Thomas Heurtaux : « Le tacle glissé est un geste technique ! »

Thomas Heurtaux : « Le tacle glissé est un geste technique ! »

4 novembre 2015 1 Par Nicolas Basse

Depuis 3 ans à l’Udinese, Thomas Heurtaux s’est construit une réputation de défenseur sérieux en Serie A. Il nous parle de sa vie en Italie, de Di Natale, de tacles glissés et des différences entre le football Français et Italien.

Tu as passé presque 10 ans à Caen. Leur début de saison doit te satisfaire

C’est vrai qu’ils ont réalisé un bon début de championnat avant de caler lors des 3/4 derniers matchs. Une certaine logique est respectée, mais c’est mieux que l’année dernière car ils ont déjà 21 points, alors qu’à Noël 2014 ils pointaient à seulement 15 unités. C’est un bon club et j’espère qu’ils feront mieux que le maintien.

En 2012 tu arrives à Udine. Comment se sont passés tes premiers jours dans le Frioul ?

Très bien ! Je suis arrivé en juillet pour la reprise et c’était un programme très chargé, bien plus dur qu’en France. Et puis j’ai visité les installations… Très impressionnantes. Il y a tout pour s’entraîner dans les meilleures conditions.

La Serie A a la réputation d’être très portée sur la tactique et la défense. Vrai ?

Ça c’est sûr ! Tactiquement, le travail est énorme car on sait ici qu’un match peut se jouer sur un détail. Rien n’est négligé, c’est fou. J’ai beaucoup progressé depuis mon arrivée en Italie, d’autant plus qu’à Udine on joue souvent à 3 défenseurs centraux derrière, alors qu’en France on était toujours à 4. Je suis plus polyvalent qu’avant même s’il m’a fallu un temps d’adaptation.

En France le Calcio est souvent associé au Catenaccio et peu au beau jeu. Qu’en penses-tu ?

Ces dernières années le championnat a beaucoup évolué. Le niveau est remonté, les mercato ont été de qualité et les matchs sont plus ouverts qu’avant, même si les défenses sont toujours très sérieuses. Depuis 2 ou 3 ans, la Serie A est un des 2 championnats où il y a le plus de buts et la qualité de jeu est très bonne.

L’Italie est-elle un pays plus passionné par le football que la France ?

Oui, cela se sent dans la rue, dans les discussions. Ici, le football est une religion !

L’année dernière, tu as marqué un magnifique retourné contre Parme. Peux-tu nous en parler ?

C’est vrai que c’est rare pour un défenseur de marquer un but comme cela, même si Mexès en a mis pas mal. Sur le but on récupère le ballon au milieu de terrain et je continue ma course jusque dans la surface. J’attends le centre et le ballon arrive un peu derrière moi, alors je lance mon geste ! J’étais content car c’était un beau but mais surtout parce que cela nous permettait de reprendre l’avantage. Mes coéquipiers m’ont bien chambré après ce retourné…

Quel est ton meilleur souvenir à l’Udinese ?

Il y en a plusieurs. Les matchs en Europa League dans des stades bouillants, la victoire à San Siro l’année dernière ou encore celle à la Juventus cette année.

As-tu des modèles ?

Jeune j’aimais particulièrement Laurent Blanc : le patron. Costaud derrière, il repartait proprement balle au pied. Rien à redire !

Le tacle glissé : geste technique ou signe d’impuissance ?

C’est à utiliser à bon escient. Une belle intervention avec un tacle glissé c’est parfois nécessaire, il faut savoir le faire. D’ailleurs c’est un de mes péchés mignons. Le tacle glissé un geste technique plaisant à réaliser et qui réjouit les supporters. Certains disent qu’un défenseur à terre est forcément un défenseur battu, c’est faux !

Comment se passe la vie en Italie ?

J’adore. C’est ma quatrième saison et je me sens vraiment bien ici. Les gens sont gentils, la nourriture est excellente et ma femme est Italienne !

Regardes-tu le football à la télévision ?

De plus en plus. Je regarde la Ligue des Champions, l’Europa League, la Ligue 1, la Serie A (il faut connaitre ses adversaires), la Liga, la Bundesliga et la Premier League. Bref, à peu près tout !

Votre latéral gauche Ali Adnan est le premier Irakien de l’histoire de la Serie A. Y a-t’il une effervescence autour du joueur ?

Clairement. Beaucoup de médias du Moyen-Orient viennent suivre Ali Adnan et c’est la folie sur les réseaux sociaux ! C’est un très bon jeune, prometteur, très bien intégré et c’est super qu’il ouvre montre la voie.

Tous les jours, tu t’entraînes avec Antonio Di Natale. Que dire de lui ?

Déjà, c’est un super mec, gentil et modeste. Sur le terrain, il est phénomènal ! Il a 38 ans et on a l’impression qu’il pourrait jouer jusqu’à 45. Devant le but, c’est un tueur. Des joueurs comme ça, il y en a très peu. Quand il a une occasion, c’est rare qu’il la loupe. Ca fait du bien d’avoir quelqu’un comme lui dans son équipe.

À ses cotés évolue souvent Cyril Théréau. Une valeur sûre ?

Il est peu médiatisé en France et pourtant il a une très bonne cote en Italie. Théréau tourne entre 8 et 15 buts chaque saison et marque souvent des pions décisifs. C’est un joueur précieux pour nous.

Tu as connu quelques sélections jeunes avec l’Équipe de France. Penses-tu encore aux Bleus ?

Tout joueur professionnel a pour objectif ultime de porter les couleurs de sa nation, c’est sur. À mon poste, il y a pas mal de concurrence et la Serie A, et encore plus l’Udinese, est peu médiatisée en France, contrairement à la Premier League ou à la Liga. Et puis en Italie, si tu joues dans un petit club mais que tu fais de belles prestations, tu peux être sélectionné. C’est moins le cas en France où il faut faire partie d’un club assez huppé.

Un objectif pour cette saison ?

Pour le club, assurer vite le maintien et faire le mieux possible. On a des qualités que nous n’avons que peu montrées en ce début de saison. Personnellement, j’ai été arrêté 1 mois à cause de pépins au genou alors j’espère que c’est définitivement passé et que je vais vite pouvoir retrouver du plaisir sur le terrain !

@nicolas_basse