La mauvaise passe de Verratti
Le joyaux de Pescara affiche depuis le début de la saison une inefficacité surprenante et enchaîne les déclarations déroutantes. Une simple passade.
Disette et cigarette
Tout juste remis d’une pubalgie lancinante qui l’avait éloigné des pelouses durant toute la seconde partie de saison 2015-2016 et privé de l’Euro quasi-parfait réalisé par les azzurri, Verratti connaît un automne moyen. Souvent en demi-teinte malgré quelques fulgurances, l’italien déçoit et intrigue. Son but – chose assez rare pour être signalée – contre Rennes début novembre au lendemain de son anniversaire n’est qu’un fait divers. Quid de ses performances et de son avenir ? Le contraste est saisissant avec la situation de son compère Balotelli, fraîchement débarqué à l’OGC Nice. Tandis que l’ancien milanais a déjà inscrit son 6ème but en 5 matchs de championnat contre Nantes fin octobre, Marco paraît moins décisif et s’est un temps empêtré dans une risible affaire de cigarette, quelques jours avant la réception de l’OM.
Une rencontre durant laquelle il ne rassure personne, ni sur le terrain ni après. Visiblement agacé d’être sorti avant l’heure de jeu d’un match ultra-frustrant, Marco n’hésite pas à exprimer son mécontentement à son entraîneur, à sa manière… Dans un flot de paroles plus ou moins contrôlées, toujours adoucies par un regard azur d’enfant. Très vite, de nombreuses hypothèses naissent de cet acte isolé, dont la rupture entre l’entraîneur et le jeune italien. Une semaine plus tard, après la victoire poussive contre Lille, Verratti pointe l’emballement de la presse sportive sur cette sortie houleuse et assure respecter pleinement ses entraîneurs. Ouf.
Malgré tout, le refrain d’un possible retour du prodige en Italie refait surface. Une rumeur entretenue par son fidèle agent, Donato di Campli, pas vraiment friand du calme plat. La preuve : pendant que Marco enchaîne les matches ternes, di Campli n’hésite pas à souligner le manque de reconnaissance des journalistes envers son protégé. Menace, simple moyen de pression adressé au club ou appel du pied à l’étranger ? Un cap est franchi lorsque Donato di Campli déclare à un média italien que : « Les journalistes français devraient être honorés que Marco joue à Paris. ». Dans l’absolu, difficile de lui donner tort, mais avec ses propos il ouvre la porte à de nombreuses interprétations saisies par la presse sportive.
Retour à la normale ?
Depuis le début de saison, entre la remise à plat de la concurrence et le exigences tactiques d’Unay Emery, la méforme de l’entre-jeu parisien n’est pas limitée à la personne de Verratti. Tout le monde ou presque semble mettre du temps à s’adapter à un nouveau système qui perturbe les habitudes. Résultat : le PSG n’arrive plus à verrouiller les matchs et à proposer la même fluidité de jeu qu’autrefois. Pour l’instant. Ajoutés à cela un Krychowiak dépassé par la progression de Rabiot et un Thiago Motta en fin de cycle, la baisse de régime de Marco se fond dans un milieu en grande mutation. Au moins, cette passade met en lumière à quel point le club a besoin de son génie italien. Le record de ballons joués dans une rencontre (158) n’est qu’une des illustrations de cette dépendance, qui comporte son lot de sueurs froides, fièrement revendiquées (au journal Le Monde) : « Je ne changerai jamais. Retirer la part de risque dans le foot n’a pas de sens. Au contraire, il faut s’amuser. C’est un jeu. ». Un jeu, certes, mais où ne pas le voir exceller chagrine très vite.
Verratti sait donc qu’il aborde une saison charnière, à tout juste 24 ans. Si son choix judicieux de signer au PSG en 2012, convaincu par un Leonardo regretté, était motivé par les objectifs ambitieux et légitimes du club de la capitale, ces objectifs tardent à se concrétiser. Notamment tant l’écart du PSG avec les grands clubs historiques semble, sur le plan mental, encore grand. Lié au Paris Saint-Germain jusqu’en 2021, l’ex-chouchou de Carlo Ancelotti sait que pour réussir en Ligue des Champions, son équipe aura besoin de lui à son summum. Au risque, en cas d’une nouvelle désillusion, d’être tenté par l’envie de voir ailleurs (Juventus aux aguets, notamment).
Heureusement pour tout le monde, le vrai Verratti commence à pointer à nouveau le bout de son nez. Moins de pertes de ballon et quelques passes soyeuses avec le PSG, une condition physique en hausse aperçue lors des derniers matchs et une prestation plutôt convaincante avec l’Italie (contre le Lichtenstein, certes). Encore quelques semaines et, c’est certain, Marco sera de retour. À nouveau, le Parc pourra célébrer son chouchou. Celui qu’il a toujours aimé et soutenu dès ses premiers matchs, pendant lesquels le hibou a su nouer un lien spécial avec son public à coup d’ouvertures millimétrées, de coups vicieux, de tacles bien sentis et de grande humanité.
AV
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[…] chiffres n’ont vraiment aucune importance. Verratti ou Thiago Motta peuvent faire un match très très moyen et toucher 150 ballons. S’ils jouent […]