Massimo Donati : « Quand tu dois t’entraîner avec des Shevchenko, Maldini… »

Massimo Donati : « Quand tu dois t’entraîner avec des Shevchenko, Maldini… »

2 mai 2020 1 Par Nicolas Basse

Formé à l’Atalanta et arrivé jeune à Milan, Massimo Donati était présenté comme un gros espoir italien. Mais le milieu a enchainé les prêts avant de partir en Écosse et de devenir un héros du Celtic Glasgow. Désormais entraîneur adjoint de Kilmarnock, il évoque sa carrière de joueur et son futur.

Quelle est la situation en Écosse avec le coronavirus ? (Interview réalisée le 29 avril 2020)

Pour les ligues inférieures, ils ont déjà décidé d’arrêter les championnats en cours. Mais pour la Premiership ce n’est pas encore décidé. La première division, c’est plus d’argent et vous savez, il y a les gros clubs. Tout le monde attend, parce qu’il faudra bien décider un jour.

Le gouvernement français a décidé de terminer la saison de Ligue 1. Qu’en pensez-vous ?

Le plus important maintenant c’est la santé de tous, pas seulement des joueurs. Beaucoup de gens meurent. Le football est un gros business mais sans la santé le business n’est rien. La priorité est de penser aux gens, malades, seuls. Ensuite, on pensera au football.

Si vous pouviez prendre une décision pour la Premiership, que feriez-vous ?

Mon idée serait de, après un mois, un mois et demi, commencer une nouvelle saison. Les joueurs ne s’entraînent pas, c’est très difficile actuellement. Le football me manque, le terrain me manque, mais vu la situation je pense que la meilleure solution est d’arrêter tous les championnats et de passer à une nouvelle saison à temps. L’important est de faire passer la santé avant tout.

Vous venez du centre de formation de l’Atalanta. Un des meilleurs d’Italie. D’où vient ce niveau des joueurs qui en sortent ?

Ils ont de très bons formateurs et surtout ils croient dans les jeunes, et dans l’idée de les faire grandir. Quand j’y étais, et ils le font encore aujourd’hui, leur but était d’abord de construire une bonne personne, et ensuite un bon joueur. C’est la clé.

Que pensez-vous de leur forme incroyable ?

C’est sublime. Cela fait 2-3 saisons qu’ils sont impressionnants. Leur entraîneur, Gasperini, est excellent. Je l’ai eu à Palerme, il est exceptionnel, et il adore travailler avec les jeunes joueurs. Et puis à l’Atalanta tout va dans le bon sens : relations publiques, entraîneur, communication, supporters, choix des joueurs, formation…

À 20 ans vous partez pour l’AC Milan contre 15 millions d’euros. Une grosse pression ?

Ce n’était pas une pression, le prix n’avait pas d’importance, c’était un rêve. J’étais encore un adolescent, un fan de l’AC Milan, et quand je suis arrivé, c’était fou. Milanello, San Siro… J’ai réalisé à quel point c’était un autre monde. Et quand tu dois t’entraîner avec des joueurs comme Shevchenko, Rui Costa, Maldini… C’est intense, ça peut te chambouler dans ta tête si tu n’es pas prêt. C’est pour ça que j’ai eu un problème. Je jouais peu, pas très bien. Pas parce que je n’étais pas assez bon, mais parce que je n’étais peut-être pas prêt pour un tel club.

Vous avez rencontré Ancelotti pour ses débuts à Milan. Quel souvenir gardez-vous ?

Une personne magnifique. Chaque joueur avait une belle relation avec lui, une affection profonde. Cela a été une des clés de son succès là-bas. Chaque joueur l’écoutait. Chaque joueur jouait de la façon dont il voulait. Il n’a jamais été dur, et son message passait toujours. C’est un exemple pour tous.

Vous avez joué pour beaucoup d’équipes de jeunes Italie. Un regret de n’avoir jamais été appelé avec la Squadra Azzurra ?

Oui sûrement. Le seul regret de ma carrière. Au moins une sélection, j’aurais aimé pouvoir le dire. Je n’aime pas regarder le passé, mais oui c’est quelque chose qui me titille.

Vous avez été prêté dans de nombreuses équipes italiennes. Était-ce difficile de passer chaque année d’une équipe à une autre ?

Non. Dans chaque ville, j’ai découvert des gens incroyables et les supporters m’ont souvent apprécié. Certaines saisons ont été très bonnes, d’autres moins, mais j’ai toujours donné le meilleur sur le terrain. Des bons matches, certains ratés, mais je pense que les fans ont vu que je voulais toujours donner le maximum.

