Benalouane : « Passer de l’Italie à l’Angleterre a été un choc gastronomique. Je m’en remets à peine »
Formé à Saint-Étienne où il aura passé dix ans avant de rejoindre Cesena, Parme puis l’Atalanta Bergame, Yohan Benalouane s’est envolé pour Leicester cet été. Résultat ? Son équipe dirigée par Claudio Ranieri caracole en tête de la Premier League, à la surprise générale des Anglais. Nous l’avons interviewé.
La légende dit que tu n’as pas signé à la Juventus en 2010 pour une histoire d’embouteillages. Est-ce vrai ?
Non! Il s’agit d’une bêtise dont je ne connais pas l’origine. L’accord avec la Juventus était fait. J’étais arrivé le vendredi pour visiter des maisons et les examens médicaux devaient se faire le lundi car l’équipe se déplaçait à l’extérieur le weekend. Seulement, la Juve a perdu et il y a eu un souci au club, avec l’entraîneur. J’en ai payé les pots cassé puisque j’ai été laissé de coté.
Finalement, tu signes à Cesena. Comment se sont passés tes débuts en Serie A ?
Ça a été très difficile, car j’arrivais dans un club où je ne voulais pas jouer, un peu par défaut. En plus, il a fallu m’acclimater à une nouvelle langue, une culture différente. J’ai vraiment mal vécu mon non-transfert à la Juventus. Une fois cet épisode passé, je suis rentré dans une longue période d’apprentissage car la Serie A est très, très tactique.
Après Cesena, tu passes à Parme avant d’atterrir à l’Atalanta Bergame. As-tu l’impression d’avoir progressé pendant tes 5 années en Italie ?
C’est durant cette période que j’ai le plus évolué, en tant que joueur et en tant qu’homme. À Parme, j’ai vraiment décollé en produisant une belle saison et en prenant beaucoup de plaisir. À Bergame, l’Atalanta est un club très sympathique, très sain financièrement, sérieux et où on se sent en famille. Mes rapports avec le club sont très forts et mes souvenirs inoubliables.
La vie à l’Italienne, ça te plaît ?
J’adore ce pays. Comme les supporters de l’Atalanta m’ont un peu adopté, j’ai un peu adopté leur ville et leur pays. J’ai une maison à Bergame où je vais très souvent. Là-bas, on sent vraiment la ferveur du football, même dans la rue. Dans chaque famille, tout le monde supporte un club, c’est un vraie culture. Comme la nourriture, quel régal ! Manger, en Italie, c’est sérieux. Un moment de partage et de passion.
À l’été 2015, tu signes à Leicester (promu en Premier League en 2014). Pourquoi ce choix ?
J’ai beaucoup discuté avec Claudio Ranieri (le nouvel entraîneur de Leicester) qui m’a parlé d’un projet important pour le club. J’étais un peu tiraillé entre l’envie de rester en Italie et celle de découvrir l’Angleterre. Leicester a fait une très bonne offre au président de l’Atalanta et nous avons décidé que je partirai. C’était l’occasion de voir un nouveau championnat, une autre culture et une nouvelle langue. Par contre, niveau nourriture… ça a été un vrai choc. J’en suis tombé par terre et je m’en remets à peine (rires). Ici, tu manges pour combler le vide, parce que c’est comme ça. Pas par plaisir.
Quelles différences remarques-tu entre Serie A et Premier League ?
Ce sont deux championnats de très bon niveau mais complètement différents. L’un repose sur la tactique, l’intelligence de jeu, tandis que l’autre est plus basé sur le rythme et l’intensité. À regarder, la Serie A est plus qualitative, la Premier League plus spectaculaire. C’est aussi pour cela qu’il y a beaucoup de buts !
Mi-décembre, Leicester est en tête de la Premier League, à la surprise générale. Peut-on dire que Ranieri donne une leçon d’Italien aux Anglais ?
(Rires) L’expression est peut-être un peu forte, mais c’est sûr qu’il faut lui tirer un grand coup de chapeau. Il a su inculquer des notions tactiques à des joueurs Britanniques ou évoluant depuis longtemps en Angleterre tout en n’oubliant pas l’importance du rythme ici. Il analyse beaucoup les matchs, cherche le meilleur moyen de s’adapter aux adversaires… Et puis humainement il est toujours souriant, proche de nous, il parle beaucoup et transmet sa bonne humeur. Ça se ressent sur le terrain car notre équipe montre des valeurs et un état d’esprit joyeux mais concentré.
Quel genre de défenseur es-tu ?
À l’Italienne, forcément. Je réfléchis beaucoup, j’anticipe, j’essaie de bien me placer en avance et de relancer proprement le ballon, aller de l’avant. Maintenant, il faut que je me muscle plus et que j’arrive à tenir le rythme à l’anglaise.
Que penses-tu du tacle glissé ?
C’est un geste très plaisant à effectuer. Tout défenseur aime ça. En Angleterre, si tu fais un beau tacle glissé, le public va applaudir, quasiment comme si tu avais marqué ! Après attention, d’autres diront qu’il ne faut jamais se retrouver par terre lorsqu’on est défenseur, comme Thiago Silva qui défend toujours debout. Même si je comprends ses arguments, j’adore tacler. C’est beau.
Un petit mot sur Riyad Mahrez et Jamie Vardy qui flambent sur le front de l’attaque ?
Ils continuent sur leur lancée de l’année dernière et démontrent des grandes qualités grâce à notre bon collectif. Ils réalisent des choses extraordinaires. Je les en félicite.
Riyad travaille énormément et je suis sûr qu’il fera les beaux jours de grandes équipes Européennes. Quant à Jamie, c’est le joueur Anglais typique. Il court partout, tout le temps, presse, ne lâche rien. Un vrai poison pour les défenseurs adverses.
Quel est ton souhait pour la saison en cours ?
Déjà, se maintenir, car il faut garder les pieds sur terre. Ensuite, le reste, ça sera du bonus. Pourquoi ne pas rêver de rester un moment en haut du classement ? Mais pour cela, il faudra prendre les choses étape par étape, redoubler de travail et de concentration.