Quel club Italien supporter ? (À l’usage des convertis)

4 août 2015 1 Par Nicolas Basse

Devant la Premier League ou la Bundesliga depuis des années, vous en avez marre des matchs avec plus de têtes que de passes réussies et des joueurs qui courent partout sans aucune logique ni tactique, tout ça commenté par des consultants exultant devant chaque tacle abouti ou frappe cadrée. Alors, dans une recherche de nouveauté et de vérité, vous décidez de prêter attention à la Serie A pour la saison 2015-2016. Il n’y a pas de honte à reconnaître ses erreurs, au contraire. Mieux vaut tard que jamais. Seul problème, vous ne savez pas quel club supporter pour pimenter votre saison à venir. Suivez le guide.

La Serie A est un championnat bien particulier. De nombreux derbys à travers le pays, une rigueur défensive de haut niveau dans les gènes, une adoration de la tactique, beaucoup de joueurs d’un certain âge, et, partout, de la classe. De l’orgueil. L’amour d’un club est en Italie au moins égal à celui du pays. Les haines entre beaucoup d’équipes sont tenaces voire virulentes. Certains y voient de la violence, d’autres de la passion. Mais pour le supporter français qui viendrait à la Serie A, telle une seconde naissance, voici quelques critères pour choisir un club à suivre, loin des histoires passionnelles qui ne le concernent pas.

Pour les romantiques

Les Français ont toujours un petit faible pour David plutôt que pour Goliath. À ceux qui seraient concernés par cette aversion pour la facilité, le Torino est tout indiqué. Une équipe avec un effectif sans plus (Maxi Lopez, Quagliarella, Glik, Bruno Peres, Maksimovic…), un stade et un budget limité, mais capable de grands exploits, comme son magnifique parcours en Europa League l’année dernière avec des matchs dingues, notamment contre l’Athletic Bilbao. Le Toro a d’autant plus de mérite qu’il est le second club de la ville de Turin, largement éclipsé sur le plan national par son rival, la Juventus. Une existence dans l’ombre qui dure depuis 1949 et le terrible drame du Superga, où l’équipe Granata, alors maîtresse incontestée de la Serie A, périssait dans un accident d’avion. De quoi rajouter une touche de romantisme à ce club.

Pour les amateurs de FM

Deux choix s’offrent aux féroces stratèges, chercheurs éperdus de jeunes pépites à travers le monde de Football Manager. D’un coté, l’historique Udinese, d’où sont sortis ces dernières années des joueurs comme Cuadrado, Alexis Sanchez, Benatia et autres Handanovic. Cette année, le club du Frioul alignera Scuffet, Widmer, Bruno Fernandes, Duvan Zapata et Lucas Evangelista, tous âgés de moins de 24 ans et promis à un bel avenir. De l’autre, Sassuolo. Promu il y a trois ans, le club d’Émilie-Romagne a séduit par son jeu rapide porté vers l’attaque. Dans ses rangs cette année, il faudra suivre les jeunes Vrsaljko (s’il ne part pas dans un grand club européen), Duncan, et un secteur offensif brûlant mené par Saphir Taïder, Domenico Berardi (15 buts l’année dernière à 20 ans) et Nicola Sansone (décevant à FM).

Pour les nostalgiques des années 90

Il y a encore une grosse dizaine d’années, la Serie A écrasait l’Europe. Littéralement. Parmi les acteurs de cette domination sans partage, l’AC Milan. Avec Berlusconi aux manettes, le club entraîné par Arrigo Sacchi puis Fabio Capello va quatre fois en finale de Ligue des Champions, pour deux victoires (dont un 4-0 d’anthologie contre Barcelone). À l’aube de la saison 2015-2016, le club Milanais se relève à peine d’une saison catastrophique et compte bien sur son nouvel entraîneur Sinisa Mihajlovic pour redorer son blason. Les arrivées du talent Bertolacci au milieu et des attaquants Bacca et Luiz Adriano ont déjà permis d’étoffer l’effectif, en attendant encore au moins un grand défenseur. La Lazio, vainqueure de la Coupe des Coupes et de la Supercoupe de l’UEFA en 1999, sort quant à elle d’une grande saison. Terminant à la troisième place à 1 point de son rival l’AS Rome, les Laziale ont produit le plus beau jeu d’Italie grâce au feu follet Felipe Anderson, mais aussi à Antonio Candreva, Miroslav Klose, Luca Biglia, Marco Parolo et au capitaine Stefano Mauri (Cana s’occupant du spectacle bestial à l’arrière). 2015-2016 pourrait être l’année de la confirmation pour les Biancocelesti, dont le rêve est de devancer enfin la Roma au classement.

