Sassuolo : le coup de mou
Après une incroyable 6ème place l’année dernière en Serie A, une qualification historique en Europa League et un début de saison tonitruant, Sassuolo marque le pas. Au point de frôler avec la zone de relégation.
Il y a seulement trois ans, Sassuolo, club jusqu’alors méconnu et sans réussite notoire depuis sa création en 1922, surprend le football italien en remportant la Serie B. Ainsi, pour la première fois de son histoire, la petite ville de la région de Modène et ses 41 000 habitants voient leur club accéder en première division. Mieux : l’année suivante, le club parvient à se maintenir, chose assez rare en Italie pour un promu ces dernières années, pointant à deux points du premier relégable. En 2014-2015, la surprise fait place à la séduction. Les Neroverdi (noirs et verts) chatouillent plusieurs fois de grosses équipes (nuls contre la Juventus, la Roma, la Fiorentina, victoires contre le Milan et l’Inter) et atteignent la 12ème place du classement.
L’option offensive
Cette progression s’explique de plusieurs manières. D’une part, grâce au président Squinzi, propriétaire du club depuis 2002 et président de Mapei, grand groupe de produits chimiques. Lors du rachat du club, il lance un projet ambitieux visant à monter une équipe jeune, tournée vers les joueurs italiens, à s’approprier le stade (désormais rebaptisé Mapei stadium) partagé avec d’autres équipes et à le rénover, faisant passer sa capacité à 23 700 places. Certaines parties de ce projet, relatives à la propriété du stade, font d’ailleurs grincer pas mal de dents dans la Botte. D’autre part, la montée en Serie B et le maintien en A peuvent être attribués à Eusebio Di Francesco, l’entraîneur depuis 2012. Jeune (47 ans désormais), il porte des idées de jeu offensives basées sur la force du collectif et la rapidité.
Si son système en 4-3-3 montre parfois des failles, comme le 7-0 infligé par l’Inter lors de la seconde journée de la saison 2014-2015, il parvient souvent à renverser des équipes un peu attentistes et à mettre à mal des schémas défensifs. Enfin, ce parcours fou est aussi dû à Domenico Berardi, le jeune ailier gaucher, qui inscrit cette saison-là 15 buts et délivre 10 passes décisives. Et la belle histoire ne s’arrête pas là. En 2015-2016, le club atteint la 6ème place de Serie A avec 61 points, au nez et à la barbe de l’AC Milan, se qualifiant pour les barrages de l’Europa League. Une première fêtée comme un titre par les hommes de Di Francesco.
Tapis vert et série noire
Pour cette année 2016-2017, Sassuolo repart sur le même rythme, malgré les départs de Vrsaljko (Altetico Madrid) et de Sansone (Villareal). Le club élimine le FC Lucerne puis l’Étoile Rouge de Belgrade pour se retrouver en phase de groupes d’Europa League et gagne son premier match de championnat à Palerme. Puis vient le premier tournant de la saison avec la réception de Pescara. Alors qu’ils l’emportent 2-1 sur le terrain, les Neroverdi sont sanctionnés par la ligue d’une défaite sur tapis vert. La raison ? Avoir aligné sur la feuille de match un joueur pas encore qualifié par les instances. Un jour noir pour le club puisque dans le même match Berardi se blesse pour deux mois. Catastrophique, quand on sait que le feu-follet avait déjà marqué 7 buts en 6 matchs. Le club enchaîne avec une défaite 3-1 chez la Juventus. Le tarif normal.
Mi-septembre, on croit à l’embellie. Sassuolo entame son groupe d’Europa League en balayant l’Athletic Bilbao 3-0 au Mapei stadium et bat le Genoa 2-0 trois jours plus tard. Sans Berardi mais avec des hommes forts comme l’attaquant français Grégoire Defrel, l’ailier Politano, l’arrière droit Lirola (prêté par la Juventus) et le défenseur Acerbi, les Neroverdi semblent reverdir. Pour peu de temps. Depuis le 29 septembre, ils ont gagné un seul match, à domicile contre Crotone, fait 3 matchs nul et cumulé 5 défaites. Parmi elles, une est plus douloureuse : celle à San Siro contre l’AC Milan. Alors que le club menait 3-1 à la 56ème minute, les Rossoneri l’ont emporté 4-3. Pire ! Depuis le 29 septembre, Sassuolo n’arrive pas à boucler un seul match sans prendre de but et en encaisse plus de deux en moyenne par rencontre.
Ça repart ?
Aujourd’hui, le club pointe à la seizième place du classement avec 13 points. En Europa League, il est dernier du groupe mais a seulement un point de retard sur la première place, à deux journées de la fin. Pas de quoi se réjouir, donc, mais pas de raison de s’inquiéter outre-mesure non plus. Les Neroverdi découvrent cette année ce que signifie jouer deux compétitions à fond (et bientôt trois avec la Coupe d’Italie), ressentent les effets prolongés de l’absence de Domenico Berardi et, surtout, subissent un coup de moins bien de la défense. S’ils mènent souvent et produisent du beau jeu, les joueurs de Sassuolo paraissent incapables de tenir un score depuis quelques semaines (remontés chez eux 2-2 par le Rapid Vienne alors qu’ils menaient 2-0, la semaine dernière). La saison ne fait que commencer et Di Francesco devrait arriver à remettre de l’ordre dans son secteur défensif. Au point de revenir jouer les troubles-fêtes au sommet de la Serie A et de sa qualifier pour le prochain tour d’Europa League ?