L’équipe type des Brésiliens de Serie A

29 janvier 2016 3 Par Nicolas Basse

L’Amérique du Sud et l’Italie, c’est une des grandes histoires d’amour du football. Tellement de joueurs de ce continent ont fait les beaux jours des clubs de Serie A. Et parmi eux, beaucoup de Brésiliens. C’est simple, les meilleurs (à part Pelé) sont passés par le Calcio. La preuve avec cette équipe résolument tournée vers l’offensive et, forcément, le spectacle.

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Júlio Cesar (Gardien de but)

Un gardien Brésilien qui arrive en Italie à 25 ans avec moins de dix sélections nationales au compteur, ça respire souvent l’arnaque. Pourtant, les dirigeants de l’Inter Milan ont bien fait d’écouter leur attaquant star Adriano leur vanter les mérites de son ancien coéquipier de Flamengo. S’il arrive avec le statut de second gardien, il dépasse très vite un Toldo vieillissant (34 ans) et s’empare du poste de titulaire. En sept ans chez les Nerazzurri Júlio Cesar dispute 300 matchs et remporte 3 (ou 5 selon le point de vue) Scudetti, 3 Coupes d’Italie et surtout la Ligue des Champions 2010. Une consécration permise par José Mourinho, puisque le Special One avait repris en 2008 le travail de son prédécesseur Roberto Mancini (redevenu entraîneur de l’Inter depuis). Sous-estimé hors de l’Italie (comme Handanovic aujourd’hui), Júlio Cesar restera un des meilleurs gardiens de la dernière décennie et surement le meilleur Brésilien de l’histoire à son poste. Demandez à Messi qu’il avait éliminé en demi-finale de la LDC 2010. Il parait qu’il en fait encore des cauchemars.


Thiago Silva (Défenseur central)

Que ceux qui considèrent Piqué, Sergio Ramos ou Kompany comme le meilleur défenseur du monde passent leur chemin et retournent à leur égarement footballistique. Depuis 2009, le champion, c’est lui (avec Bonucci pas loin derrière). Imbattable dans les airs, impassable en un contre un, relançant des caviars à la pelle, ultra-technique et dégageant une sérénité rare. Pourtant, O Monstro aura connu des débuts très compliqués en Europe avec une année horrible en Russie en 2005 et une arrivée à l’AC Milan fin 2008 dans le but de remplacer Paolo Maldini, dont la retraite est programmée six mois plus tard. Sans pression, il regarde jouer le maître et attend. En 2009, il prend une place de titulaire à coté de Nesta et apprend, comme il le confiera plus tard : « J’ai joué avec Nesta, donc tout était plus facile. C’était une idole, je suis particulièrement fan de lui. J’ai franchi des caps grâce à ce joueur ». Au bout de trois saisons, il rejoint son ancien coach Carlo Ancelotti au PSG avec le statut de meilleur défenseur du monde et contre la belle somme de 50 millions d’euros.

Aldaïr (Défenseur central)

Juan n’est pas le premier très bon défenseur central Brésilien à avoir porté les couleurs de l’AS Roma. Avant lui, l’Olimpico a eu la chance de voir jouer pendant 13 ans « Aldair » Santos do Nascimento. Pas particulièrement grand, pas très costaud, il harcèle ses adversaires et les presse dès qu’ils récupèrent le ballon. Son travail de sape est impressionnant. Avec le Brésil, il remporte la Coupe du Monde 1994 et deux Copa America. Le Brésilien fait partie de la grande équipe Romaine qui réalise le doublé Scudetto/Coupe d’Italie en 2001. Alors oui, Aldaïr est titulaire lors de la finale de Coupe du Monde 1998 contre la France et pas forcément innocent sur les buts de la France, mais qu’importe. Il aura tellement marqué Rome que le club décidera à son départ en 2003 de retirer son numéro de maillot (le 6) de la circulation jusqu’à l’arrivée de Strootman, dix ans plus tard. Grâce au genou de ce dernier, le numéro d’Aldaïr n’a quasiment pas été porté.

