La Juventus et le mythe du début de saison
Pourquoi « La saison commence maintenant » est un refrain éternel à Turin.
Vendredi 20 novembre 2020, conférence de presse d’Andrea Pirlo après le retour des internationaux partis pour la trêve internationale. Après sept matches de Serie A pour ses débuts sur le banc des bianconeri, l’entraîneur aux velléités offensives doit se contenter de la cinquième place.
La Juve n’a pas encore perdu en championnat, n’affiche que six buts encaissés au compteur (deuxième meilleure défense) alors qu’elle en a marqué quinze (6e meilleure attaque ex-aequo). Avec quatre longueurs de retard sur le leader, l’AC Milan, ces zèbres qui se cherchent encore devant et paraissent moins solides que par le passé derrière ne sont pas non plus inquiétants.
Malgré tout, la pression est déjà sur les épaules de Pirlo. Le Maestro doit vite trouver la bonne alchimie pour une équipe équilibrée, complète, dominatrice sur la scène nationale et ambitieuse en Ligue des champions. Ce 20 novembre il déclare « La période d’adaptation est terminé, notre saison commence maintenant. »
Allegri, Sarri, Dybala, même combat
Venant d’un néophyte devant prendre les rênes d’une des meilleures équipes du monde, ces propos ne choquent pas. D’une phrase, il avoue qu’il y a eu des tâtonnements, demande à n’être jugé qu’à partir de maintenant et laisse espérer que le rendement de la Juve va s’améliorer très rapidement. Seulement, ce « La saison commence maintenant » est une rengaine bien trop connue des fans de la Juventus.
En décembre 2019, c’est Maurizio Sarri qui explique prendre enfin du plaisir à l’entraînement et noter que l’équipe commence à adopter le jeu qu’il prône. Fin octobre 2015, alors que la Juventus perd à Sassuolo et pointe à la douzième place, c’est Massimiliano Allegri qui affirme qu’il est confiant et que la vraie Juventus sera visible dans les semaines qui suivront.
Quasiment après chaque qualification en huitième de finale de la Ligue des champions obtenue en ayant lutté dans un groupe pas forcément incroyablement dense, c’est toute la twittosphère qui se rassure : la Juve est une grande équipe, et la saison des grandes équipes démarre vraiment en février. Même son de cloche après les débuts de saison décevants ou les passages à vide de Paulo Dybala. La vraie Joya ne va pas tarder à revenir.
Rengaine
À en croire les joueurs, les entraîneurs et parfois les fans, attendons un peu et on verra la vraie Vieille Dame. C’est parfois vrai, notamment avec la Juve d’Allegri qui roule sur la Serie A et se transforme en machine, et parfois faux, avec le raté Sarri et plusieurs déceptions en Europe. Surtout, cela traduit deux grandes tendances qui définissent la Juventus depuis plusieurs années.
D’abord, un espoir sans fin. Celui de voir les bianconeri produire un jeu léché, offensif, gagner avec la manière, sans discussion possible. Tout en étant impériaux en défense. Ce rêve qu’Antonio Conte a, un instant, concrétisé, que Maurizio Sarri n’a pas su réaliser malgré l’énorme attente et que Massimiliano Allegri n’a jamais nourri.
Ensuite, comment ne pas y déceler un niveau d’exigence très sévère ? Neuf championnats de rang gagnés, deux finales européennes lors des six dernières saisons, et toute l’institution s’inquiète au moindre écart de résultat, à chaque frémissement lors de l’arrivée d’un nouvel entraîneur.
Produire du beau jeu, faire briller Dybala et CR7 en même temps, remporter le dixième scudetto de suite et aller loin en Ligue des champions, Pirlo en est-il capable ? Peut être. Mais qu’il ne tarde pas, la saison commence maintenant.
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