Serie A : la dream team des Argentins

Serie A : la dream team des Argentins

16 septembre 2016 3 Par Nicolas Basse

Si la Serie A a toujours eu des liens étroits avec l’Amérique du Sud, sa relation avec l’Argentine est encore plus spéciale. C’est simple, quasiment tous les meilleures joueurs du pays ont joué en Italie. La preuve avec cette équipe type des meilleurs argentins passés par le Calcio.

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Gardien : Sergio Romero

Sûrement le plus quelconque de notre 11. En même temps, très peu de gardiens argentins de bon niveau ont porté les couleurs de clubs italiens. Quoiqu’il en soit, Romero aura réussi 4 belles saisons avec la Sampdoria de Gênes et affiche 71 sélections avec l’équipe argentine à son compteur. Une valeur sûre.

Latéral droit : Javier Zanetti

La légende. Peut-être le plus grand professionnel de l’histoire, avec Ryan Giggs. Le genre à arriver premier aux entraînements et à en repartir le dernier. À se taire, sauf s’il faut prendre la parole au bon moment. Discret, humble, classe. Les qualités qui font la différence entre les bons et les grands joueurs. En plus d’être un homme exemplaire, le joueur se sera imposé comme le capitaine emblématique de l’Inter grâce à sa polyvalence (défense, milieu, coté, axe), sa rapidité, sa science tactique, ses fulgurances offensives et sa rigueur défensive. Durant sa carrière de 22 ans, il aura porté 858 fois le maillot de l’Inter et 145 celui de l’Argentine. Deux records. À son palmarès, une Ligue des Champions, une Coupe de l’UEFA, 5 (officiellement) titres de Champion d’Italie, 4 Coupes d’Italie et rien avec l’Argentine. Respecté par tous, même ses plus grands adversaires (Totti, Del Piero), il continue désormais sa carrière à la direction de son club de toujours : l’Inter Milan. Un grand Monsieur.

Défenseur central : Walter Samuel 

Vieux, lent, maladroit, bourrin… Malgré tous les reproches subis, « le Mur » possède un palmarès à en faire rougir plus d’un : 1 Copa Libertadores, 1 Ligue des Champions, 6 Serie A remportées, 2 Coupes d’Italie… Il faut dire qu’il est tombé au bon moment dans de grandes équipes, que ce soit la Roma de Totti et Batistuta ou l’Inter dirigée par Mourinho. Imprenable dans les airs, muni de bras extensibles rendant impossible toute course sans espérer être retenu, tacleur de génie, il a tout d’un « défenseur à l’ancienne ». Relancer proprement, ce n’est pas son truc. Ça tombe bien, il y avait toujours Cambiasso ou Zanetti à ses cotés pour lui offrir une solution.

Défenseur central : Daniel Passarella

El Pistolero. Son surnom, il le doit à sa capacité à marquer des buts : 165 en 558 matchs officiels. Énorme pour un libéro. Bizaremment, le natif de Chacabuco connait le succès avec River Plate et la sélection argentine dont il est le capitaine jusqu’au début des années 1980 (2 Coupes du Monde gagnées, 1978 et 1986) mais repart bredouille de ses 6 années en Italie. Des années réparties entre la Fiorentina et l’Inter Milan. Vrai homme de vestiaire, en avance techniquement pour son poste à l’époque, il reviendra en Argentine pour terminer sa carrière et devenir entraîneur avec plus ou moins de succès.

Latéral gauche : Gabriel Heinze

Parmi ses trois nationalités, Heinze possède un passeport italien. Pourtant, il aura connu la Serie A uniquement une saison, de 2011 à 2012 avec une AS Roma pas au mieux de sa forme. Une saison pleine après être notamment passé par le PSG, Manchester United, le Real Madrid ou encore l’Olympique de Marseille. Un parcours prestigieux tout sauf évident pour le natif de Crespo (!!) dont les talents ne sautent pas aux yeux durant l’enfance. Sa carrière, il la doit à sa rigueur, son acharnement à travailler et à sa capacité à ne rien lâcher. Sur le terrain, c’est un chien impassable. Toujours une jambe, un coude, un moyen d’arrêter son adversaire. En dehors, c’est un ange que tout le monde aime. En sélection argentine, il aura connu 72 fois le bonheur de porter le maillot de son pays. Il y est aujourd’hui entraîneur.

Milieu défensif : Esteban Cambiasso

Notre chouchou. Sûrement le joueur le plus sous-coté des années 2000. Arrivé directement en Europe au Real Madrid, le natif de Buenos Aires réalise deux saisons plutôt convaincantes. Malgré tout, il part pour l’Inter Milan en 2004. Durant 10 ans, il s’impose comme l’élément central du milieu de terrain des nerazzurri. Devant la défense, il ratisse un nombre de ballons incroyable, relance avec une propreté de passe ahurissante et n’hésite jamais à se porter dans les 20 derniers mètres pour enclencher des actions décisives. C’est simple, Cambiasso est partout, mais toujours dans l’ombre. Tellement dans l’ombre que, de manière incompréhensible, il ne totalise que 52 sélections avec l’Argentine. Pas grave, ses titres de champion d’Espagne, d’Italie (5 fois), sa Ligue des Champions et ses 4 coupes d’Italie pourront le consoler.

