Ces Français de Serie A sous-estimés

22 octobre 2014 3 Par Nicolas Basse

Exceptées les stars, la France a l’habitude de dénigrer des joueurs Français de Serie A pourtant très appréciés de l’autre coté des Alpes. Certains sont des habitués du championnat italien et d’autres sont de belles promesses. Ils méritent bien une petite présentation.

Cyril Théréau

Un visage entre Rémy Cabella et Franck Sauzée, le numéro 77 dans le dos et un titre de vice champion de Roumanie avec le Steaua Bucarest. Une description qui correspond bien au parcours de Cyril Théréau : surprenant. Une surprise qui s’explique par le manque d’intérêt en France pour ce joueur atypique. Formé à Gap, il rejoint Orléans en 2003 alors en CFA. Au bout de 10 matchs, son compteur but affiche 12 unités. De quoi séduire le SCO d’Angers où Théréau joue beaucoup, marque 15 buts et délivre une dizaine de passes décisives en deux saisons. En 2006 il quitte la France pour trimbaler pendant 4 ans son sens du but et de la conservation de balle entre Charleroi, Anderlecht et le Steaua Bucarest. Une petite balade qui se solde par 48 buts et la construction d’une solide réputation de buteur. Et voilà qu’en 2010 l’occasion se présente de venir exercer son talent dans le championnat réputé le plus rigoureux défensivement : la Série A. Un défi relevé par Théréau qui atterrit au Chievo Vérone, éternel club de bas de tableau. Si ses débuts sont difficiles à cause de blessures à répétition, il parvient à s’octroyer du temps de jeu et à s’imposer comme un élément important de l’attaque Véronèse. Trois saisons, trente buts -la plupart de renard- et puis s’en va. Un départ cet été à l’Udinese orchestré par le nouvel entraineur Stramaccioni, qui déclare vouloir absolument Théréau. A Udine le Gapençais entre en concurrence avec la légende Toto Di Natale et le jeune espoir Luis Muriel. Pour l’instant tout roule puisqu’en 7 matchs le vice champion de Roumanie a déjà fait trembler 3 fois les filets. Et de toute façon, pas d’inquiétude. Il y a fort à parier que, comme chaque année, comme en Roumanie, en ligue 2 ou en Belgique, il mettra sa dizaine de buts réglementaire cette saison. On en connait qui ont été appelés en Equipe de France pour moins que ça.

Abdoulaye Konko

Marseille, Martigues, Turin, Crotone, Sienne, Gênes, Séville et Rome. Abdoulaye Konko est un homme du sud, un vrai latin. Sa carrière commence véritablement lorsqu’il signe à 18 ans à la Juventus en tant que défenseur droit. Dès son arrivée il prend la mesure du niveau tactique de la culture italienne et s’attend à un long apprentissage. Il durera 5 ans, sans jouer un seul match avec l’équipe A. S’ensuivent des prêts à Crotone en Série B puis à Sienne en division supérieure où Konko impressionne par sa vitesse et se montre aussi bon offensivement que défensivement, polyvalence dont tout le monde ne peut pas se vanter. Vendu au Genoa il réalise une saison 2007-2008 de haut niveau qui lui vaut d’être transféré pour le FC Séville à hauteur de 9 millions d’euros, avec la lourde tâche de remplacer Daniel Alves…Comme toujours, Konko se montre au niveau mais un désaccord avec le club le renvoie au Genoa une demie saison en 2011. Demie seulement puisque la Lazio le rachète au mercato suivant. Depuis 3 ans le Marseillais occupe le coté droit de la défense Laziale en tant que titulaire inamovible. En point d’orgue de sa carrière il remporte la coupe d’Italie en 2013 face à l’ennemi juré, l’AS Roma. Suffisant pour être un jour convoqué en Equipe de France ? Lui en est convaincu. La preuve, de père Sénégalais et de mère Marocaine mais né en France, Konko a toujours repoussé les avances des deux sélections Africaines dans le but de revêtir un jour la tunique Bleue. Et derrière Debuchy, il y a de la place.

Kalidou Koulibaly

Que celui qui l’a vu perdre un duel aérien lève la main. Avec 1 mètre 95 sous la toise et 90 kilos sur la balance, ce défenseur originaire des Vosges en impose. Physique, dur sur l’homme, rapide, seule une relance vraiment propre manque à sa palette pour en faire un des meilleurs défenseurs de Série A. En même temps, personne n’est parfait, encore moins à 23 ans ! Koulibaly a désormais un avenir prometteur devant lui, ce qui n’était pas forcément le cas il y a encore peu de temps. En junior Kalidou est plusieurs fois estimé trop juste par le FC Metz, avant d’intégrer finalement le centre de formation en 2004. Les saisons suivantes sont ponctuées d’aller-retours entre Metz et son club de jeunesse, le SR Saint Dié. En 2010 il intègre l’effectif pro du club de Metz et joue 44 fois en deux saisons. L’aventure Messine s’arrête deux ans plus tard avec la descente du club en National et Koulibaly pose ses valises au KRC Genk, où il s’impose comme le pilier de la défense. Ses prestations arrivent aux oreilles du SSC Napoli qui le recrute à l’été 2014 pour 8 millions d’euros. A son arrivée, Naples est en plein paradoxe. Très beau troisième la saison passée derrière le duo infernal Juve/Roma, le club ne s’est pas renforcé pendant la période de transfert estivale et semble endormi. Reina, Dzemaili, Pandev, Behrami, Fernandez, Armero et Cannavaro sont partis alors que seuls De Guzman, Michu et lui ont fait le chemin inverse. Une situation qui inquiète les Tifosis, à juste titre. En août, Naples se fait piteusement éliminer par un faible Athletic Bilbao en barrages de C1 et navigue dans le ventre mou du Calcio. Depuis, l’équipe de Benitez semble retrouver du poil de la bête, et Koulibaly y est pour quelque chose. Avec Raul Albiol il parvient à donner un peu plus de sécurité défensive à cette équipe pétrie de talent devant mais jamais irréprochable quand il s’agit de ne pas prendre de but. Arrivé dans le rôle de remplaçant, Koulibaly pourrait en quelques mois seulement devenir le patron de la défense Napolitaine. Affaire à suivre, donc. Sa présence en Bleu se résume à 11 matchs lors de la saison 2011-2012 chez les U20 Français. Depuis, plus rien. Ca ne devrait pas durer.