En 2007 vous partez pour le Celtic. Etait-ce un choc d’arriver dans la culture écossaise ?

Non, pas un choc. C’était bien ! C’était l’occasion de rejoindre une grande équipe, qualifiée pour la Ligue des champions, et le Celtic m’a donné une belle opportunité. Je ne connaissais pas vraiment le football écossais mais j’étais très heureux du football ici, des gens, du style de vie, malgré le froid ! C’est aussi pour ça que, plus tard, je suis revenu en Écosse pour la suite de ma carrière.

Que pensez-vous du football en Ecosse ?

C’est peut-être moins technique et tactique qu’en Italie, mais plus intense, plus de duels. Ils n’abandonnent jamais, donnent tout, tout le temps, sans calcul. Les matches sont physiques et spectaculaires.

Et le Celtic Park ?

Ho ! Fantastique. Surtout pour les grands soirs, c’est une atmosphère incroyable. Je suis très fier d’avoir joué des matches de ce genre au Celtic Park.

Les fans du Celtic vous ont concocté un chant spécial

C’est une belle chanson ! Et entendre le stade, 60 000 personnes, reprendre ce refrain, ça fait chaud au coeur.

En 2007-2008 le Celtic réalise une belle saison européenne, en se qualifiant pour les 8e de finale de la LDC après être sorti d’un groupe composé de Milan, Benfica et le Shakhtar. Contre les Ukrainiens, vous marquez un but primordial pour la qualification. Le plus important de votre carrière ?

Le but le plus important et le meilleur moment de ma carrière. Arriver en huitièmes de finale avec le Celtic, marquer ce but en toute fin de match, un stade en feu… Ce sont des moments uniques.

Vous êtes éliminés par Barcelone en 8e, après deux matches très serrés. Dont cette défaite 3-2 au Celtic Park, rencontre durant laquelle le Celtic mène pendant longtemps.

Un match singulier. Le stade était en feu, la grande équipe de Barcelone vient jouer chez toi… On n’avait pas peur, mais on était excités. Les deux rencontres ont été accrochées, on n’a pas pu sortir vainqueurs, mais il n’y a aucun regret.

En 2009 vous revenez à Bari. Pourquoi avoir quitté le Celtic ?

C’est peut-être une erreur commise dans ma vie. Mais personnellement, à ce moment, c’était le mieux pour moi. Ma femme avait le mal du pays et j’ai dit ‘Ok, il faut que je pense à ma famille’. Mais à Bari j’ai eu une belle expérience. Un stade historique, des fans dingues, et une première saison remarquable (promu, Bari finit 10e de Serie A).

Vous avez joué dans plus de dix équipes. Êtes-vous fier de ce parcours ?

Oui. J’aurais peut-être pu faire mieux, mais comme j’ai dit je n’aime pas trop penser au passé, ce qui est fait et fait, rien n’est jamais parfait, mais je préfère me concentrer sur le futur. Et j’ai plein d’envies.

En 2018 vous avez accepté d’annuler votre contrat avec Hamilton. Que s’est-il passé ?

Le club a été victime d’une escroquerie et a eu de gros problèmes économiques. Ils ont dit que 3-4 joueurs devaient partir, afin d’alléger la masse salariale. J’ai dit « Ok, j’y vais ». J’étais heureux de jouer au foot mais l’argent n’était pas ma priorité. Je reste reconnaissant envers eux car c’est Hamilton qui m’a fait revenir en Écosse. Ensuite j’ai enchainé avec quelques mois à Saint Mirren, avant d’arrêter ma carrière. Parce que les autres joueurs couraient beaucoup trop pour moi !

Et maintenant vous êtes manager assistant de Kilmarnock. Quel est votre désir pour le futur ?

Oui. J’ai commencé comme assistant d’Angelo Alessio, qui a été remercié à la fin de l’année 2019. Désormais je suis l’adjoint d’Alex Dyer. Je veux devenir entraîneur, c’est mon objectif. 100%. C’est pour ça que je ne dors pas la nuit. Je pense aux entraînements, aux consignes à donner aux joueurs, aux attaques placées, aux coups-francs… Le football est ma vie et je pense que je peux apporter quelque chose. Je suis très concentré, et j’essaie d’apprendre le plus possible ici.

Voulez-vous rester en Écosse ?

Je veux découvrir le monde. J’aime l’Écosse, mais je ne sais pas si je vais rester une, deux, trois, quatre années ou partir rapidement. Italie, France, Espagne, USA, Chine… Ce n’est pas un problème. Je suis concentré sur comment je vois le football, ce que je veux produire, mais où, ne me demandez pas, car je ne sais pas.


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