
Faut-il quitter Pirlo ?
On n’aime pas Andrea Pirlo comme on aime un joueur de foot. C’est bien plus fort que ça. Voici l’analyse d’une histoire d’amour en péril.
D’abord, il faut prendre le temps d’écouter, de prononcer son prénom, son nom. Séparément, doucement. Andrea. Pirlo. Et puis les deux ensemble. Andrea Pirlo. Un enchaînement de syllabes de velours qui ressemble à une caresse. En fermant les yeux, une forme ronde émane de ces sonorités. Et puis quand on pense à lui, souvent puisqu’on l’aime, on voit son visage christique, avec ou sans barbe, son allure, fragile et nonchalante. Ce sont des centaines d’images qui affluent dans un mélange de classe, de toucher, d’ouvertures impossibles. Elles sont bien trop nombreuses pour toutes les distinguer, mais les plus fortes reviennent avec précision et nous ébahissent, nous font plaisir, nous touchent. Parmi elles, un Euro 2012 passé à marcher sur l’eau avec en apothéose ce match contre l’Angleterre et sa folle panenka.
Les larmes de Pirlo après la finale perdue à ce même Euro. Ou un coup franc majestueux pour fêter sa 100ème sélection dans le mythique stade Maracana
L’amour fou
L’histoire dure et évidemment il y en a bien d’autres, des souvenirs. Des plus anciens, des plus beaux. Le temps les a patinés, obscurcis, mais qu’importe. L’important n’est pas là. On parle d’un footballeur unique. Ses surnoms hérités au cours de sa carrière, « le métronome » et « l’architecte », parlent d’eux-mêmes. Devant la défense, Andrea reçoit le ballon. A partir de là, tout est possible. Une transversale de 30 mètres parfaite, une ouverture en une touche dans le dos de la défense ou encore de petits pas ponctués de râteaux pour temporiser. Depuis sa jeunesse Pirlo trottine, jamais plus. Son poste et sa science du placement ne l’exigent pas. Et de toute façon, son physique ne le permettrait pas.
Même si en amour les chiffres, ce n’est pas beau, il en faut quelques-uns pour s’assurer à quel point on a raison de l’aimer. 112 fois, il a étrenné le maillot de la Nazionale, pour 13 buts. Les terrains de Série A l’ont accueilli à près de 700 reprises. A son palmarès, 1 Coupe du Monde, 5 Championnats d’Italie et 2 Ligue des Champions. En 2012, Andrea Pirlo frôle le ballon d’or. Il culmine à 87,5% de passes réussies sur un total de 3368. Personne n’a fait mieux en Europe. Cette même année, il crée 141 occasions de but, un record. Et puis pas n’importe quelles passes…Mais non, La Fifa ne regarde que la Liga et le décerne à Messi. De toute façon, Pirlo s’en moque : « Les compliments de mes coéquipiers et des très grands joueurs, c’est ça qui compte pour moi. Ca vaut tous les ballons d’or ».
Doute
Avec Andrea Pirlo, c’est une relation passionnelle qui dure depuis plusieurs années. Il nous rend heureux, illumine nos journées. Chaque fois qu’on le voit, le monde s’arrête autour de nous. Lorsqu’il touche la balle, renvoie une passe millimétrée, on sourit et on se sent tout simplement bien. Quand Pirlo va, tout va. Mais voilà, après une longue histoire, quand on a aimé follement, il y a toujours un risque. Celui d’être déçu. Celui de, tout d’un coup, se rendre compte qu’on a plus d’affection et de tendresse que d’amour véritable pour l’autre.
