Supersub : pour une nouvelle revue sur le football
Créer une revue papier sur le football en 2018 pour évoquer « le phénomène social et culturel le plus fascinant de notre époque » ? C’est le pari indépendant qu’il faut soutenir.
Le monde de la culture footballistique en France connait un nouveau printemps. Des blogs en pleine forme, des podcasts qui cartonnent (par exemple Vu du banc), de plus en plus de publications de livres dédiés au football et des revues. Si celle de Lucarne Opposée avait été bien annoncée sur les réseaux sociaux par ce blog parmi les plus suivis, une autre a surpris tout le monde : Supersub.
Derrière ce nom évoquant follement le début des années 2000, six jeunes hommes. Journalistes, spécialiste de droit et dessinateur s’étant rencontrés à Lille durant leurs études. Leur rêve était de créer, un jour, une revue sur la culture du football. Comme beaucoup de jeunes passionnés. Seulement, eux l’ont fait, de manière totalement indépendante. Le but ? Maxime, membre de Supersub, explique : « Parler des enjeux du football dans un sens large, des problèmes de fonds souvent relégués au second plan par l’offre médiatique actuelle. »
Un pari osé
Si certains d’entre eux ont déjà écrit sur des plateformes de référence comme Ecofoot ou les Cahiers du football, leur projet ne se base pas sur une entité déjà existante comme un blog ou une rédaction, mais consiste à en inventer une : Supersub. Costaud. En quelques semaines, mise en ligne d’un site, ouverture de profils sur les réseaux sociaux, annonce officielle et campagne de financement.
Une démarche express portée par un pari osé : un numéro 0 déjà prêt. Le but de ce coup de folie ? Pouvoir exposer : Voici ce dont nous sommes capables, faites-nous confiance et donnez-nous les moyens de faire encore mieux. « On a lancé nos réseaux sociaux un peu avant la sortie du numéro 0 en janvier puis la campagne de financement mi-mars » explique Maxime. Autrement dit, grâce au numéro 0, le public pouvait se faire un avis avant de s’engager financièrement, contrairement à la plupart des projets à financement participatif.
Ingénieux mais risqué, puisque cette « carte de visite » a été financée uniquement par les auteurs, qui ont bien préparé leur coup : « Pour ce qui est de la maquette, on a d’abord mis sur pied un chemin de fer et on s’est réparti les différents articles. Vincent et Robin sont partis tous les deux en Italie l’été dernier pour rencontrer des acteurs locaux du foot et ainsi écrire leurs articles, ce sont donc de vrais reportages. Pour ce qui est de la confection graphique, on a fait appel à Valentin Cottenye pour réaliser cette couverture (originale) et Robin s’est quant à lui chargé de la publication assistée par ordinateur. Pour le format, on voulait vraiment se rapprocher des fanzines berlinois ou anglais tout en proposant aussi quelque chose qui se rapproche des revues universitaires. L’avantage de ce format est qu’il tient facilement dans une poche en plus d’être lisible assez aisément dans les transports en commun, sans gêner son voisin. »
L’Italie pour commencer
Quel sujet choisi pour le numéro 0, qui concentre tant d’attentes et d’enjeux ? Le Calcio, son apogée, les raisons de son déclin et son renouveau. Pourquoi ce thème ? Toujours Maxime : « On a commencé par le Calcio car c’est un sujet symptomatique du mal qui ronge le football moderne. De plus, c’est un football qui nous a fait rêver étant gosses et qui maintenant est souvent relégué au second plan par les médias (français). Au-delà de cet aspect sportif et économique, le football italien posait tout un tas de questions relatives à la société comme le supporterisme ou l’intégration sociale face à la décadence du foot moderne. On a bouclé ce numéro sur le Calcio quelques jours avant l’élimination de la Squadra Azzurra face à la Suède, autant te dire qu’on était dans le thème. »
Un contenu de qualité, précis et assez grand public revenant minutieusement sur les déboires financiers du football italien, l’école tactique de la Botte, les tribunes qui se sont vidées, l’extinction de la lignée des grands joueurs ou encore les nouveaux projets de clubs alternatifs. Une réussite aussi bien rédactionnelle que formelle, avec une petite BD, des dessins somptueux, des stickers à l’ancienne et quelques graphiques soignés.
Réussite
Quelques semaines plus tard, bonne nouvelle : le numéro 0 est en rupture de stock (désormais consultable gratuitement en ligne ici), la campagne de financement dépasse les attentes et le numéro 1 peut être envisagé. Son thème ? Le rapport entre foot et technologie. On ne peut plus d’actualité.
Rafraichissant, Supersub donne déjà envie de voir ce prochain numéro. Mais sur le plus long terme, quel est le but ? « C’est une question qui revient de plus en plus mais à vrai dire on se la pose rarement entre nous. L’objectif premier était de sortir ce numéro pilote et de voir les retours qu’on aurait dessus. Etant donné qu’ils ont été bons pour la majorité, on a décidé de se lancer dans deux nouveaux numéros. On va désormais s’atteler à proposer un numéro 1 digne de ce nom, avec encore plus de belles illustrations et encore plus de pages. Cette revue est le projet central de notre collectif mais on veut se démarquer via des événements autour de la culture foot et la culture sport en général : soirées, conférences, podcast, projections, expositions. »