Pour les sanguins

Le SSC Napoli est fortement conseillé aux supporters qui ont tendance à s’émerveiller à la moindre victoire, à tomber en dépression pendant six jours après une défaite et à beugler le nom de leur buteur un nombre de fois incalculable, au risque d’y laisser leurs cordes vocales. Naples est belle, Naples est vivante, Naples est brûlante, Naples est passionnée. La raison n’y a pas sa place. Se sentir Partenopei,  c’est être capable d’aller accueillir Higuain à l’aéroport avec 10 000 autres supporters, en croyant dur comme fer qu’il peut arriver à la cheville de Maradona. Oui, supporter Naples, c’est surtout avoir un brin de folie.

Pour les joueurs de puzzle

Assembler différentes pièces en espérant qu’elles vont rentrer ensemble, s’accorder. Voilà l’état d’esprit de l’Inter Milan. Si depuis quelques années les résultats sont décevants, les Nerazzurri portent dans leur ADN le goût du mélange, de l’assemblage. Le club ne s’appelle pas Internazionale pour rien. La preuve ? Lors du triplé historique de l’Inter en 2010, le seul joueur Italien à jouer régulièrement sous les ordres de Mourinho était Materazzi. L’année à venir n’échappera pas à la règle, puisqu’un seul Italien semble être destiné à avoir une place de titulaire, en la personne de Ranocchia (et encore). Les recrues de l’été s’appellent Miranda (Brésil), Kondogbia (France), Murillo (Colombie) et Jovetic (Montenegro). Alors, puzzle réussi pour 2016 ?

Pour ceux qui exultent en entendant : « l’important c’est les 3 points »

Depuis 4 ans, une équipe survole le championnat Italien : la Juventus de Turin. Un stade flambant neuf, des dirigeants intelligents, un grand tacticien au commande et un effectif assez pléthorique dont une partie des titulaires constitue la colonne vertébrale de l’équipe d’Italie (Buffon, Bonucci, Chiellini, Marchisio). Parfois avec style, parfois aux forceps, la Vieille Dame a l’habitude de gagner, et elle aime ça. En Europe, elle est la vitrine du football Italien, qui aura bien besoin de ses exploits pour briller à nouveau. Une valeur sûre.

Pour ceux qui aiment Arsenal, « parce que ça joue bien »

Si nous avons bien trop de respect pour oser comparer ces équipes avec Arsenal, deux clubs ont la réputation de produire un jeu léché. Le premier est l’AS Roma de Rudi Garcia. Avant de s’écrouler en milieu de saison dernière, le Romains ont proposé pendant plusieurs mois des actions en une touche de balle, avec des contre attaques ultra rapides. Un club au caractère fort, avec ses deux légendes, Totti et De Rossi. Le second est la Fiorentina. Si ses supporters ont parfois des comportements ultra limites, la Viola propose souvent du très beau football, avec plus ou moins de réussite. À la baguette notamment, Borja Valero, le chauve. Si Montella est parti, Paulo Sousa devrait continuer dans la veine du football offensif et pourra compter, on l’espère, sur le retour de Giuseppe Rossi.

Pour les passionnés de brocante

Avec l’Hellas Vérone, ceux qui aiment admirer les vieilleries parmi des tas de bibelots insignifiants seront servis. Avec Francesco Benussi, Rafael Marquez, Vangelis Moras, Giampaolo Pazzini et Luca Toni, les Gialloblu affichent un paquet de centaines d’années sur le terrain. Et comme le bon vin, cette cuvée de Vérone pourrait s’avérer savoureuse vue son âge avancé, avec un duo d’attaque Pazzini/Toni que certains (ambitieux) annoncent au-dessus des 40 buts.