Mais qui est donc Silvio Gazzaniga ?

10 décembre 2014 1 Par Nicolas Basse

Pas joueur, ni entraîneur et encore moins arbitre. Son nom, personne ou presque ne le connaît. Et pourtant cet Italien fait partie des grands hommes de l’histoire du football. Voilà pourquoi.

Nous sommes en 1970 au Mexique et pour la première fois la Coupe du Monde est diffusée en couleurs. Les spectateurs peuvent donc voir la Squadra Azzura s’incliner nettement contre le Brésil en finale après avoir pourtant écarté la RFA en demie sur le score de 4 à 3 au bout des prolongations, dans un des plus beaux matchs de l’histoire. Une déception chez les Italiens mais un résultat logique pour le monde du football, tant cette édition semblait promise à la Seleção et à son attaque composée de Tostao, Pelé, Rivellino, Gerson et Jairzinho. Dès la fin du match les joueurs fêtent leur victoire et soulèvent la Coupe Jules Rimet. A ce moment, aucun membre de la FIFA ne se doute que le Brésil repartira avec le trophée dans les valises au lieu de le troquer contre une réplique, comme cela se faisait normalement. Une erreur, un vol ? Non, simplement une vieille promesse de l’institution de donner à jamais la récompense à la première nation qui remporterait à trois reprises la Coupe du Monde. Le cas du Brésil, déjà vainqueur en 58 et 62.

Objet mythique

Quelques semaines après la fin de l’événement planétaire la Fifa se lance donc à la recherche d’un nouveau modèle et reçoit 53 propositions. Certains sont dessinés par de grands sculpteurs et d’autres par d’anonymes artisans En 71, la décision est prise : c’est le projet d’un Italien qui est choisi. Son œuvre représente « deux joueurs partant de la base et qui se tendent vers le haut pour porter le monde, et donc le ballon » dixit l’artiste. Il s’agit de Silvio Gazzaniga, directeur artistique de l’atelier Bertoni passé par l’école d’art de Milan et spécialiste de l’orfèvrerie, ayant déjà réalisé des médailles et des trophées. C’est donc lui qui peut se targuer d’être l’auteur de l’un des objets les plus célèbres à travers le monde. Celui que l’Equipe de France souleva en 1998 au stade de France. Sur sa lancée, Gazzaniga dessinera la Coupe de l’UEFA, celle de la Supercoupe de l’UEFA, mais aussi celle de la Coupe du Monde de Baseball ou encore de…Bobsleigh.                                                                                                              .

Intouchable

En 1983, la Coupe est volée puis retrouvée après quelques semaines de recherche. Depuis, elle reste gardée toute l’année dans un coffre de la Fifa et ses déplacements ne se font qu’en fourgon blindé sous bonne escorte. L’objet est devenu si sacré et précieux que seuls les vainqueurs et les chefs d’état sont autorisés à le toucher, c’est dire la valeur matérielle et émotionnelle de cette récompense. Et encore, une heure après sa remise officielle le trophée est remplacé par une réplique. Les deux pèsent 6,175 kilos pour 37 centimètres de hauteur et sont garnis de 18 carats. Leur unique différence ? Le palmarès entier de la compétition est marqué au pied de l’original, alors que seul le nom du nouveau vainqueur est gravé sur celui de la réplique. Faute de place, une nouvelle coupe devra être créée pour l’édition 2042. Les sculpteurs ont le temps de peaufiner leur projet mais il sera compliqué de faire mieux que Silvio Gazzaniga.