Milieu central : Fernando Redondo

Un des plus grands gâchis des 20 dernières années. Son talent, il le fait surtout voir en Espagne. 4 ans à Tenerife et 6 autres années au Real Madrid. Chez les Merengue, il gagne deux Ligues des Champions et deux titres de champion d’Espagne. Au-delà des trophées, c’est sa prestance et son charisme sur le terrain qui séduisent. Toujours dans la facilité, semblant ne jamais produire d’effort. Un peu comme un Roger Federer transposé au football. Technique, précis, sentant le jeu comme très peu, ce qui l’intéresse, c’est la passe. La bonne action. Pas marquer. La preuve, il n’aura mis que 14 buts durant toute sa carrière. S’il est dans notre sélection, c’est parce que durant 4 saisons il aura fait partie de l’effectif de l’AC Milan. Malheureusement, à cause de genoux accumulant les problèmes, il ne foulera les pelouses italiennes qu’à 14 reprises. Un déchirement. Un regret éternel. Quoi de pire qu’une fin à la Abou Diaby ?

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Milieu central : Diego Simeone

Et dire que certains, les plus jeunes, ne le connaissent que comme entraîneur… Entre Pise, l’InterMilan et la Lazio, il aura porté plus de 280 fois les couleurs de clubs italiens. Comment le décrire ? Un chien doté d’une technique très convenable et d’un jeu de tête incroyable. Arrivé à Pise en 1990 et parti en 1992 pour Séville, il ne retrouve la Serie A qu’en 1997 à l’Inter Milan, en compagnie notamment de Zanetti et de Ronaldo où il remporte la Coupe de l’UEFA contre la Lazio… Club qu’il rejoint en 1999 pour 4 saisons. Là, il retrouve des compagnons argentins aussi talentueux que Veron, Crespo ou Sensini. Avec eux, il réalise le triplé en 2000 : Coupe d’Italie, Supercoupe d’Italie et Championnat d’Italie. Le dernier grand moment du club. Un scudetto arraché lors de la dernière journée et que les cardiaques se rappellent encore, puisque la Juventus alors leader de deux points avait concédé le titre dans les dernières minutes et s’inclinant à Pérouse. Adulé par certains pour sa hargne et sa ferveur, détesté par d’autres, il aura marqué le championnat italien qui espère, secrètement, le voir revenir comme entraîneur dans un de ses clubs passés.

Hermann-AFP-Getty Images

Milieu offensif : Diego Armando Maradona

Faut-il encore le présenter ? Vraiment ? Croisez un fan du Napoli, et il vous en parlera. D’abord il vous passionnera, vous donnera envie de regarder des vidéos de « Dieu », vous convaincra quasiment d’en acheter un poster et de le coller au-dessus de votre lit, puis finira surement par vous écœurer, à force. Comment lui en vouloir ? Maradona, c’est sa vie. C’est le joueur qui lui a fait aimer le foot, lui a donné envie d’y jouer, et a scellé pour toujours son amour du Napoli. La preuve de cet engouement ? Lors de sa présentation au stade San Paolo, 70 000 personnes étaient là pour l’accueillir ou encore des autels en son honneur un peu partout dans les rues et les bars de la ville. À chacune de ses virées en Italie, il est littéralement noyé dans un bain de foule et de passion. El Pibe de Oro y est resté 7 ans, à Naples, de 1984 à 1991, et y a probablement connu ses meilleures années, porté par cet amour incroyable dont ont tellement besoin les sud-américains. 115 buts en 259 matchs, des actions de folie, des frasques extra-sportives incroyables, deux titres de champion d’Italie, une Coupe d’Italie, une Supercoupe d’Italie et une Coupe UEFA finiront de sceller cette union entre une légende et un peuple, pour l’éternité.

Attaquant : Hernan Crespo

En 19 années de carrière, il n’aura joué que 5 ans hors d’Italie. Sûrement parce que nulle part ailleurs on aurait autant aimé et utilisé ses qualités de renard des surfaces. D’ailleurs, la légende dit que personne ne l’a jamais vu mettre un but en dehors de la surface de réparation. En même temps, à quoi bon ? En tombant, en lobant, de la tête, de volée et en retourné (beaucoup), Crespo aura marqué 204 buts en 451 matchs avec des clubs italiens. À Parme, à la Lazio, à l’Inter, au Milan, au Genoa et à nouveau à Parme, il aura séduit par son obsession du but, sa classe, sa modestie et sa discrétion. Être respecté de tous, en Italie, c’est extrêmement rare. Lui y est arrivé.

Attaquant : Gabriel Batistuta

Le meilleur pour la fin. Ou au moins le plus beau à voir jouer. Batigol ! Et dire qu’il aurait pu tomber dans le curling ! 242 buts en 428 matchs pour des clubs italiens. 54 buts en 78 sélections avec l’équipe d’Argentine. Une machine. Ses plus belles années, il les passe à la Fiorentina, de 1991 à 2000, où il arrive avec la lourde tâche de faire oublier Roberto Baggio parti chez l’ennemi juré, la Juventus de Turin. Avec Laudrup, Effenberg, puis Rui Costa, ou encore Chiesa, ses débuts sont plutôt bons mais ne sauvent pas le club d’une descente en Serie B. Heureusement, en une saison le club remonte en première division et Batistuta flambe plus que jamais. Il marque. Fait le spectacle, est adulé des supporters. Le Calcio aura rarement vu un attaquant aussi complet : ultra efficace dans la surface, capable de gestes acrobatiques mais également doté d’une frappe monstrueuse et très habile pour rentrer des coups-francs directs. Un temps déclaré intransférable, il part pour la Roma en 2000, à la recherche de titres et avec le trophée de joueur du siècle de la Fiorentina en poche. Cela tombe bien, puisque dès l’année suivante il remporte le titre de champion d’Italie, avec Capello aux commandes et un Francesco Totti encore tout jeune. Quelle belle époque…

@nicolas_basse