« l’Italie fait (toujours) peur aux Allemands »

4 janvier 2016 0 Par Nicolas Basse

Le weekend, Sophie Serbini dirige les journaux sur l’Equipe 21. La semaine, elle est spécialiste de la Bundesliga pour Sofoot. Pour nous, la journaliste évoque le respect allemand pour la Juventus et l’Italie, le football allemand et Johan Micoud.

Peux-tu te présenter ?

J’ai 27 ans, je suis passée par une école de journalisme et cela fait deux ans que je suis basée en Allemagne. Le weekend, je reviens en France car je suis chef d’édition sur l’Equipe 21 (préparation des journaux télévisés) et le reste de la semaine je pige pour Sofoot.

D’où te vient ta passion pour le football ?

Ma famille adore le sport, mon père a joué au basket, ma grand-mère est fan d’opéra et de football et nous venons de Saint-Étienne. Chez moi, aller au stade ne veut pas dire être beauf et ce n’est pas réservé aux hommes. Alors mon intérêt pour le sport et notamment le football est venu naturellement.

As-tu déjà subi des remarques négatives car tu étais une femme ?

Jamais au travail. Il y a toujours quelques guignols sur twitter, mais c’est rare. Avec mes copines qui n’aiment pas le sport, on n’en parle pas. Les hommes intelligents comprennent, et je n’entends quasiment plus jamais cette phrase insupportable : « dites donc, tu t’y connais bien… ». Au stade, en Allemagne de l’Est, on m’a déjà regardé bizarrement, mais ce n’est jamais allé plus loin.

Pourquoi préfères-tu Allemagne ?

J’ai toujours été attirée par le pays, la culture Allemande. Et puis je n’aime pas trop le football de plus en plus aseptisé que l’on voit dans les autres pays. En Allemagne, il y a beaucoup de bastions d’Ultras, les stades sont moins contrôlés qu’ailleurs, le spectacle est au rendez-vous et les infrastructures bien plus agréables qu’en France.

Quel est ton club favori ?

Dortmund, depuis très longtemps. Avant qu’ils soient de nouveau forts ! Il y a aussi des équipes que j’aime bien regarder jouer comme ‘Glenbach qui, après un début de saison catastrophique, a battu le Bayern et dispose d’un grand stade avec une ambiance fantastique et de nombreuses rivalités bouillantes. Il y a aussi Augsbourg, une petite équipe au faible budget qui évoluait en amateur il y a à peine 10 ans et joue aujourd’hui l’Europa League avec un football flamboyant. De toute façon, c’est le jeu qui permet de monter en Allemagne. On ne joue pas pour gagner des points ou espérer se maintenir, mais pour JOUER.

Quel est le Français le plus apprécié outre-Rhin ?

Aujourd’hui, Franck Ribéry, évidemment. Mais il y a aussi un attachement éternel pour Johan Micoud. À Brême, c’est encore une énorme star, des supporters collent partout des stickers StillLovingMicoud et puis on chante encore son nom au stade, c’est dire…

S’il y avait un France-Allemagne durant l’Euro 2016, qui soutiendrais-tu ?

Je suis partagée. En 2014, ça a été un bonheur de voir les Allemands remporter la Coupe du Monde qu’ils méritaient tellement. Maintenant, l’Euro se déroule en France et je serais ravie si les Bleus gagnaient !

Quel sont ton joueur et ton souvenir préférés ?

Raùl ! Il n’est pas resté longtemps en Allemagne mais je l’ai surtout aimé au Real Madrid. C’est un des joueurs qui m’a fait aimer le football. Je me souviens qu’après avoir marqué un but lors du Clasico, il a demandé au Camp Nou de se taire. Les gens qui n’y connaissent pas grand chose pensent que c’est Cristiano Ronaldo qui a inventé ce geste, mais Raùl le faisait déjà en 1999.

Comment est vue la Serie A en Allemagne ?

Dans les années 1990 et au début des années 2000, le championnat Italien était très regardé car il y avait pas mal d’Allemands et le Calcio dominait l’Europe. Aujourd’hui, la Serie A ne passe que sur des chaînes confidentielles, mais il faut dire que les Allemands s’intéressent très peu aux championnats étrangers.

De quelle manière ont réagi les Allemands après le tirage Bayern Munich-Juventus en LDC ?

Ils ne sont pas confiants, ce tirage les inquiète un peu. Ici, on se souvient que l’année dernière la Juve a massacré le Borussia Dortmund et on respecte les grandes équipes Européennes, dont la Vieille Dame fait partie. En plus, la Juve a un profil que le Bayern n’aime pas trop rencontrer : intelligente, super bien organisée et avec l’expérience Européenne dans l’ADN. Contrairement à des adversaires comme Arsenal, les Munichois ne vont pas du tout prendre cette confrontation à la légère.

 Les Allemands ont-ils peur de l’Italie ?

Un des principaux souhaits du staff Allemand était de ne pas tirer la Squadra Azzurra à l’Euro 2016. On se souvient tous de l’élimination de l’Allemagne à domicile en 2006 par l’Italie et du match de l’Euro 2012 où Low avait un peu paniqué et aligné un système assez bizarre. Il y a une crainte permanente, bien que sur le papier les Allemands soient plus forts. Ici, on fait attention à l’Histoire et on a en tête que l’Italie, même pas en forme, est toujours dangereuse et cela fait peur.

 Quel est ton souhait pour cette année ?

Que ce ne soit ni le Barca ni le Bayern qui remportent la Ligue des Champions, parce que ça commence à devenir fatigant. J’aimerais une surprise comme l’Atletico, la Juventus, qu’on vibre !

@nicolas_basse