Paroles de supporter #3 : « J’organise ma vie en fonction de l’Inter »

Paroles de supporter #3 : « J’organise ma vie en fonction de l’Inter »

5 février 2018 1 Par Nicolas Basse

Parce que certains vivent pour leur club et/ou parcourent des milliers de kilomètres pour soutenir leur équipe, il était important de donner la parole aux acteurs les plus importants du football. « Paroles de supporters #3 » avec Paul, fan de l’Inter Milan.

Depuis quand es-tu fan de l’Inter et pourquoi ?

L’Inter est dans ma famille depuis longtemps. J’ai eu un oncle abonné au stade toute sa vie. Quand on allait en Italie, il nous promettait, à mon frère et moi, de nous emmener voir Ronaldo à l’entraînement, mais ça n’a jamais pu se faire. Le jour de son enterrement, son écharpe de l’Inter était avec lui dans son cercueil.

J’ai commencé à suivre le club petit à petit au cours de la saison 2007/2008. J’ai toujours vu ces couleurs et le logo un peu partout autour de moi et la beauté du maillot m’a toujours attiré. Et puis à l’époque les images que je voyais me montraient les actions d’Ibra, Adriano, J. Cruz, Crespo et surtout J. Zanetti. Impossible de ne pas devenir tifoso.

Quand as-tu pour la première fois vu ton équipe au stade ?

Le tout premier match auquel j’ai assisté c’était Inter-Lazio en décembre 2009. On l’emporte 1-0 avec un but de Eto’o juste en dessous de moi.

Et depuis, fais-tu souvent des déplacements en Italie ?

J’essaie d’aller au stade dès que possible mais ce n’est pas évident. Il y a des saisons où j’ai pu y aller 6-7 fois et d’autres à seulement 1 ou 2 reprises.

Suis-tu aussi les équipes de jeunes ?

J’adore suivre l’Inter Primavera. Je débute fréquemment mon week-end foot par la rencontre de la Primavera qui est suivie et diffusée en Italie. Le secteur jeune de l’Inter a souvent de très bons résultats mais les joueurs sont rarement utilisés ensuite en équipe première, malheureusement, alors je suis leur parcours une fois qu’ils quittent l’Inter.

Appartiens-tu à un groupe de supporters ?

Je fais partie de l’Inter Club G. Baresi di Mulhouse depuis quelques années. C’est un Inter Club comme il en existe des centaines dans le monde (2 en France). Je ne sais pas exactement combien on est, peut-être une quarantaine en tout. Ça nous permet de nous retrouver et d’échanger sur l’Inter, de faire les trajets jusqu’au stade ensemble. Les présidents d’Inter Club sont des personnes très proches du club et les Inter Club sont des associations de supporters officielles, reconnues par le club. Le président de l’Inter Club Mulhouse est un ancien de la Curva Nord. Il est abonné au stade depuis les années 70.

Quel est le tarif pour s’y inscrire ?

Depuis quelques années c’était 25 euros pour 1 an mais depuis l’arrivée de Suning les cotisations réclamées par le club aux Inter Club augmentent. Les cotisations des membres aussi, du coup dès l’année prochaine on devrait passer à 30 ou 35 euros. Chaque année, on a une carte de membre (et pas mal de gadgets genre écharpe, offerts par le club) que je collectionne et que je garde avec fierté.

Arrives-tu à accorder ta vie professionnelle/privée avec cette passion ?

J’organise ma vie en fonction de l’Inter. Les jours de match, je m’arrange toujours pour être libre. C’est extrêmement rare que je manque un match. De toute manière je suis dans l’incapacité de me concentrer sur autre chose lorsque l’Inter joue !

Que penses-tu du projet intériste de ces dernières années ?

