Coupes d’Europe 2022-23 : où en sont les clubs italiens ? (et est-ce qu’on y croit ?)
Les sept clubs italiens engagés en début de saison sont qualifiés pour la suite de l’aventure dans les trois coupes d’Europe 2022-23. Qui de Naples, la Juve, le Milan, l’Inter, la Roma, la Lazio ou la Fiorentina peut aller loin ? On fait le point, compétition par compétition, avec l’avis de spécialistes pour détailler les adversaires.
Ligue des champions (3 clubs engagés)
SSC Napoli
L’adversaire en 1/8 de finale
Eintracht Francfort. 5e en Bundesliga. Aller le 21/02 au Deutsche Bank Park, retour le 15/03 au Stadio Maradona.
L’avis de Sophie Serbini, fondatrice de Radio BuLi
La saison de Naples fait peur en Allemagne, mais paradoxalement l’Eintracht Francfort est meilleur face à une très bonne opposition. La preuve avec son grand match nul 1-1 contre le Bayern Munich fin janvier ou son parcours jusqu’au titre en Europa Ligue en 2021-22, avec notamment l’élimination du FC Barcelone. L’Eintracht peut battre n’importe qui.
Ses principaux points forts sont une fanbase incroyable, qui met une ambiance dingue à domicile et peut se déplacer à 20 000 spectateurs à l’extérieur, un quatuor offensif (Kolo Muani, Gotze, Lindstrøm, Kamada) qui court beaucoup, très technique et dangereux, même sans avoir le ballon souvent, et une équipe dans une très bonne dynamique qui sait jouer pour ses éléments en forme, et donc Kolo Muani en ce moment.
Cette équipe, construite petit à petit par un club qui fait un super boulot, a néanmoins un effectif à la profondeur un peu limitée, capable de produire un non match total en cas de rupture physique. Je les vois poser des problèmes à Naples, même si l’Eintracht n’a pas l’habitude de se confronter à de si bonnes défenses. »
Ce qu’on en pense ?
On a peur de s’enflammer mais ce Napoli, qui a plié Liverpool (4-1 à la maison) et l’Ajax (6-1 en Hollande) en phase de groupes, et qui met plus de 10 points d’avance à tout le monde en Serie A, semble totalement lancé et difficilement arrêtable. L’Eintracht est typiquement le genre d’équipe à battre pour prouver sa place parmi les meilleures équipes européennes du moment. On y croit, malgré la machine Kolo Muani.
AC Milan
L’adversaire en 1/8 de finale
Tottenham Hotspur FC, 5e de Premier League.
Les matches
Aller le 14/02 à San Siro, retour le 08/03 au Tottenham Hotspur Stadium.
Ce qu’on en pense ?
Défaite en Supercoupe d’Italie 3-0 contre l’Inter mi-janvier, un deuxième derby perdu début février, 7 matches de suite sans victoire (MAJ : avant celle contre le Torino 1-0 le 10 février), Maignan, Tomori, Bennacer blessés, des polémiques liées à Rafael Leão… Les champions d’Italie 2021-22 traversent leur pire période depuis plus d’un an. Et pourtant, l’orgueil du Milan, un Giroud inspiré face aux Anglais et l’envie de ne faire aucun cadeau à Antonio Conte font penser que, à l’arrachée, l’espoir est permis. Avant de se faire rouler dessus en cas de quart, évidemment.
Inter Milan
L’adversaire en 1/8 de finale
FC Porto, 2e de Liga Portugal. Match aller le 22/02 à Giuseppe Meazza, retour le 14/03 au Dragão.
L’avis d’As Quinas
« Porto est en grande forme au niveau des résultats, avec une Coupe de la Ligue remportée récemment face au Sporting, des prestations solides. Toutefois, ces résultats ne veulent pas dire que la qualité est présente : les copies qu’ils rendent sont très souvent insipides, avec peu d’inspiration dans le jeu, et il faut se mettre de l’eau sur la nuque pour regarder une prestation portiste malgré leur solidité défensive composé de la charnière Pepe-Marcano qui est robuste et bien sur l’excellent Diogo Costa aux cages.
La rigidité tactique imposé par Sergio Conceição fait du FC Porto une équipe efficace, clinique. Mais, le manque de créativité peut leur jouer des tours et si les joueurs sont dans un mauvais jour et que l’efficacité n’est pas là, des équipes rentre-dedans peuvent les bouger par leur imprévisibilité et leur créativité (Bruges l’avait fait en s’imposant 4-0, l’Inter peut le faire aussi).
Néanmoins, La Champions transforme toujours le FC Porto avec une équipe qui s’arrache encore plus, plus libéré et surtout à domicile, transporté par son public incroyable. Donc avec tout le respect pour l’Inter, je pense que la solidité de Porto devrait prendre le dessus. »
Ce qu’on en pense ?
