Ranieri viré par Leicester ou l’absurdité du football moderne
Le 23 février 2017, le club de Leicester a décidé de virer son entraîneur Claudio Ranieri. Une décision inadmissible, huit mois après le titre fou obtenu par l’Italien.
L’information a commencé à circuler sur Twitter et personne n’osait y croire, y voyant une rumeur propagée par un site anglais peu fiable. Et puis la confirmation est tombée : Leicester se sépare de Ranieri. En cause ? Une 17ème place en Premier League, à seulement un point de la relégation.
Une raison qui pourrait sembler normale pour un champion en titre. Sauf lorsque ce titre est le seul de l’histoire du club et que le mérite en revient entièrement à l’entraîneur. Très vite, de nombreuses réactions ont émaillé la toile, entre la légende Gary Lineker, Jamie Carragher ou Luciano Spalletti, regrettant en cœur une décision inadmissible et ingrate.
Décision absurde
Cette décision, justement, incarne le football du XXIème siècle, où seuls le résultat et l’immédiat comptent et où la mémoire, la reconnaissance et la patience n’existent plus, voire sont moquées. Surtout, la décision relève d’un manque cruel de lucidité. Si Leicester avait créé la surprise l’année dernière en remportant le titre, l’exploit n’était pas renouvelable avec des adversaires prévenus et la perte de son joueur clé, N’Golo Kanté. La logique du toujours plus toujours plus vite ne marche pas dans le football. Ça va, ça vient.
Autre conséquence du titre non prise en compte par la direction, la qualification en Ligue des Champions, compétition remplissant le calendrier et puisant dans les réserves physiques (de joueurs pas habitués à l’Europe) sur lesquelles s’appuyait Ranieri l’année dernière. Rappelons, au passage, que Leicester avait réussi à se qualifier pour les 1/8 de finale et venait de ramener un bon 1-2 de Séville avant le match retour. Des points non pris en compte par les dirigeants, qui ont donc choisi de se séparer du meilleur entraîneur de leur histoire.
Un titre exceptionnel
Pourtant, tout avait bien commencé. Après deux années magnifiques à l’AS Monaco terminées sur un départ du club à cause d’un désaccord avec la direction, Claudio Ranieri rejoignait le modeste club de Leicester City, au centre de l’Angleterre. Pour beaucoup, il s’agissait d’une pige quelconque, qui se solderait au mieux par une fin de saison dans le ventre mou de la Premier League.
Dès son arrivée, l’entraîneur séduisait son effectif et les médias, avec un humour fin, de la sincérité et une gentillesse désarmante. Si gentil n’est pas un métier, être un grand coach en est un. Avec un effectif limité en quantité et en qualité, Ranieri s’appuyait sur un schéma simple défense groupée/contres efficaces pour renverser tous les gros, faire éclore les talents Kanté, Mahrez et Vardy, ne concéder que 3 défaites durant la saison et ravir le titre que gardaient jalousement Manchester City, Manchester United, Arsenal et Chelsea depuis 1996, soit 20 ans. Leicester ne méritait pas Ranieri. Et si l’Italien s’en remettra, pas sûr que Leicester reste en Premier League et passe le tour suivant de LDC. Et à vrai dire, cela ne nous importe plus vraiment.
Personnellement, j’ai été profondément choqué par le limogeage de Ranieri. Le fait que l’équipe se soit mise à enchaîner les bons résultats après son départ m’a énervé, car cela m’a donné l’impression que les joueurs ont délibérément provoqué son renvoi.
Oui, assez bizarre la réaction des joueurs…