Après l’ère Moratti ça a été bien trop chaotique. On ne savait pas où allait le club, quels étaient les objectifs et les moyens disponibles mis en œuvre pour tenter de conserver une certaine dignité vis-à-vis de l’histoire du club. L’année dernière, la première de la gestion Suning, la direction du club était bien trop absente et au final la saison a été catastrophique. Cette année les Chinois ont pris les choses en main et ont compris qu’un tel club ne peut pas se gérer tout seul. L’objectif est d’être présent régulièrement en Ligue des Champions et c’est seulement à partir de là que la machine nerazzurra pourra réellement être relancée pour de bon. J’ai confiance, mais il faut du temps et de la patience et ne surtout pas lâcher le club.

Moratti, ça t’inspire quoi ?

Massimo Moratti c’est un peu le papa de tous les interisti. De son amour et de sa passion pour l’Inter est né un club encore plus grand que jamais. Si ça ne tenait qu’à moi, il aurait encore un rôle dans le club actuellement.

Un avis sur le recrutement de cet été ?

Des recrues intelligentes et surtout fonctionnelles pour Spalletti. Tant que les joueurs qui arrivent sont ceux que le Mister demande, alors ça me convient parfaitement. Lorsque le mercato estival s’est terminé, il est clair que l’effectif n’était pas complet. Il nous aurait fallu au moins 3 joueurs supplémentaires mais le Fair Play Financier et le gouvernement Chinois en ont décidé autrement.

Tu n’as jamais eu de « période sans » ou de baisse d’amour pour l’Inter ?

J’ai eu d’énormes coups de sang après certains matchs… La frustration et l’énervement me passent 24-48h après. Mais à aucun moment je ne me suis senti me détacher de l’Inter. Peu m’importent les résultats, je serai toujours fier d’être tifoso interista et je défendrai toujours mon club.

Spalletti, c’est le bon choix ?

Après ce qu’il a fait avec l’AS Roma, difficile de s’opposer à ce choix. Il apporte de la sérénité et sait protéger ses joueurs ce qui, après Mourinho, n’a jamais été le cas.

Comment comprendre la méforme de l’Inter ces dernières semaines ?

En décembre, après le match contre la Juve, on a eu un gros coup de fatigue et la défaite à domicile face à l’Udinese a fait beaucoup plus de mal que ça n’aurait dû. Le problème est mental tout comme la saison dernière. La machine va repartir. Il n’y a pas le choix de toutes manières. Les joueurs doivent comprendre qu’ils ne jouent pas pour une équipe quelconque.

Icardi, intériste à vie ?

Non. C’est terminé l’époque des joueurs qui jurent fidélité à leur club. Il n’y aura plus de J. Zanetti, Totti ou Maldini. Icardi, je le kiffe et je le respect et je hurle toujours autant son nom quand il marque mais on sait très bien que ça finira un jour. Ce qui intéresse les joueurs dorénavant c’est l’argent et la visibilité sur les réseaux sociaux. Ils veulent devenir des produits marketing et en oublient d’être des sportifs.

Pour toi, c’est quoi l’AC Milan ?

Le deuxième grand club de la ville de Milan qui tend à devenir un club moyen. J’ai toujours émis des réserves sur leur nouveau projet et personnellement ça ne m’inspire pas confiance. Eux comme nous cherchons à nous relancer mais la route est longue.

Quel est ton meilleur souvenir lié à l’Inter ? Et le pire ?

Le meilleur est bien sûr la finale de la Ligue des Champions en 2010. J’ai toujours des frissons quand je revois Il Capitano J. Zanetti soulever la coupe, Mourinho en larmes, les buts du Principe Milito… c’était incroyable, on était au-dessus de tout le monde. Quant au pire moment c’est sans doute toute la période d’après 2010. La gestion a été lamentable, les choix sportifs (entraineurs, joueurs et résultats) indignes.

Finalement, tu dirais que l’Inter représente quoi pour toi ?

C’est plus qu’une passion, c’est de l’amour. Je prends très à cœur tout ce qui touche à ce club, mon club, et cela peu importe les résultats et ce qui pourrait arriver. AMALA.

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