Trajectoire opposée aux cousins milanais pour l’Inter, qui a remporté la Supercoupe et réussi à battre Naples début janvier. L’équipe d’Inzaghi a les armes pour venir à bout d’un Porto dont il faudra se méfier, car bien plus habitué à l’Europe que la plupart des clubs italiens ces dernières saisons. Direction les quarts pour le dernier représentant de Serie A vainqueur de la compétition, et à voir ensuite.
Europa League (2 clubs engagés)
Juventus FC
L’adversaire en match de barrages pour les 1/8 de finale
FC Nantes, 13e de Ligue 1. Aller le 16/02 à l’Allianz Stadium, retour le 23/02 à la Beaujoire.
L’avis de Logan Lohé de La Maison Jaune
« Depuis début 2023, le FC Nantes se distingue par sa solidité défensive, ce qui lui a permis récemment de glaner de précieux points dans la course au maintien et d’avoir une petite avance sur ses concurrents. Sur 7 matches de Ligue 1 depuis le retour de la Coupe du monde, Nantes a pris le dessus sur trois mal classés. Nous avons partagé les points avec Troyes, Lyon et Clermont sur les scores de 0-0. Seul Marseille a pris le dessus. Entre ces matches, le club s’est qualifié difficilement en Coupe de France contre deux clubs amateurs et Angers, dernier du championnat.
Malgré cela, Nantes est la seule équipe en France qui est encore engagée dans les 3 compétitions possibles , ce qui paraît improbable tant elle n’était pas taillée qualitativement et quantitativement pour jongler entre les différents tableaux. Le mercato hivernal a permis de se renforcer dans cette course effrénée de rencontres.
Nantes est une équipe très solide, malgré l’absence de Nicolas Pallois, central expérimenté qui est blessé depuis plusieurs semaines. C’est une équipe qui évolue principalement en contres depuis une dizaine d’année, alors que le club nantais a historiquement bâti sa renommée sur le beau jeu. Le problème majeur cette saison est principalement dans l’utilisation du ballon, dû à un réel manque de justesse technique pour être efficace dans nos phases offensives. Ce déficit technique donne lieu à des matchs insipides dans la construction du jeu, même contre des équipes modestes. L’attaque nantaise est orpheline de Randal Kolo Muani. Sa spontanéité nous manque beaucoup, d’autant plus que nos ailiers n’arrivent pas à varier leur jeu, notamment Moses Simon et Blas qui n’a plus le même rendement.
Nantes n’a pas brillé contre les cadors du championnat cette saison. Cependant, ce match contre la Juventus est dans toutes les têtes depuis plusieurs mois, et nul doute que les joueurs seront sur-motivés à l’idée d’affronter un gros club européen. Le FC Nantes sait qu’il ne part pas favori, et Antoine Kombouaré mettra un point d’honneur à ne pas prendre de but à l’extérieur au match aller. Si le club parvient à ne pas prendre une valise, ils vont tout donner au stade de la Beaujoire dans une ambiance de feu. Galvanisés par un public qui les pousse, les joueurs sont capables d’avoir des fulgurances dans un match à enjeu. N’oublions pas que la confrontation européenne la plus importante de l’histoire de FCN s’est déroulée contre la Juventus en 1996, à l’occasion d’une demie finale de Ligue des champions, et s’est soldée par l’élimination des nantais malgré une victoire au match retour. »
Ce qu’on en pense ?
Un club sanctionné, moqué, en danger, vieilli. Mais qui, pour son honneur, et avec tout le respect dû aux Canaris, ne peut pas sortir comme ça. Pas maintenant. Surtout quand l’Europa Ligue est peut-être la seule lumière restant aux bianconeri pour finir 2022-23 avec un minimum de bonheur. Ca se qualifie et ça va loin, le torse bombé.
AS Roma
L’adversaire en match de barrages pour les 1/8 de finale
RB Salzbourg, 1er de Bundesliga autrichienne.
Les matches
Aller le 16/02 à la Red Bull Arena, retour le 23/02 à l’Olimpico.
Ce qu’on en pense ?
Milan a battu les Autrichiens 4-0 et concédé le nul 1-1 à Salzbourg en phase de groupes de la Ligue des champions. La Roma, certes sur courant alternatif depuis des semaines (et capable de se faire éliminer 2-1 par Cremonese en Coupe d’Italie), est mieux armée que son adversaire et a un titre de champion d’Europa Conférence Ligue à faire valoir. Ça file en 8e et ça prie toutes les divinités pour ne pas tirer du trop gros.
Europa Conférence Ligue (2 clubs engagés)
ACF Fiorentina
L’adversaire en match de barrages pour les 1/8 de finale
SC Braga, 3e de Liga Portugal. Match aller le 16/02 à l’Estádio Axa, retour le 23/02 à l’Artemio Franchi.