M’Baye Niang

Il n’a pas 20 ans et pourtant, on parle de lui depuis longtemps. Formé à Caen, il éblouit les catégories de jeunes de son talent, ce qui lui ouvre les portes de l’équipe première en 2011, à 16 ans. De fait, le natif de Meulan devient un des plus jeunes joueurs de l’histoire à évoluer en Ligue 1. Mieux, il devient le second plus jeune buteur du championnat de France de tous les temps en marquant pour sa troisième apparition sous les couleurs Caennaises. Cette année-là il marque 5 buts en 30 matchs et intègre l’Equipe de France Espoirs. Des débuts spectaculaires qui lui valent l’été suivant une mise à l’essai à Arsenal. Finalement, il signe au Milan AC d’Allegri où ses premiers mois sont difficiles. M’Baye Niang joue très peu. Et puis à force de travail il gratte des bouts de matchs, parvient à marquer 3 buts, dont un en coupe d’Italie. C’est en janvier 2014 qu’Allegri décide de le prêter à Montpellier pour augmenter son temps de jeu. Lors de ses deux premiers matchs, il marque à chaque fois. Une réalisation en coupe de France contre Rodez et un but synonyme de match nul contre Monaco. De janvier à mai Niang régale Montpellier de sa technique, de sa vitesse et de ses frappes lointaines. Roland Courbis s’enflamme sur ce jeune joueur en le qualifiant de « meilleur N°9 de L1. Derrière Zlatan et Cavani ». Malgré cet engouement l’option d’achat n’est pas levée par Nicollin et Niang rentre à Milan où Inzaghi a remplacé Allegri. Barré par Torres, Menez, Honda, El Sharaawy et Pazzini, le jeune Français n’envisage pas de partir, au contraire. « Je veux devenir un joueur important du Milan AC. Pour l’instant je sais que je peux donner un coup de main à l’équipe en tant que joker sur les cotés mais dans l’axe aussi s’il faut ». Et puis s’entrainer tous les jours sous les ordres de Pippo Inzaghi, quoi de mieux pour un attaquant ?  » Le Mister (Inzaghi) me donne de précieux conseils, c’est une légende. Il m’apprend notamment à être plus méchant devant le but ». Bientôt, M’Baye Niang ne connaîtra plus le mot « Hors-jeu ».

Jonathan Biabiany

Voilà encore un joueur qui n’a pas eu tort de partir jeune à l’étranger. Un départ dû à un coup du destin. Arrivé de Guadeloupe enfant, Biabiany évolue au club du Blanc-Mesnil de 12 à 16 ans. C’est là qu’il est repéré par un recruteur de l’Inter Milan qui, étant en avance pour superviser un autre match, a eu la bonne idée d’assister à une rencontre amateur. Sous ses yeux, le Blanc-Mesnil perd 5 à 4 malgré…un quadruplé de Biabiany ! Un mois plus tard le voilà qui s’envole pour l’équipe jeune de l’Inter Milan. Pendant 2 ans il martyrise les défenses du championnat primavera (jeune) avec son compère d’attaque, Mario Balotelli. Pour son premier match en équipe A, il a l’honneur de remplacer Luis Figo. Entre 2007 et 2010 il est prêté au Chievo, où il ne joue pas une seule fois, en Série B à Modène où il sauve le club de la relégation et à Parme où il explose aux yeux de la Série A. Biabiany se révèle un des joueurs les plus physiques et rapides du Calcio. Une sorte de Jonah Lomu du football, les raffuts en moins. Après des passages compliqués à l’Inter et à la Sampdoria, il signe à Parme à l’été 2012. Avec Cassano ils enflamment les défenses Italiennes et hissent le club Parmesan à la 10ème puis à une incroyable 6ème place du championnat Italien. Le Guadeloupéen est tout simplement indispensable au système de Donadoni sur son flanc droit et joue 93 matchs pour 10 buts et 18 passes décisives. Largement suffisant pour frapper à la porte de l’Equipe de France, où personne ne sort du lot sur le coté droit. Malheureusement, la visite médicale pour un transfert au Milan cet été met à jour une arythmie cardiaque. Résultat, pas de transfert mais surtout un arrêt de la compétition jusqu’au soin de cette anomalie. Un coup dur pour celui qui peut prétendre au titre de meilleur « feu follet » Français des couloirs droits depuis longtemps.