Lúcio (Défenseur central)

Un découpeur ayant l’habitude de ceinturer ses adversaires dans la surface et la passion des montées rageuses. Comment ne pas l’aimer ? Quand il arrive d’Allemagne (Bayern Leverkusen puis Bayern Munich) à l’Inter Milan en 2009, Lúcio est déjà un vieux briscard. Justement cela tombe bien, c’est le profil de joueur préféré de Mourinho. Avec son collègue poète Samuel, le casqué Chivu à gauche et la légende Zanetti à droite, ils forment une ligne défensive de haute volée permettant au club de réaliser le quintuplé Scudetto/LDC/Coupe d’Italie/Supercoupe d’Italie/Coupe du monde des clubs. Avec le Brésil, il compte 105 sélections et contribue largement à la victoire de son pays à la Coupe du Monde 2002.

Dunga (Milieu défensif)

Pas forcément le Brésilien le plus aimé et encore moins le plus spectaculaire. Ce bon vieux milieu défensif est pourtant le capitaine du Brésil lorsque sa nation remporte la Coupe du Monde en 1994. De 1987 à 1993 il joue en Italie, à Pise, à Pescara mais surtout à la Fiorentina. Le sommet de ses quatre saisons en Toscane est la finale de Coupe de l’UEFA (alors disputée en match aller-retour), perdue contre l’ennemi juré : la Juventus. Très rugueux, ne connaissant pas le sens du mot « technique », il fait la loi au milieu de terrain et laisse un de ses coéquipiers mettre le feu à l’attaque Florentine, un certain Roberto Baggio.

Cafu (Latéral droit)

On a dit de Facchetti qu’il avait révolutionné son poste. On a dit la même chose de Cafu. Latéral droit ultra-moderne, le natif de Sao Paulo arrive en Italie à 27 ans. À la Roma, il couvre son couloir comme personne avant lui. Le premier à remonter le ballon et envoyer des centres, et le premier à revenir défendre. Quand Clichy ou Sagna s’arrêtent à la moitié du terrain pour prendre une glace, lui court dans tous les sens et ne laisse pas partir dans son dos. Avec Batistuta, Totti, Montella ou encore Aldaïr, il remporte le doublé Coupe/Championnat en 2001 sous les ordres de Fabio Capello. Après six années dans la capitale, il part à l’AC Milan retrouver un autre grand entraîneur Italien, Carlo Ancelotti. De 2003 à 2008, il forme avec Nesta, Maldini et Khaladze un quatuor de choix et remporte de nombreux titres dont une Ligue des Champions en 2007. Avec le Brésil, il reste le joueur le plus capé avec 142 sélections

Falcão (Milieu offensif)

À part à Rome et, dans une moindre mesure, en Italie, Falcão est tombé dans l’oubli. Pire, lorsque l’on prononce son nom, les profanes pensent au piètre attaquant colombien croupissant dans les infirmeries des plus grands clubs d’Europe. Quelle insulte pour celui qu’on surnommait « le Roi de Rome » ou « le Divin » et qui illumina la capitale Italienne de 1980 à 1985. Avec Bruno Conti et Carlo Ancelotti, il contribue largement à garnir l’armoire à trophées de la Roma en remportant un Scudetto en 1983 et deux Coupes d’Italie (1981, 1984). Au milieu de terrain, Falcão impose sa technique, sa vision du jeu hors-norme et son génie tactique, se posant comme un des premiers métronomes de l’histoire du football moderne. Avec Socrates et Zico, il fait partie d’un des plus beaux milieux de terrain de l’histoire des nations : celui du Brésil à la Coupe du Monde 1982 (ce qui ne les empêcha pas de se faire sortir par l’Italie). Seul regret ? La finale de Ligue des Champions 1984 perdue contre Liverpool. Une victoire l’aurait installé à jamais dans l’histoire

Kaká (Milieu offensif)

Le joueur frisson par excellence. À chaque toucher de balle, passe, frappe, émanait une classe incomparable. Star de Sao Paulo, il rejoint l’AC Milan en 2003. Ses 6 années au club resteront gravées dans le coeur des supporters comme une des plus belles périodes des Rossoneri. Avec une défense de fer et Seedorf, Gattuso et Pirlo à ses cotés, il ne se soucie que de délivrer des passes subtiles à Shevchenko ou Inzaghi et de décocher des frappes magiques pour un total de 119 buts et 66 passes décisives en 331 matchs sous le maillot Milanais. Avant de partir au Real Madrid, il aura le temps de gagner une Ligue des Champions, un Scudetto et un Ballon d’Or. Parfois, quand on y repense et qu’on revoit son sourire innocent, on verse une larme de nostalgie

