Angelo Trofa : « Les maillots symbolisent l’histoire des clubs »
Angelo Trofa est un artiste anglais d’origine italienne qui s’est fait un nom sur les réseaux sociaux. Sa spécialité ? La création de maillots et de logos de clubs.
Tu es né en Angleterre mais ta famille est d’origine italienne
Mes grands-parents ont émigré en Angleterre, plus précisément à coté de Londres, dans les années 1950 avec le but de revenir en Italie, mais ils ne sont jamais repartis. Cela fait de moi un Italo-Anglais. La moitié de ma famille est venue de Sicile et l’autre de l’île d’Ischia.
Quelles ont été tes études ?
J’ai étudié le design et le graphisme d’illustration à l’université de Salford.
Tu es assez connu sur internet grâce à tes dessins de maillots de foot. Quand et pourquoi as-tu commencé ?
Pour être honnête, je suis vraiment nul au football et je joue peu. Je fais partie de ces personnes qui sont mauvaises à tous les sports et j’ai toujours voulu être manager ou dans le monde du football.
Pas sûr que « connu » soit juste, mais c’est plaisant d’avoir une grande communauté s’intéressant au design footballistique sur internet. Dessiner, c’est quelque chose que j’ai toujours fait. Quand je regarde mes carnets de croquis d’enfance, il y a beaucoup de super héros avec leurs costumes et on peut noter un tournant sur le football vers mes 10 ans. J’ai donc dessiné sur le football bien avant d’avoir un ordinateur.
Quels ont été tes projets les plus importants ?
Je dirais mes magazines, Football Strip Concepts, qui en est actuellement au Volume 5. C’est ça qui m’a permis de travailler en collaboration avec Nivelcrack et Pantofola d’Oro et surtout de réaliser des créations pour FIFA, le jeu vidéo d’EA Sports. J’ai travaillé sur les maillots du mode en ligne Ultimate Team et ceux des légendes.
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— Angelo Trofa (@angt34) January 1, 2018
Pour qui travailles-tu actuellement ?
J’ai récemment rejoint le monde cycliste. Je réalise les graphiques et les design d’une collection de la marque Rapha.
Serait-ce un rêve d’être appelé par une marque pour dessiner le maillot d’un club ?
Ça l’était quand j’étais plus jeune, mais désormais je veux juste travailler sur des projets qui me plaisent et laissent libre cours à ma créativité.
Quelle est ton équipe favorite ?
L’Inter Milan. Pourquoi ? Je ne suis pas sûr à 100%. Là où j’ai grandi, il n’y avait pas d’équipe locale et j’ai surtout suivi la Serie A dans son ensemble. En grandissant, tout le monde était pour la Juventus ou pour le Milan autour de moi… Mais j’ai toujours préféré le maillot de l’Inter, et c’est surement l’époque Pirelli qui a fait la différence.
Italie ou Angleterre ?
Italie. Toujours.
Pour toi, comment expliquer l’attachement des supporters au maillot et au logo ?
Le football est un sport qui touche les sentiments primaires et développés des fans, avec un grand pouvoir émotionnel. Les gens suivent souvent un club à vie, même si les joueurs viennent et s’en vont. Les maillots et tout ce qu’il y a de visuel dans un club génèrent un puissant caractère de personnification et ils symbolisent l’histoire du club et son identité. Ce qui rend tout changement ou adaptation des logos ou des maillots d’un club très difficile.
Puisque chaque club a des couleurs historiques, est-ce dur d’innover sur la question des maillots ?
Avec le football moderne, chaque année implique une nouvelle panoplie de trois maillots. La disposition du logo, les lignes et l’ordre des couleurs peuvent changer. Parfois cela peut se jouer sur des détails, mais il faut tout de même que les changements soient visibles. Ces facteurs et les attentes élevées des fans rendent ce travail vraiment compliqué, d’innover sans diviser.
Pense-tu que les trois maillots par équipe et par an sont une possibilité de créer plus ou, au contraire, une façon involontaire de dénaturer un peu l’âme du club ?
Cela pousse les créateurs à interpréter les couleurs et les traditions des clubs d’une nouvelle manière. Je ne dirais pas que la multiplication des maillots en diminue l’importance et l’attachement qu’il peut susciter. J’ai toujours hâte de voir les nouveaux maillots et beaucoup me plaisent. En plus, l’évolution des maillots permet d’associer des modèles précis à des événements marquants et des années particulières. C’est un bon marqueur dans le temps.
Tu sembles avoir une préférence pour les maillots des années 1990 et certains modèles Kappa, pourquoi ?
C’est intéressant parce que je préfère les maillots simples et raffinés, mais ceux-là passent assez inaperçus au yeux du grand public et sur les réseaux sociaux. Je dois effectivement admettre avoir un faible pour Kappa, qui est surement ma marque favorite. J’avais 10-11 ans quand ils ont sorti le Kappa Kombat kit, et cela m’a fait définitivement tomber amoureux des maillots de foot.
Quel est ton maillot préféré de 2018 ?
Il y en a eu pas mal de très bons cette année. L’Inter extérieur avec des manches bleues et noires est vraiment beau et celui de Puma pour la Cameroun se démarque comme toujours. Mais je pense que celui du Nigéria pour la Coupe du Monde est le plus joli, que ce soit le maillot ou les autres vêtements dérivés.
Que penses-tu du projet Diaspora de Paolo Del Vecchio ?
C’est très bien, parce que le maillot italien est un beau symbole d’union des Italiens à travers le monde. Le fait qu’il retienne l’attention est vraiment mérité. Il y a beaucoup d’enfants de deuxième ou de troisième génération d’émigrés italiens dans tous les pays qui sentent un attachement particulier pour leur pays d’origine.
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