Rita Pavone : « Je suis une juventina déchainée »

Rita Pavone : « Je suis une juventina déchainée »

29 octobre 2017 2 Par Nicolas Basse

Star de la chanson italienne dans les années 1960 et 1970 et ayant connu un grand succès en France,  Rita Pavone nous a parlé de sa carrière et de sa passion pour la… Juventus !

Comment avez-vous commencé votre carrière ?


J’ai commencé très très jeune, à 9 ans. J’ai fini l’école obligatoire et je suis allée travailler dans un magasin de vêtements, mais j’ai toujours eu la passion du chant. Mon père m’a beaucoup aidée, m’amenant à beaucoup d’essais dans des petites radios locales piémontaises, car nous venons de Turin. Comme je voulais avoir une carrière nationale, et ne pas seulement passer dans des radios de proximité et jouer dans de petites pièces, il m’a inscrite à la deuxième édition d’un concours qui s’appelait « La Festa degli sconosciuti » (la fête des inconnus). Je l’ai gagné ! C’était en 1962.

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Pouvez-vous nous raconter la naissance de la chanson « La Partita di Pallone », votre premier tube ?


C’est une chanson qui, dans sa première version, n’avait pas reçu de succès satisfaisant. Alors ma maison de disque, la RCA, l’a donnée au compositeur Luis Bacalov, qui en a fait un arrangement grandiose. Cela a été le début d’une longue collaboration. Quelques mois après avoir gagné mon concours, j’ai sorti ce titre qui a connu un grand succès avec plus de 800 000 copies vendues.

En vrai, le texte ne correspondait pas à ma réalité parce que je suis une juventina déchaînée et mon père m’a toujours emmenée voir la Juventus jouer le dimanche. Du coup, tous les dimanches, je n’étais pas seule chez moi à me lamenter mais bien au stade à encourager mon équipe. Je ne suis pas une Ultra car j’ai un caractère calme, mais je suis une juventina d’appellation d’origine contrôlée !

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D’ailleurs, quelques temps après la sortie de cette chanson, j’ai eu la chance de rencontrer John Charles et Omar Sivori, qui étaient à l’époque deux très grandes vedettes de la Vieille Dame.  Charles ressemblait à un acteur anglais. Ca a été un très grand honneur pour moi de les connaître, comme cela a été un plaisir fou de croiser Alessandro Del Piero il y a quelques années. En général, je suis quelqu’un de calme, mais devant le football, je suis une vraie fanatique.

Qui a écrit le texte de cette chanson ?


La musique est d’Edoardo Vianello et le texte de Carlo Rossi (à ne pas confondre avec Carlo Alberto Rossi), un jeune romain ayant écrit quasiment tous les textes de Vianello et de certains de mes tubes comme « Cuore ». C’était un grand auteur parce qu’il avait la capacité d’écrire avec un rythme que nous n’avions pas encore en Italie, plus moderne, plus swing. À cette époque, la chanson italienne se voulait très romantique, avec des paroles très longues et Rossi a permis d’amener un rythme plus soutenu.

En 1962, vous aviez 17 ans. C’était une époque heureuse ?


Pour être honnête, c’est en allant à ce concours que j’ai rencontré mon futur manager et mari, alors organisateur du concours : Teddy Reno. L’année prochaine, nous fêterons nos 50 ans de mariage et c’est aussi grâce à lui que j’ai eu ma carrière et autant voyagé. En quelques mois, tout a changé. J’ai reçu de belles offres, et notamment celle de participer à un des programmes télévisés les plus mythiques en Italie : Studio Uno (émission à laquelle participa Zizie Jeanmaire, pour les connaisseurs). C’est drôle quand on y repense, parce qu’en arrivant à ce concours, j’étais très sceptique et je ne pensais pas qu’il pourrait changer quoi que ce soit à ma vie. Gagner a été une grande surprise et une joie incommensurable.

Comment se sont déroulées les années suivantes ?


En quelques mois et durant les années 1960,  je suis entrée dans le hit-parade en Amérique du sud, en Allemagne, en Espagne et en France. Je dois d’ailleurs une partie de mon succès à Eddy Barclay qui m’a permis de sortir mon premier disque en France en 1963 avec une version française de certaines chansons.

Ce succès en France a connu son apogée avec la chanson « Bonjour la France », classée à la deuxième place du hit-parade. Mon meilleur souvenir reste mon passage à l’Olympia pendant un mois, avec le soutien de Guy Lux. J’avais l’impression d’être une vedette américaine !

Et aujourd’hui ?


J’ai décidé d’arrêter les concerts à la soixantaine, mais cela m’arrive encore de chanter. Renato Zero, un célèbre artiste italien, m’a demandé de chanter pour une soirée qu’il organisait. J’ai également sorti en 2013 un disque auto-produit, « Masters ». Il s’agit de reprises de grands succès américains des années 1960 que j’aimais énormément, comme Elvis Presley ou Ray Charles. Mais c’est fini le temps des folles tournées pour moi ! Enfin je dis ça, mais j’ai récemment participé à l’émission « Ballando con le Stelle » (Danse avec les stars) où je suis arrivée troisième. Et ce n’était pas de tout repos !

@nicolas_basse