Le talentueux Monsieur Immobile

Le talentueux Monsieur Immobile

6 août 2016 0 Par Nicolas Basse

Hype éphémère ou talent endormi ? Avec son passage à la Lazio, Ciro Immobile devra répondre à cette question et prouver qu’il reste un bon attaquant. Car si pour lui tout avait bien commencé à Pescara et au Torino, ses expériences à l’étranger (Dortmund, Séville) ont déçu.

Espoirs

Né juste à coté de Naples, formé à la Juve, meilleur buteur de Serie A avec le Torino… Difficile de trouver plus belle synthèse de la culture italienne en matière de football. Sa première vraie saison, Ciro Immobile la fait à Pescara où il brille au sein d’un effectif exceptionnel tourné vers le jeu et l’attaque. C’est affublé des rayures bleu ciel et blanches que le tout jeune attaquant côtoie Insigne et Verratti, au cours d’une saison 2011-2012 mémorable pour le club. Mais contrairement à eux, qui s’imposeront au Napoli et au Paris Saint-Germain, Immobile aura un parcours moins linéaire.

Fraîchement champion de Serie B avec 28 buts au compteur, le blondinet confirme en terminant meilleur buteur de Serie A (22 buts) deux saisons plus tard sous les couleurs du Torino, après une année infructueuse au Genoa. Dans les vingt derniers mètres, il est redoutable. Suffisant pour composter son billet à destination du Mondial 2014, où il assiste (et participe un peu) à une atroce élimination de la Squadra dès les phases de poules. Bien que muet avec la Nazionale, le jeune surdoué attire logiquement  les convoitises.

Échecs

Le club le plus entreprenant pour attirer ses services, c’est le Borussia Dortmund. L’équipe allemande est prête à débourser 20 millions d’euros pour un buteur au meilleur de sa forme et capable de faire oublier Robert Lewandowski. Rien que ça. Quelques mois plus tard, c’est la déception, malgré quelques buts importants en Ligue des Champions. Tout le monde en convient : l’entraîneur, les supporters et naturellement l’intéressé. « Les Allemands sont froids, il n’y a rien à faire. » assène l’italien. L’intégration en Bundesliga est un échec. Pas à son aise, conscient de sa mauvaise saison, Ciro Immobile y voit une « année perdue ».

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Mais à 25 ans, tout est possible. C’est donc avec plein d’espoir qu’il atterrit au FC Séville en 2015, comptant bien se relancer dans un club plus latin. Seulement, la concurrence est rude : Gameiro, Vitolo, Reyes, tous déjà en pleine forme et dans les plans de l’entraîneur, Emery. Quand ces trois joueurs se lancent à toute vitesse dans des contres effrénés, l’Italien a du mal physiquement et ne rentre pas dans le système de jeu. Une nouvelle fois, c’est l’échec. Tout le problème est là : Immobile sait très bien faire, mais sait peu faire. Il n’est pas polyvalent. Conscient du problème, Emery consent à le prêter en deuxième partie de saison au Torino, là où il avait terminé meilleur buteur de Serie A. De retour au pays, 5 buts en 14 matchs auront raison d’Antonio Conte, qui le sélectionnera pour l’Euro en France.

Renaître ou mourir

À la 75ème minute du choc conte la Belgique au Parc OL. Eder est remplacé par un Ciro Immobile en quête de rachat. Et pendant quelques secondes, c’est le miracle : il enclenche une remontée de balle éclair au milieu de terrain et lâche une superbe frappe repoussée par Courtois. À peine cinq minutes plus tard, c’est lui qui est à l’origine du second but des Azzurri. Il ne refoulera plus le terrain durant la compétition mais qu’importe, Immobile repart avec un brin de confiance qui lui faisait énormément défaut.

Cet été, Immobile rejoint la Lazio pour 8,5 millions d’euros et se retrouve sous les ordres de Simone Inzaghi, finalement entraîneur après le feuilleton Bielsa. Reste à savoir si arriver, après deux échecs à l’étranger, à 26 ans, dans un club en pleine tempête, soient les meilleures conditions pour un nouveau départ. Mais qui sait. Un but dans un derby, passer la barre des 10 réalisations, quelques preuves que son sens du but n’est pas éteint et Immobile pourrait retrouver son statut d’attaquant redouté et, pourquoi pas, rêver du poste de titulaire avec l’équipe nationale.

AV

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