Carlo Castellani, star d’Empoli morte dans les camps nazis
Joueur majeur d’Empoli dans les années 1920, Carlo Castellani mourut en 1944 dans le camp nazi de Mauthausen.
Stadio Carlo Castellani. L’enceinte d’Empoli, construite en 1965, n’a, à première vue, rien d’incroyable. Environ 17 000 places, deux tribunes fixes, deux virages en pré-fabriqué et, évidemment, une piste d’athlétisme, comme tout stade italien qui se respecte.
L’originalité du monument toscan est surtout liée à son nom. Carlo Castellani. Un joueur majeur de l’histoire du club et une victime des camps nazis.
Grand buteur
Né en 1909 à Montelupo Fiorentino (dont le stade se nomme également Carlo Castellani), petite commune située à trois kilomètres d’Empoli, il grandit dans une famille plutôt aisée (son père possède un scierie) et intègre en 1926 l’équipe d’Empoli, créée six ans plus tôt.
Lors de sa première saison, il inscrit 16 buts et participe grandement à la promotion du club toscan en deuxième division (division nord). Castellani démontre une facilité déconcertante à faire trembler les filets. En 1928-1929, il marque à 22 reprises en 22 matches, avec notamment un quintuplé face à San Giorgio Pistoia. Technique, leader, amateur de la graisse dans les cheveux pour se gominer, il est comparé à Giuseppe Meazza.
Fidèle à Empoli
Le talent de Castellani lui vaut de rejoindre l’élite et Livourne, grand club toscan, en 1930. Il y connaitra une relégation puis un titre de Serie B en 1933. S’ensuivent une année à Viareggio avant une fin de carrière à Empoli, renommé « Empolese Dopolavoro ».
Carlo Castellani termine sa vie de footballeur avec le statut de meilleur buteur de l’histoire d’Empoli : 61 buts en 145 matches. Il faudra attendre les années 2010 et Tavano puis Maccarone pour le voir se faire dépasser.
À la retraite footballistique, le buteur continue d’aider son ancien club par de généreux dons, notamment en payant une partie des transports de l’équipe. Ses activités pendant la guerre restent méconnues, ou tout simplement banales, jusque mars 1944.
Arrestation et déportation
Au début du mois, et alors que les Alliés remontent l’Italie, le comité de libération nationale appelle à une grande grève. Le père de Carlo Castellani, David, tombe vite dans le viseur des autorités. Antifasciste doté d’un prénom qui éveille le doute sur de potentielles origines juives, il fait partie des premiers à être ciblé par une rafle en représailles à la grève.
Mais quand la police sonne à la porte de la famille dans la nuit du 7 au 8 mars – intervention que celle-ci pense être un contrôle de routine – c’est Carlo qui ouvre, David étant malade et alité. Carlo, qui ne se doute pas que c’est la dernière fois qu’il voit ses parents, sa femme et ses deux enfants, est envoyé en bus à Florence, à la gare Santa Maria Novella, et fait prisonnier.
Sur le quai numéro 6, réservé au bétail, il est chargé avec d’autres dans un wagon plombé. La destination du « prisonnier politique » ? Le camp de concentration de Mauthausen, au nord de l’Autriche.
Son supplice durera plusieurs semaines. Le 11 août 1944, accablé par le froid et la neige, la fatigue causée par des travaux inhumains à travers « l’échelle de la mort » et la dysenterie, Carlo Castellani succombe, dans le sous-camp Gusen I.
Contrairement au footballeur Bruno Neri, pleinement engagé dans la résistance, Carlo Castellani meurt à 35 ans sans avoir jamais vraiment combattu le fascisme ou les nazis.
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