La Juventus a besoin de l’Inter Milan

20 septembre 2016 0 Par Nicolas Basse

Battue 2-1 par l’Inter Milan le 18 septembre dans le derby d’Italie, la Juventus de Turin doit y voir une opportunité unique de s’améliorer et d’augmenter encore son efficacité ainsi que sa solidité défensive.

Dès le coup de sifflet final, alors que les Intéristes exultaient comme ils ne l’avaient jamais fait depuis le mois de mai 2010, la plupart des supporters de la Juventus de Turin enrageaient. Contre Asamoah, contre les occasions manquées de Khedira, contre la titularisation de Mandzukic à la place d’Higuain, contre la blessure de Benatia symbolisant les « problèmes de préparation physique récurrents » du staff d’Allegri, contre la non-titularisation de Lemina. Bref, contre tout.

Et oui, à force de survoler la Serie A, les Juventini sont devenus exigeants. Chaque défaite est vécue comme un drame remettant tout en cause, de l’entraîneur au recrutement en passant par les activités de la semaine du groupe. Seuls les accrochages en Ligue des Champions sont tolérés, et encore. Après le match nul contre le FC Séville pour la première journée de groupe 2016-2017, certains pensaient que tout était à revoir, que la Juventus avait complètement faux. C’est là où les Juventini sont si spéciaux : ils arrivent à être nostalgiques alors que chaque année ils semblent plus forts et que les problèmes s’éloignent. Un paradoxe très Turinois.

À vaincre sans péril…

Malgré les supporters passant leur temps à refaire le match, la défaite a bien eu lieu. Icardi a été énorme sur le front de l’attaque, la défense Murillo-Miranda s’est montrée impassable et le milieu Banega-Medel-Joao Mario-Candreva a impressionné. Du coté de la Vieille Dame, plusieurs enseignements sont à tirer. D’abord, il manque un milieu de terrain dans cette équipe et la non-venue de Witsel fait mal (en sachant que Marchisio reviendra dans quelques semaines). Avec lui sur le terrain, il n’y aurait pas eu d’Asamoah, très aimé mais beaucoup trop irrégulier et limité pour le plus haut niveau. Deuxièmement, la Juventus a semblé en-dessous physiquement alors que l’Inter avait un jour de récupération en moins. Enfin, des problèmes d’animation offensive sont apparus à chaque fois que Dybala était marqué strictement ou que le milieu de terrain turinois était étouffé très tôt par le pressing incessant des Intéristes.

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Depuis quelques années, ces défauts « minimes » des hommes d’Allegri ne se voyaient que dans les grandes affiches de la Ligue des Champions. Contre le Bayern Munich, contre le Real Madrid ou contre l’Atletico. Désormais, c’est son ennemi juré qui lui pointe ses faiblesses. Un drame? Au contraire, un remède, car plus ce genre de confrontations de haut niveau s’accumuleront pour la Juventus, plus elle progressera. Ce n’est pas en écrasant un championnat qu’on s’améliore, c’est en l’arrachant. Et l’Inter Milan est le club idéal pour venir titiller la Juventus.

Ennemi juré

Évidemment, il y a aussi la Roma et le Napoli depuis quelques saisons pour mettre des bâtons dans les roues de la Vieille Dame. Mais ces deux équipes procèdent plus par contre et ne sont pas vraiment dans le duel, à l’inverse de l’Inter Milan qui est venue chercher la Juventus à son propre jeu : dans l’intensité, au milieu de terrain et dans l’impact physique. En plus, l’Inter a quelque chose que ces deux clubs n’ont pas : le statut d’ennemi juré, héréditaire, gravé jusque dans les entrailles.

C’est de cette rivalité, tant qu’elle reste uniquement sur le terrain, que le meilleur pourra sortir de la Juventus mais aussi de l’Inter Milan. La Juve tentant coûte que coûte de corriger ses défauts pour rester au sommet et l’Inter ne cessant de progresser à force de jouer contre meilleur que soi et grignotant petit à petit la marge séparant les deux équipes, comme c’était déjà le cas lors de la Coupe d’Italie l’année dernière. Si ces confrontations à haut suspens sont une souffrance pour les tifosi des deux équipes, elles sont le salut de leurs clubs chéris pour ne pas s’enliser dans la médiocrité pour les intéristes ni dans la stagnation coté turinois. C’est surtout une nouvelle dualité de choc pour remettre la Serie A au plus haut niveau européen.

@nicolas_basse