Adriano (Attaquant)

L’homme de tous les excès. Drogues, alcool, filles, relations douteuses et buts. Buts. BUTS. Joueur de Futsal recruté par Flamengo, le gamin de Rio connait le succès en Italie. Prêté par l’Inter une saison à la Fiorentina puis deux à Parme où il marque 26 buts en 44 matchs, Adriano officie sous le maillot Nerazzurri de 2005 à 2008 et laisse parler sa vitesse, son gabarit et ses frappes du gauche toutes en puissance. Avec les Vieri, Stankovic, Zanetti, Ibrahimovic, Recoba, Figo, Vieira, Maicon et autres Cambiasso, il règne sur la Botte (3 Championnats et 2 Coupes d’Italie), profitant en partie de l’absence de la Juventus (reléguée administrativement en 2006). Surnommé l’Imperatore, le Brésilien connait de grandes séries de réussite mais aussi des passages à vide et des sautes d’humeur importantes. À force, il se met une partie du public à dos et s’entend de moins en moins bien avec les Argentins (en nombre) du club. Haï par les uns, adulé par les autres, hors de forme et mentalement fatigué, Adriano retourne au Brésil en 2008 avec 74 buts au compteur en 177 matchs.

Careca (Attaquant)

En France, Careca est surtout connu pour avoir conclu d’une lourde frappe une des plus belles actions collectives de l’histoire, lors du 1/4 de finale France-Brésil de la Coupe du Monde 1986 (remporté par les Bleus aux tirs au but). Comme Zico, Socrates ou Falcao, il fait partie des Brésiliens maudits : ceux qui ne remporteront aucune Coupe du Monde. Un an après le Mondial Mexicain raté, il rejoint l’Europe et Naples. Surtout, il arrive dans le même club que Maradona au sommet de sa forme. Avec l’Argentin et Giordano puis Zola, ils forment des attaques de feu, allant à une vitesse incroyable et marquant à tout va. Dans le cœur des supporters, il occupe la deuxième place, derrière l’incontournable Maradona. D’ailleurs, ceux-ci lui ont composé un chant qui pourrait se traduire ainsi « Vas y Careca, balance ton missile » ! Il leur rendra bien, avec 73 buts en 164 matchs, le gain du premier trophée Européen du club avec la Coupe UEFA en 1989 (deux buts en finale) et le doublé Championnat/Supercoupe d’Italie en 1990.

Ronaldo (Attaquant)

Peut-être le meilleur attaquant de l’histoire, égal de Pelé et de Maradona. 366 buts en 531 matchs en clubs, 62 en 98 rencontres sous le maillot Brésilien, 2 Coupes du Monde et 2 Ballons d’Or. À Cruzeiro, Eindhoven, Barcelone, l’Inter Milan, au Real Madrid, au Milan AC ou aux Corinthians, il ne connait jamais l’échec. Ses atours ? Une pointe de vitesse folle, un gabarit imposant, une technique jamais vue et un sens du but unique. Si ses terribles blessures aux genoux mettent plus d’une fois un coup d’arrêt au fenomeno et font pleurer tous les passionnés, il revient toujours au top niveau, notamment pendant son passage à l’Inter Milan où il joue à peine 50 matchs en quatre ans après le Mondial 1998. Dommage pour les Nerazzurri, car lors de sa première saison au club, Ronaldo avait marqué 34 fois en 45 matchs… En 2002, il part au Real pour 42 millions d’euros. Son passage à l’AC Milan quelques années plus tard sera plus discret et marqué par une grave blessure au genou. Bizarrement, malgré une carrière dans les plus grands clubs, son palmarès est assez maigre, puisqu’il ne remporte « que » une Coupe de l’UEFA et 2 fois la Liga (et des Coupes annexes).

Les mettre de coté a été une petite mort :

Ronaldinho (AC Milan), Rivaldo (AC Milan), Socrates (Fiorentina), Maicon (Inter Milan et AS Roma), Taffarel (Parme puis Reggiana), Julinho (Fiorentina), Juan (AS Roma), Emerson (AS Roma, Juventus, AC Milan), Pato (AC Milan), Leonardo (AC Milan), Zico (Udinese).