Vieri, période pichichi

Vieri, période pichichi

26 mars 2017 3 Par Nicolas Basse

Consultant de plateau exubérant pour les uns, ancien attaquant de classe mondiale pour les autres, Christian Vieri fascine toujours. Mais qui se souvient de sa folle saison à l’Atletico Madrid couronnée par le titre de pichichi ?

En septembre 1996, Christian Vieri a 23 ans et un statut d’espoir qui s’éternise. Après de bonnes saisons à Ravenne, Venezia Calcio et à l’Atalanta Bergame, l’Italo-Australien est acheté 3 millions d’euros par la Juventus de Marcello Lippi. Tout juste championne d’Europe, l’équipe de Turin possède un secteur offensif ultra compétitif avec Alen Bokšić, Alessandro Del Piero, Michele Padovano, Nicola Amoruso, Zinedine Zidane et le jeune Christian Vieri. Malgré son rôle de remplaçant, celui-ci marque deux buts dès le début de saison, l’un en Coupe d’Italie contre Fidelis Andria, l’autre lors de la première journée de Serie A contre la Reggiana.

Alors que tout le monde commence à s’enflammer sur le joueur, Vieri tombe dans une très longue période d’abstinence, à peine troublée par un but en phase de groupe de Ligue des Champions. Il faut attendre le mois de mars pour voir enfin la naissance du grand Christian Vieri. En Europe, il marque trois buts entre les quarts et les demi-finale, participant notamment à l’élimination de l’Ajax d’Amsterdam. Plus important encore : en Serie A il marque 7 buts durant les 10 dernières journées et permet à la Juventus de gagner le Scudetto, malgré la pression de Parme et de l’Inter Milan. Un succès qui aura quand même du mal à faire oublier la défaite en finale de Ligue des Champions contre le Borussia Dortmund.

Direction la Liga

Étrangement, les dirigeants de la Juventus ne s’accrochent pas à leur pépite (ils recruteront Zalayeta et Pippo Inzaghi), acceptant l’offre de 15 millions d’euros en provenance de l’Atletico Madrid et de son truculent président Jésus Gil. Dans la capitale espagnole, Vieri rejoint Toni (l’Espagnol), Juninho Paulista, Denia, Juan Vizcaíno, Caminero et Kiko. Avec à leur tête l’entraîneur yougoslave Radomir Antić, les Colchoneros disposent d’un effectif solide composé de nombreux joueurs présents depuis des années, mais pas assez brillant pour rêver de titre.

Évoluer dans cet effectif « limité » mais qualifié pour la Coupe UEFA est une aubaine pour Vieri. À 24 ans, il va enfin avoir un temps de jeu conséquent et un rôle majeur. Muet jusqu’à la 4ème journée de Liga, Vieri plante sept buts en quatre matchs de championnat durant le mois d’octobre. En parallèle, l’ex-juventino fait trembler quatre fois les ficelles en Coupe UEFA, avec notamment un triplé au match aller de la folle confrontation contre le PAOK en seizième de finale dont un but de légende depuis la ligne des six mètres. Un triplé au goût particulier, puisqu’il lui vaudra une… Ferrari offerte par son président !

À la pointe de l’attaque de l’Atletico, les semaines se suivent et se ressemblent pour Christian Vieri. Avec son air déjà vieux, un torse imposant, une pointe de vitesse limitée mais une classe folle et un sens du but aiguisé, il séduit les supporters. Un but par-ci, un triplé par-là, et il trône très vite au top du classement des buteurs de la Liga tandis que l’Atletico flirte avec le podium, se qualifie pour les quarts de la Coupe UEFA et se met à rêver.

Mars pas d’attaque

Le mois de mars sera fatal à l’Atletico de Madrid. Alors qu’une série de mauvais résultats relègue l’équipe à la 8e place de Liga, les coéquipiers de Vieri se qualifient en demi-finale de l’UEFA grâce à un but importantissime de l’Italien contre Aston Villa à l’aller, avant de se faire éliminer par la Lazio (0-1, 0-0). Grâce à 4 victoires lors des six dernières journées de championnat, l’Atletico termine à trois petits points du podium avec la meilleure attaque du championnat et se qualifie pour la Coupe UEFA 98-99. Avec 24 buts en 24 matchs de championnat, Vieri termine pichichi de Liga devant Rivaldo, Luis Enrique, Kovačević et Pauleta. Auteur de 29 buts en 31 matchs, il achève sa première grande saison (son année la plus prolifique) et ouvre la lignée des grands attaquants à l’Atletico que seront Torres, Falcao, Diego Costa, Aguëro, Forlan ou encore Griezmann.

La belle saison de « Bobo » Vieri sera récompensée par une sélection avec l’équipe d’Italie pour la Coupe du Monde 1998. Sous les ordres de Cesare Maldini, Vieri est titularisé à la pointe de l’attaque. Meilleur joueur italien de la compétition, il marque 4 fois en phase de poule avant de qualifier la Nazionale pour les quarts en inscrivant le seul but du 1/8ème de finale contre la Norvège. La suite, on la connait. Une sale élimination aux tirs-au-but contre la France pour la Squadra Azzurra et un transfert à la Lazio contre la somme de 25 millions d’euros. 1997-1998, une année complètement folle pour Vieri, que beaucoup ont déjà commencé à oublier.

@nicolas_basse