Raggi, c’est fini ?
Après avoir contribué à la remontée de Monaco en Ligue 1 et à son renouveau sur la scène Française et Européenne, Andrea Raggi n’est plus au top niveau. Pire, cette saison, il est souvent relégué sur le banc, placé derrière Echiejile, Wallace ou Coentrao dans la hiérarchie de Jardim. Retour sur un parcours improbable.
Bologne, saison 2011-2012. Le club d’Emilie-Romagne finit neuvième du Calcio avec dans ses rangs Alessandro Diamanti, Marco Di Vaio ou encore Diego Perez. L’entraîneur de l’époque, Stefano Pioli (aujourd’hui à la tête de la Lazio), décide de ne pas prolonger le contrat de plusieurs joueurs dont Andrea Raggi, défenseur sérieux et agressif de 28 ans ayant réalisé une assez bonne saison. Ainsi, lorsqu’il devient la première recrue du tout nouvel entraîneur Monégasque Claudio Ranieri, Raggi est inconnu du grand public Français. Seuls les passionnés de Serie A le connaissent, vaguement.
Qu’importe, l’Italien est séducteur et dès sa première conférence de presse, il se met les supporters Monégasques dans la poche : « Monaco est un grand club, comment aurais-je pu dire non ? Le projet est important et nous espérons remonter en L1 car voir Monaco en seconde division, c’est un crime !« . En homme d’honneur, Raggi joint le geste à la parole et réalise une saison extraordinaire de solidité, d’abnégation et de caractère. Sur 38 matchs, il en joue 35 et marque 4 buts. Dans l’axe, à droite, à gauche et même milieu défensif (une fois), l’Italien devient le couteau suisse de Claudio Ranieri.
Élu dans l’équipe type de Ligue 2
Quel que soit le poste où il évolue, Raggi tacle, gagne ses duels, impose son bouc, met les bras, pratique le trashtalking et satisfait son entraîneur et les supporters. Son corps, sa rigueur défensive, il les met au service d’une équipe où le collectif est roi et dont le caractère ne cesse de s’affirmer. En mai 2013, l’AS Monaco remporte la Ligue 2 avec moins d’un but encaissé par match en moyenne et Raggi se voit élu dans le XI type de L2. Avec Ibrahima Touré (18 buts), Valère Germain et Yannick Ferreira Carrasco, il figure parmi les grands artisans de la remontée en Ligue 1. Mieux, il incarne l’âme de l’équipe.
Avec les arrivées de James Rodriguez, Toulalan, Moutinho, Ricardo Carvalho, Éric Abidal, Fabinho et Kondogbia (entre autres), la saison 2013-2014 s’annonce moins radieuse pour Andrea Raggi. Si Ranieri lui préfère Abidal dans l’axe, le tout jeune Kurzawa à gauche et Fabinho à droite, l’Italien profite de la méforme des deux latéraux et des blessures dans l’axe pour finir la saison avec 28 matchs au compteur et conserver son image de leader mental et défensif de l’équipe. Avec lui, Monaco ne lâche rien et ses coéquipiers sont transcendés. Porté par un jeu offensif flamboyant et une défense de haut niveau (seulement 31 buts encaissés en 38 matchs), l’ASM crée la surprise en terminant à la seconde place du championnat, à seulement 9 points de l’intouchable PSG.
Départ de Ranieri
Jusque-là, le bilan de Ranieri à la tête de l’ASM est plus que positif : une montée en L1 suivie d’une deuxième place en Ligue 1, tout cela grâce à un bel équilibre entre une défense solide et un jeu offensif rapide. Bien joli, mais ça ne suffit pas aux dirigeants Russes du club. Pas assez jeune, médiatique ou Bling bling, le Ranieri ? « Je rends hommage au travail de Ranieri mais à ce stade du projet, nous n’avions pas la même vision sur le développement du club. Nous souhaitons produire plus de jeu et faire venir plus de supporters au stade (sic) » se justifiera Vadim Vasilyez, vice-PDG de Monaco un brin ambitieux.
En 2014, c’est donc entre les mains de l’entraîneur Portugais Leonardo Jardim, au palmarès quasi-vierge et venant du Sporting Club Portugal, que les dirigeants Monégasques remettent le sort de leur équipe, cédant totalement à la mode Lusitanienne qui orientait la politique du club depuis des mois (agents, staff, recrutement). Toutes ces considérations, Raggi n’en a cure. Avec sa roublardise et sa polyvalence, il joue 27 matchs de Ligue 1 et 8 en Champions’ League où il arbore le brassard de capitaine lors du double affrontement (perdu de très peu) contre la Juventus en quart de finale et fait, avec Abdennour, montre d’un niveau digne de l’Europe. Il frappe quasiment à la porte de la Squadra Azzura.
L’année du déclin
2015 signe un tournant pour Monaco et Raggi. Troisième de Ligue 1, le club de la Principauté se sépare de nombreuses stars lors du mercato estival et la concurrence s’annonce moins rude pour l’Italien, toujours garant du caractère de l’équipe : « notre objectif est de finir sur le podium et de faire une grande saison« . Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme prévu. Monaco est éliminé en barrages de LDC par Valence après un match aller piteux puis sorti grossièrement de l’Europa League par Tottenham et Anderlecht, et le début de championnat s’avère plus que poussif : une troisième place en janvier à déjà 20 points (!!) du PSG, une attaque inefficace, un jeu inexistant et une défense aux abois.
Alors manque d’envie, de talent ? L’intéressé le reconnait : « on vit une saison difficile, la plus dure depuis 4 ans. Cette équipe manque de caractère« . Une qualité que Raggi ne peut apporter puisque 2015-2016 est aussi mauvaise pour lui. Seulement 9 matchs joués en cinq mois, quelques erreurs inhabituelles, un manque de lucidité flagrant (« Lacina Traoré peut beaucoup aider l’équipe ») et des rencontres entières sur le banc à regarder Wallace, Carvalho, Echiejile ou Coentrao produire des matchs médiocres, témoignant du manque de confiance de son entraîneur.
Et maintenant ?
Puisque Jardim ne semble pas disposé à faire de Raggi un de ses titulaires indiscutables, malgré la pauvreté de son quatuor défensif Fabinho-Carvalho-Wallace-Coentrao, Raggi n’a que deux solutions. Aller jusqu’au bout de son contrat (2018) à Monaco, en espérant le départ de Jardim ou parvenir à rentrer dans ses plans au cours de la prochaine intersaison, ou baisser les bras et décider de trouver un nouveau défi, dans un club de seconde zone de Serie A ou de Ligue 1 qui ferait une excellente affaire. Pour nous, aucun doute qu’il restera à Monaco pour retrouver une place de titulaire. À gauche, à droite, dans l’axe et même en pointe s’il le faut, pour montrer qu’un Italien de 31 ans, chauve et vicieux sur les bords a sa place parmi les meilleurs défenseurs de Ligue 1.