Matthaüs et Klinsmann qui sont en Serie A à ce moment-là. Normal, c’était le meilleur championnat du monde.


Tu évoques David Trezeguet, évidemment, dans le livre


Je le mets très très haut. Son gros défaut, c’est Thierry Henry. Trezeguet, c’était le moins spectaculaire, élégant. Mais ce qu’il a fait, c’était dingue. On a trop oublié son année 2002. Je la détaille : il ne met quasiment que des buts déterminants pour le titre. Tu lui donnais un ballon, ça suffisait. But, ou grosse occasion. David Trezeguet est lié à l’Italie depuis toujours. Coupe du monde 1998, Euro 2000, Coupe du monde 2006, carrière à Turin. Bizarrement, son tir au but manqué face à Milan en finale de Ligue des champions 2002-2003 est tombé dans l’oubli. C’est dommage, ce soir-là, il aurait pu changer de statut.


J’ai des amis qui n’aiment pas le football italien. Dois-je leur offrir ce livre ?


Oula ! Bien sûr que tu leur offres. Parce que ça va casser les clichés, bien que certains soient véritables, comme le vice et les polémiques. Mais le football italien c’est surtout l’engouement, la passion, les grands joueurs, les stades mythiques, des maillots fous, la beauté esthétique du tout.

Il faut se plonger dans le football italien et se rendre compte du niveau de jeu, et la densité de l’époque, qui était folle. Parme, la Fiorentina, la Lazio, ça pouvait jouer le titre, en plus des très grandes équipes que sont l’Inter, la Juventus, l’AC Milan…


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