Le point G. Rossi

Le point G. Rossi

13 avril 2017 0 Par Nicolas Basse

La preuve que ce n’est pas la taille qui compte. Malgré son 1m73, Giuseppe Rossi aurait pu faire partie des meilleurs attaquants du monde. Au lieu de cela, il s’est fait les ligaments croisés du genou droit à plusieurs reprises, avant de se faire le genou gauche ce weekend.

Lui il nous en aura donné, du plaisir. Au fond de nous, on sait que nous l’aimerons toujours, sans rien lui reprocher et en l’idéalisant sûrement, au moins un peu. Ce n’est pas grave. Il existe des joueurs qui deviennent fades en souvenirs, tandis que d’autres se trouvent magnifiés. Giuseppe Rossi fait partie de la seconde catégorie. Nous parlons de lui au passé, et pourtant sa carrière n’est pas terminée. Nous l’aimons, et pourtant, quand on regarde en arrière à la va-vite, on pourrait se demander pourquoi.

Si nous avions un esprit raisonné, nous autres amoureux de Serie A, nous pourrions nous dire : « Finalement, Giuseppe Rossi, c’est bof ». Au palmarès, seulement une League Cup, gagnée en 2006 avec Manchester United sans jouer beaucoup, et sur le CV : Newcastle, Villareal, Parme, la Fiorentina, Levante et le Celta Vigo. Quelques clubs sexy mais rien d’exceptionnel. Sur le plan statistique, du solide, sans plus : 132 buts en 355 matches toutes compétitions confondues. Des chiffres qui n’auraient pas de quoi faire pâlir un Mickaël Pagis ou un Julio Cruz (oui, celui de l’Inter Milan).

Genou maudit

Heureusement, pas trace de raison chez nous. Sûrement pour ça que Giuseppe Rossi a toujours réussi à nous combler et à garder une place dans notre top 10 secret des meilleurs attaquants qu’on a vu jouer (avec Trezeguet et Milito). D’ailleurs question talent et sens du but, personne ne viendra nous dire le contraire. G. Rossi avait tout pour être un des tout meilleurs.

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Vitesse, rapidité d’exécution, changement de rythme, sens du placement, flair, créativité, sang-froid et sens du collectif. En plus de cette palette oscillant entre Luis Suarez et Del Piero, un comportement parfait. Personne n’a jamais vu le bonhomme faire le moindre geste d’humeur ou un simple écart de conduite. Surtout, il aura suscité l’espoir en Italie. L’espoir de voir à nouveau un attaquant créateur génial, comme on n’en avait plus vu depuis longtemps, dans un secteur où la Nazionale connait un grand vide.

Malheureusement, il y a toujours un hic. Avec Rossi, ce sont les blessures à répétition, aux genoux. Depuis 2011, quatre blessures aux ligaments du genou droit (ruptures et lésions) l’ont éloigné régulièrement des terrains durant de longues durées. Depuis septembre 2011, il n’a disputé que 109 matchs. Une misère, quand on sait qu’un footballeur joue entre 40 et 60 matchs par saison. Résultat : il ne nous aura donné du plaisir que par saccades, brièvement.

Bonheur éphémère

Certains aiment ça, y voient une surprise permanente, un bonus émotionnel. Pendant six mois, Rossi est à l’infirmerie, on l’oublie peu à peu et puis tout d’un coup, on apprend qu’il a signé dans un club espagnol de seconde zone et vient de claquer un doublé. Seulement, on a à peine le temps de voir ses buts, de s’adonner à une séquence de visionnage de vidéos souvenirs que la nouvelle tombe : rupture des ligaments antérieurs du genou gauche, fin de saison et au moins 7 moins loin des terrains.

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Le pire, c’est qu’on s’y attendait. On a fini par s’y habituer. Les meilleurs moments ne durent pas. Giuseppe Rossi le sait bien. C’est aussi pour ça qu’on l’aime. Parce quand il reviendra fouler les terrains, il arborera le plus beau sourire jamais vu dans un stade. Quand il marquera, il célébrera son but avec plus de joie que n’importe quel joueur de l’histoire, parce qu’il sait que le bonheur est éphémère, et qu’on ne vit que pour ces instants de plaisir absolu. Ces instants où l’on voit Giuseppe Rossi contrôler du gauche, se retourner face au but et coller une frappe limpide en lucarne opposée.

@nicolas_basse