Aurélie Efe : « J’ai dit à mon frère : tu verras, un jour je serai arbitre »
Policière et arbitre fédérale féminine 1, Aurélie Efe évoque sa passion pour le football et son parcours l’ayant menée à l’arbitrage.
Peux-tu te présenter ?
J’ai 31 ans, je suis fonctionnaire de Police dans l’est, vers Épinal. Niveau sport je pratique assidûment l’athlétisme en club. Cela me permet d’être performante à la fois sur la vitesse et sur l’endurance pendant des matchs de 90 minutes. Je m’entraîne sur plusieurs disciplines pour être la plus complète possible. Le sport c’est vital pour moi, et en plus grâce à ma condition je peux être au plus près des actions !
Comment t’est venue la passion du foot ?
J’ai grandi dans une famille d’amoureux du football. Mon père adorait en regarder et mes frères l’ont pratiqué alors, forcément, j’ai baigné là-dedans très jeune. J’ai bien accroché puisque j’ai joué 3 ans en club. J’étais défenseure latérale droite ou gauche mais au bout d’un moment j’en ai eu marre. Comme un de mes frères était arbitre et me disait qu’il n’y avait pas d’arbitres femmes, je lui ai dit : « tu verras, un jour je serai arbitre ». J’ai intégré une formation où il n’y avait effectivement que des garçons. J’ai suivi tout le parcours, fini major de ma promotion et je suis devenue arbitre ! C’était la meilleure façon de continuer le football et de s’épanouir après avoir arrêté de jouer.
Justement, comment devient-on arbitre ?
Déjà, il faut choisir un club que l’on veut représenter en tant qu’arbitre. Pour cela, le club choisi doit avoir des places disponibles pour accepter. Ensuite, on suit une scolarité de 5 ou 6 mois avec des cours et on passe un examen écrit où une note minimale est requise. Enfin, on passe au terrain et des examinateurs jugent notre niveau. Si on est acceptés, on devient arbitre puis arbitre officiel(le) titulaire. Chaque année, l’arbitre est noté sur ses matchs. J’invite aussi les personnes intéressées à se rendre aux journées de l’arbitrage qui visent à valoriser l’arbitrage, notamment féminin.
Aujourd’hui, à quel niveau évolues-tu ?
J’étais fédérale féminine 1 l’année dernière mais à cause d’une blessure en cours de saison j’ai été rétrogradée en 2. J’arbitre des matchs de D1 et D2 féminine et je suis arbitre de touche en CFA et CFA 2. Je fais également des tournées internationales pour les U17 et U19 féminines, notamment en Irlande ou encore à Bruxelles. C’est très enrichissant de rencontrer d’autres arbitres venant de pays différents. Elles ont parfois une autre vision des choses et les échanges sont toujours passionnants. C’est l’occasion de passer de bons moments et de créer des liens.
Qu’est-ce qu’une bonne arbitre ?
Le maître mot est de faciliter le jeu. L’arbitre fait partie du spectacle et doit veiller à son bon déroulement, à ce que les joueurs puissent s’exprimer en sécurité et ne siffler que lorsque c’est nécessaire. Il faut n’être là que pour sanctionner les fautes qui le méritent, ne pas trop en faire. Un bon arbitre doit être le plus discret possible tout en se faisant respecter par les joueurs.
As-tu déjà subi des remarques sexistes sur les terrains ?
Au début, j’ai senti un peu de réticence chez certains. Ils me scrutaient, se demandaient si j’avais vraiment le niveau. Mais très vite les gens ont compris qu’il n’y a pas de différence entre hommes et femmes dans l’arbitrage. Je dirais même que les joueurs hommes montrent plus de politesse et de retenue à l’égard d’une arbitre. Ils vont moins contester et montrent plus de respect. Les seules remarques que j’ai de la part des joueurs, c’est quand ils me chambrent en me demandant mon numéro de téléphone. Mais c’est pour blaguer et cela reste très bon enfant.
Pour en savoir plus sur l’arbitrage, rendez-vous sur www.tousarbitres.fr