Cet été, Pirlo, comme la Squadra Azzura, a déçu. En retard, moins précis, moins génial. Le jeu entier de l’équipe en a pris un coup. Eliminé très tôt, on espérait secrètement voir Andrea revenir au top de sa forme en septembre, malgré ses 35 ans. Sa saison, il la débute sur le banc, remplacé par un brillant Marchisio, le temps de retrouver du rythme. Seulement, depuis 3 semaines il rejoue, et le doute s’épaissit. Comme à la Coupe du Monde, il parait en retard, ne trouve plus ses ouvertures géniales et semble un poids pour la Juve. On se rassure en se disant qu’il a déjà connu des périodes de moins bien, et que ça n’a jamais duré longtemps. Ses partenaires aussi espèrent, au fond, qu’il redeviendra le Pirlo qu’on aime plus que tout. La preuve contre l’Olympiakos. Alors que Pirlo rate tout, passes, coups francs et corners, pas une seule fois ses coéquipiers ne montrent de signe d’agacement. Mieux, ils l’applaudissent, l’encouragent, lui tapent dans le dos. Sorti à la 59ème minute dans un stade Grec réputé agressif, Pirlo reçoit une standing ovation qui va jusqu’à faire chevroter la voix des commentateurs, eux aussi conscients de la situation.
Rupture ?
Lorsque le doute se prolonge, il n’y a que deux solutions. Chacune est un pari, douleureux. La première est de croire en cet amour. Se dire que ce n’est qu’une passade, qu’il faut lui laisser une chance de se ressaisir. Après tout, il a prouvé par le passé qu’il pouvait être le meilleur, pourquoi ne pas lui accorder un peu de temps ? Rien ne dit qu’en novembre, qu’en février, s’il continue à jouer, il ne sera pas à nouveau au sommet de son art. Après tant de belles années, on ne peut pas croire que cette histoire se finira comme ça. Ca semble impossible, puisqu’on pensait que ça durerait toujours.
La seconde est plus brutale, plus raisonnée, et part de ce constat : les années passées ont été merveilleuses, les plus heureuses, mais aujourd’hui Pirlo a 35 ans. Il ne court presque plus et n’est plus aussi décisif. Le temps n’arrangera rien à l’affaire, au contraire. Alors pourquoi ne pas s’arrêter là avant de tout gâcher ? Evidemment, on se dit qu’il n’y aura plus jamais de moments aussi magiques, que seul Pirlo pouvait nous rendre à ce point heureux. Il faudra beaucoup de temps, forcément, pour effacer la tristesse de la fin d’une histoire aussi forte. Et puis, un jour la page se tournera. Petit à petit, il faudra repartir de l’avant. D’ailleurs, les prétendants ne manquent pas, entre l’amant de toujours, Claudio Marchisio et la jeunesse enthousiaste, Paul Pogba.
Qu’il nous déçoive ou non, même si le temps passe, s’il finit la saison sur le banc, une chose est sure. Le soir, en s’endormant, on y repensera comme on pense à une ancienne histoire terminée. Seuls son visage, ses passes, ses coups-francs resteront. On se dira qu’il nous aura fait vivre les meilleurs moments de notre jeunesse et son nom résonnera en nous. Andrea. Pirlo. Andrea Pirlo. Pour toujours.
Pirlo, comme tout joueur qui arrive en fin de carrière, s’essoufle. C’est normal et encore je trouve qu’il vieillit beaucoup mieux que Xavi ou Gerrard. Rien qu’à voir le match qu’il fait hier à Empoli… En tout cas bravo pour ton blog. J’ai trouvé une nouvelle lecture 🙂
Jérémy
[…] Un ami d’un collègue de boulot m’a filé le lien vers ce blog. J’ai de suite apprécié, parce que déjà j’aime beaucoup la Série A, mais également parce que j’aime bien les sujets des articles. Il s’agit d’un blog jeune mais qui m’a très rapidement conquis. Avec sérieux, il va raconter ses anecdotes sur le football italien. Je vous recommande cette lecture même si l’on est pas fan de Calcio, ce qui peut se comprendre parfois. Et puis étant fan de la Juve, je ne pouvais pas vous conseiller de lire son article sur Pirlo. […]
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Bonjour ! La vision qu’avait Pirlo était tout bonnement impressionnante. Que ce soit à l’AC Milan, à la Juventus ou en sélection nationale, il dictait le jeu tel un maestro.