Clichés d’Italie

16 novembre 2014 4 Par Nicolas Basse

Lorsque vous prononcez le mot « Italie » au cours d’une discussion footballistique, la plupart des interlocuteurs Français sont atteints d’une réaction épidermique : le visage se fige, les lèvres se crispent et un langage souvent fleuri et imagé sort de leur bouche. Aucune autre équipe nationale ne suscite autant de haine ou de mépris. Des sentiments fondés sur des clichés ou des erreurs d’appréciations.

« Il a plongé ! quel Italien »

Dans l’imaginaire collectif la simulation provient d’Italie et serait même la spécialité, voire une marque déposée, des joueurs de la Squadra Azzura ou évoluant en Série A. Pourtant, personne ne peut désigner le premier footballeur à avoir simulé et encore moins définir de quel pays provient cette tendance. De toute façon inutile de se leurrer, tricher a toujours existé dans le sport et ce dès l’antiquité. Dans le foot la simulation s’est développée à la fin des années 60 pour se généraliser dans les 70’s, mettant à mal des arbitres absolument pas habitués à cette pratique. Bien qu’il soit impossible d’établir des catégories strictes, il est clair que les joueurs des pays latins et sud-américains sont plus enclins à se rouler par terre que des Anglo-Saxons. Les Italiens ne sont donc pas les derniers par terre et possèdent un certain don de cri et de roulade pour feindre la blessure ou la douleur. Après tout, il s’agit du pays de la culture et du spectacle ! Mais si l’Italie a longtemps été à « la pointe » de la simulation avec quelques autres nations, elle n’a jamais été la seule à la pratiquer et s’est fait distancer depuis quelques années par le Brésil et surtout l’Espagne, leader incontesté en la matière. Il serait donc plus judicieux de dire « oh quel Espagnol ! on dirait Sergio Busquets ». Par exemple.

« Jouer à l’Italienne »

Les joueurs de la Botte proposeraient un style de jeu connu et utilisé par eux seuls. Cette expression sanctionne généralement un schéma basé sur la solidité défensive où les joueurs maîtrisent la rencontre et font tourner le ballon dans leur moitié de terrain, jugé petit bras ou carrément anti-sportif. S’il est vrai que l’Italie a longtemps été terre de Catenaccio et de frilosité offensive n’oublions pas que cette tactique fut utilisée par la grande majorité des équipes entre les années 60 et le milieu des 80’s et même après, avec des succès probants à la clé. Doit-on rappeler que les Desailly, Thuram, Candela, Boghossian, Zidane, Deschamps, Djorkaeff, joueurs de l’Equipe de France vainqueur de la Coupe du Monde 98, évoluaient en Italie, et que le style de jeu proposé par Jacquet fut efficace, très solide en défense, peu spectaculaire, soit très proche de l’esprit Catenaccio ? Mais derrière ce dédain du « jeu à l’Italienne » se cache une forme d’envie et de frustration que procurent les plus grandes équipes. Après tout, ne dit-on pas aussi jouer « à la Brésilienne » ou « à l’Allemande » ?

« Voleurs de Coupe du Monde »

Marco Materazzi n’a pas une place privilégiée dans les cœurs Français. A lui seul, il « orchestra » la finale de 2006 : fautif sur le penalty transformé par Zidane, égalisateur quelques minutes après sur corner et provocateur de l’expulsion de notre numéro 10. A l’évidence, le défenseur de l’Inter avec son corps de toxico orné de tatouages est une ordure sur le terrain et il y aurait une longue queue s’il offrait son plexus aux fronts des Français. Seulement voilà, ce ne sont pas les Italiens qui ont fait chaviré cette finale, ni même un de leurs joueurs, aussi lâche et fan du trashtalking fut-il. Si la Coupe du Monde 2006 n’est pas au palmarès de la France, c’est vers Zidane qu’il faut se tourner. Fatigué, poussé à bout, blessé, et même insulté. Jusque dans son orgueil, dans sa chair. Mais comment craquer, si violemment, à ce moment là, pour son dernier match, à quelques minutes de la fin de cette finale ? S’il était resté sur le terrain, les Bleus auraient gagné. Une évidence lorsqu’on regarde le déroulement de la prolongation. Mais l’histoire ne s’est pas déroulée ainsi et les Italiens n’ont rien volé. Ils ont juste pris ce qu’on leur a offert sur un plateau.