L’avis d’As Quinas
« Malgré une lourde défaite face au Sporting CP dernièrement, l’équipe réussit à enchainer les bons résultats avec un contenu interessant dans le jeu. Les recrues hivernales (Pizzi et Bruma) dans le secteur offensif commencent déjà à faire des dégâts et leur jeu est bien huilé avec un 4-4-2 maitrisé à la perfection par Artur Jorge, l’entraineur arrivé seulement cet été (qui entrainait les U23). Cette saison, on sent qu’il y a quelque chose de fort qui se produit, une véritable harmonie entre des joueurs créatifs et un coach avec un discours ambitieux.
La créativité de leur milieu composé du 6 Al-Musrati, qui est un véritable diamant capable de percuter, récupérer le ballon et de tout aussi bien réaliser des passes qui coupent les lignes défensives, collé à André Horta qui est en grande confiance et hargneux, dangereux et n’hésite pas à gagner du terrain. Les attaquants tels que Simon Banza, Abel Ruiz et Ricardo Horta seront également à surveiller. La défense a tendance à monter mettre la pression, et les latéraux sont également très agressifs. Braga peut causer de gros dégâts à la Fiorentina.
En revanche, point faible : leur mental leur a joué des tours en Europa League avec de nombreux buts concédés en fin de match, qui leur ont coûté l’élimination. Quand l’équipe entre mal dans son match, c’est flagrant et ça se sent.
Ce qu’on en pense ?
C’est le 3e du championnat du Portugal, en face. Sortir ne serait pas une honte. Et penser comme ça, c’est mauvais signe. Pourtant, la Viola, dans le bas du ventre mou en Serie A, pourrait voir dans cette C4 un objectif pour finir la saison avec le sourire. Le club jouera-t-il le jeu de la Coupe d’Europe ? Laissons-nous surprendre.
SS Lazio
L’adversaire en match de barrages pour les 1/8 de finale
CFR Cluj, 2e de Superliga roumaine. Match aller le 16/02 au Stadio Olimpico, retour le 23/02 au Rădulescu.
L’avis d’Alexandre Lazar, journaliste pour So Foot et fondateur de @FootRoumain
« Malgré la dernière défaite dans le choc contre FCSB et le contenu affiché, on peut considérer que CFR Cluj est plutôt en forme. Après un début de saison ronronnant et une campagne de qualif’ vite gâchée par l’élimination choquante au 1er tour pour la Ligue des champions, le club a appliqué sa recette habituelle pour revenir au premier plan : à la fois dans la course au titre (CFR est quintuple tenant du titre) et aussi en sortant de sa poule de Conference League. CFR est actuellement second de Superliga, un point derrière le leader Farul.
Ses points forts : l’équipe est pragmatique depuis des années, se base sur des certitudes. Un gardien exceptionnel, Simone Scuffet (qui pourrait attirer à nouveau les clubs italiens lors de cette double manche), une défense Manea-Burca-Yuri-Camora immuable et à son meilleur niveau en Coupe d’Europe. Un bloc équipe extrêmement discipliné et efficace, qui exploite souvent les phases arrêtées (corner, coup franc dans la boîte) pour faire la différence, et sait faire le dos rond. La nouvelle recrue Ermal Krasniqi, un joueur électrique et « sadique » techniquement, la qualité de passe de Ciprian Deac, le volume de Nana Boateng devant la défense, il y a de quoi faire. CFR a l’expérience de ces gros matchs, ayant déjà battu la Lazio (2-1 en phase de groupe d’Europa Ligue) en 2019 par exemple. CFR peut et doit gêner la Lazio. D’autant plus avec un match retour en Roumanie. Je pense que ça se jouera à peu de choses pour la qualification si CFR se met vraiment en mode Europe.
Points faibles : forcément quand une équipe est d’abord basée sur une assise défensive, il y a un manque criant de créativité et de vitesse devant, ce qui rend souvent CFR prévisible. Hormis Krasniqi, Petrila et Manea, peu de joueurs sont en mesure d’apporter ou de créer du déséquilibre, inventer une action. Face à la Lazio, CFR ne serait donc pas en mesure de retourner un score à mon avis. Il y a aussi une fin de cycle : Camora et Deac sont des tauliers, mais ils ne sont plus à leur première jeunesse. Physiquement, ça se ressent. Deac est d’ailleurs un peu blessé en ce moment, et un milieu Muhar-Cvek pour entourer Boateng serait vraiment « destructeur » et inutile offensivement. »
Ce qu’on en pense ?
Un Cluj solide, une Lazio capable de complètement balancer une compétition européenne… Ça sent l’élimination par la petite porte.
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