Totti : l’amour dure (au moins) 40 ans
Ce mardi 27 septembre 2016, Francesco Totti fête ses 40 ans, deux jours après avoir marqué son 250ème but en Serie A. Une légende. Et dire qu’il parle de prolonger son contrat encore une saison ou deux…
Qui ne respecte pas Francesco Totti ? Voilà une question suffisante pour classer vos amis footeux. Ceux qui s’en moquent ou en parlent avec dédain, craignez-les. La folie et le mal rodent en eux. Les autres, aimez-les et félicitez-vous de les avoir pour amis. Ce sont des gens bien, parce qu’ils savent reconnaître et admirer la légende quand ils la voient.
Oui, Totti est une légende de l’histoire du sport. Ce genre de figure qui fait de plus en plus défaut au foot moderne, ce qui le condamne à devenir toujours plus amer et impersonnel. D’ailleurs, vos amis ne sont pas les seuls à l’admirer. Tout le monde le fait, à l’image des plus grands joueurs. Zidane, Del Piero, Sergio Ramos, Giggs, Maradona… Tous ont déjà exprimé leur amour et leur respect pour Francesco Totti.
Chiffres fous
L’amour, le vrai, voilà de quoi il s’agit quand on parle de Totti. C’est en 1989 qu’il revêt pour la première fois le maillot du club de son cœur, l’AS Roma, en section jeunes, à l’âge de 13 ans. Quatre ans plus tard, en 1993, il passe pro. À cette époque, Antoine Griezmann n’a que deux ans et Paulo Dybala n’est pas encore né. En 23 ans de professionnalisme à la Roma, il foule 763 fois les terrains et marque 306 buts toutes compétitions confondues (et délivre 192 passes décisives). Ce weekend de fin septembre 2016, il inscrit le 250ème de sa carrière de Serie A et conforte toujours plus sa place de deuxième meilleur marqueur de l’histoire du championnat derrière Silvo Piola (274), attaquant légendaire ayant terminé sa carrière en 1954.
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À chaque but, Totti fait se lever les foules par sa joie de marquer, fait verser une larmichette aux supporters de la Roma par sa ferveur et sourire de bienveillance les simples spectateurs par sa célébration iconique, pouce dans la bouche. Évidemment, personne ne peut rester indifférent face à Totti. En même temps, comment être stoïque devant ses frappes surpuissantes, ses coups-francs éclairs, ses penaltys toujours transformés ou ses coups de tête rageurs ? Comment ne pas être ému devant son inamovible numéro 10 dans le dos et son brassard fièrement glissé autour de son bras alors qu’il court avec cette démarche particulière, buste bien droit ? Qui pourrait ne pas écarquiller les yeux devant ses folles ailes de pigeons, talonnades et pichenettes en pleine lucarne ?
Éternité
Preuve de son amour éternel pour son club, Totti y restera jusqu’au bout, faisant fi à plusieurs reprises d’offres mirobolantes de la part des plus grandes équipes comme le Real Madrid, Chelsea, Manchester United ou le Milan AC. Certains osent le railler pour sa fidélité, qui l’aura empêché de remporter les plus grands titres et notamment la Ligue des Champions. Ceux-là n’ont rien compris au football et sont prêts à passer à un sport 100% déshumanisé. Tant mieux pour eux, c’est l’avenir.
Il faut reconnaître malgré tout que une Serie A, deux Coupes d’Italie et deux Supercoupes d’Italie, c’est peu. Un palmarès aussi frustrant que sa carrière en Nazionale, qui n’aura jamais été aussi belle qu’escomptée. 58 sélections pour 9 petits buts (et une Coupe du Monde 2006, quand même), quelques blessures à des moments cruciaux, des incompatibilités avec certains plans de sélectionneurs… Dommage. Mais est-ce aux trophées et aux récompenses individuelles que l’on reconnait un grand joueur ? Pas sur. Les graffitis, les tatouages, les autels à son effigie, les larmes dans les yeux en évoquant son nom, les hurlements d’un stade le voyant partir à l’échauffement, les trémolos dans la voix des commentateurs décrivant son dernier but, les regards pleins de respect de ses partenaires, voilà comment définir l’homme.
Et maintenant ?
Depuis plusieurs saisons, Totti semble sur le déclin, un peu à court de forme, et la presse italienne lui prête des querelles avec ses entraîneurs. Petit à petit, les observateurs se demandent si, finalement, il ne serait pas temps pour Il Capitano de prendre sa retraite pour son bien et pour celui de l’équipe. Seulement, il s’agit de Francesco Totti. Et s’il joue moins, il est toujours décisif. D’un doublé permettant de remonter de 1-2 à 3-2, avec un penalty inscrit à la dernière minute, par des passes décisives impossibles délivrées dans les 10 dernières minutes, il reste au-dessus du lot.
Mieux ! Cette année, il a l’air d’avoir mis les bouchées doubles pour être à son meilleur niveau physique, au point que Luciano Spalletti l’a fait passer du statut de super remplaçant à celui de titulaire début septembre. Signe, s’il le fallait encore, que le Capitaine est inépuisable. Son but, c’est de faire gagner la Roma. Son rêve, que cela ne s’arrête jamais. À 40 ans, il est toujours là et rien ne laisse songer qu’il ne resurgisse plus des entrailles du stade pour faire rugir d’amour les Romains. Et s’il venait à rester une année de trop, en 2017-2018, lent, de moins en moins lucide et perdant plus de ballons ? Et bien le stade continuerait toujours de l’acclamer, lui pardonnerait ses fautes, fermerait les yeux sur les actions qu’il gâcherait et ne verrait que l’homme qu’il a toujours aimé. Francesco Totti.