Cancers

12 juin 2016 1 Par Nicolas Basse

Les violences de supporters ont terni ce début d’Euro 2016. Et si les hooligans sont à condamner, il ne faut pas sous-estimer la responsabilité de l’organisation et des forces de l’ordre qui ont fait preuve d’une incompétence rare.

À peine deux jours que l’Euro 2016 a débuté en France et de nombreuses violences ont déjà éclaté entre hooligans, notamment à Marseille (mais aussi à Nice). Dans quelques endroits précis, des centaines de personnes se sont livrées à de véritable combats rangés, se frappant et se lançant tout ce qui leur tombait sous la main (barres métalliques, chaises, tables, bouteilles…). Si ces scènes ont pour l’instant opposé Russes et Anglais, d’autres hooligans d’autres pays sont là, prêts à en découdre.

Qu’importe leur nationalité, au fond. Seule compte leur motivation. Pour beaucoup, il s’agit de groupes venus exprès en France pour se battre alors qu’ils n’ont même pas de billets pour assister à des matchs de l’Euro. Certains expliqueront : « c’est une façon de vivre, ils supportent leur équipe de manière extrême. Mais attention, ils ont un code et des règles. Par exemple, ne pas frapper une personne à terre. Ne pas tuer ». Ha bah s’ils ne tuent pas… Leur seul but reste la violence.

Malheureusement, les premiers touchés par ces agissements (après les victimes innocentes), ce sont les supporters et les ultras, notamment en France où l’amalgame ne tardera pas à être fait. Des phrases telles que : « de toute façon, les footeux… » risquent de fleurir dans la bouche de ceux qui n’y connaissent rien. Pourtant, il faudrait que cette conception soit claire : les hooligans sont au football ce que les terroristes sont à la religion : ils n’ont aucun rapport avec et s’en servent comme support pour justifier une violence folle. C’est un peu exagéré, mais pas tellement.

Que fait la police ?

Les hooligans sont les fautifs mais ils ne sont pas seuls. Cela fait plus d’un an que l’Euro 2016 a été attribué à la France, plusieurs mois que les stades ont été choisis et répartis par groupes et par matchs, et plusieurs semaines que l’on connait les équipes qualifiées. Le gouvernement et les forces de l’ordre, habitués à gérer des manifestations de centaines de milliers de personnes et à montrer les muscles si besoin, ont eu énormément de temps pour planifier leur principale mission : éviter les violences et garantir la sécurité des villes et des spectateurs.

Seulement voilà, depuis ces nombreux mois, les autorités semblent plus vouloir s’acharner sur les ultras français (clubs de supporters organisés, 98% étant non violents) à coups d’interdictions de stades et de déplacements plutôt que de se demander comment gérer des milliers de spectateurs potentiellement dangereux et mobiles durant l’Euro. Un aveuglement doublé d’une surdité envers les avis d’experts du football et des solutions proposées et triplé par le mutisme des autorités étrangères n’ayant visiblement pas signalé beaucoup de supporters dangereux venus en France.

Au revoir les JO 2024…

Le résultat était prévisible, il a eu lieu. Les vidéos des violences sont affligeantes et les forces de l’ordre sont, au mieux, en sous-nombre incroyable et, au pire, absentes sur les lieux d’affrontements. Pareil au Stade Vélodrome samedi soir, où à la fin du match quelques supporters ont pu s’affronter sans rencontrer d’opposition pendant de longues minutes.

Alors oui, les hooligans sont de sombres imbéciles, beaufs, violents et irresponsables. Mais les autorités françaises, par leur incompétence et leurs réactions à coté de la plaque aux violences (« le dispositif n’a pas cédé », « nous condamnons les violences »), ont démontré une fois de plus qu’ils étaient incapables. D’ailleurs, plusieurs internautes l’ont souligné : avec ces événements, Paris et la France plus généralement peuvent (presque) dire au revoir aux JO 2024, montrant tout sauf un visage rassurant.

Il ne nous reste plus qu’à espérer deux choses : que l’Euro se termine bien et que ces incidents ,représentant moins de 1% des « supporters » de foot, ne retombent pas sur tous les autres, dont la seule volonté est de pouvoir soutenir leur équipe, aller au stade tranquillement et se mêler à d’autres personnes partageant la même passion.

@nicolas_basse