Foot Culture #4 Dictionnaire
Chaque numéro de Foot Culture sera consacré à une oeuvre liée au football. Pour le #4 nous parlons de Galaxie Foot, dictionnaire sélectif du football signé Hubert Artus.
Plus le temps passe et plus le football se retrouve décortiqué, analysé, chiffré, « revu sous un autre angle » grâce au « dispositif exceptionnel » et à la « superloupe »… La passion, la subjectivité, la mauvaise foi, tout ce qui constitue l’essence même du football n’aurait plus de place aujourd’hui. Heureusement, des passionnés luttent contre cette vision froide du sport le plus populaire du monde. Parmi eux Hubert Artus, journaliste sportif et littéraire, auteur de Galaxie Foot, dictionnaire rock, historique et politique du football qui donne le ton dès la préface : « Nourrie de faits, de tragédies et de légendes, de trente-sept années de passion et de curiosité, de recherches, de témoignages exclusifs et d’enquêtes inédites, voici une histoire subjective du football ».
Un bon dictionnaire se lit comme un roman, parce qu’un dictionnaire est un voyage
À ceux qui le réduisent à une simple science, l’auteur rappelle que l’origine même du football n’est pas définie. Vient-il de l’Angleterre du 19ème siècle ou trouve-t’il ses racines plus tôt, du Calcio Florentin de la Renaissance ? De la soule pratiquée en France ? Du cuju Chinois, 2000 ans avant JC où les aristocrates envoyaient du pied une balle de cuir fourrée de plumes dans des filets reliant des poteaux en bambou ? Ou bien encore de l’Asqaqtuk, jeu des Eskimos d’Alaska dont la légende rapporte l’histoire d’un match entre deux villages avec des buts à 16 kilomètres de distance il y a de ça deux mille ans ?
Il y a dans la lecture de ce dictionnaire un plaisir assez primaire. Rien que de lire certains noms, on se souvient pourquoi le football nous émeut : Ajax, Ballon, Cantona, Dahleb, Eusebio, FIFA, Goethals, Heysel, Italie, Jacquet, Knysna, Liverpool, Maldini, New York, Ouvriers, PANINI, Qatar, Ronaldinho, Surface, Torino, United, Van Basten, Wembley, You’ll Never Walk Alone et Zidane, entre autres.
C’est une histoire indissociable de celle de l’Empire Britannique, de la lutte des classes et de toutes les guerres du XXe siècle, celle de la science, du dopage. Une histoire qui épouse celle du rock, des mœurs, du sexe, de la pop culture et de la mondialisation
Lire ce dictionnaire c’est aussi une façon de revisiter l’évolution d’un sport très bourgeois approprié peu à peu par les classes populaires et désormais méprisé par beaucoup d’élites, vecteur social incroyable pourtant gangrené par l’homophobie, le machisme et le racisme, tiraillé entre des valeurs simples et le foot business.
Surtout, ce dictionnaire est un agglomérat d’histoires
extraordinaires. Le plus grand stade du monde qui se trouve en Corée du Nord, l’épopée « footballeurs-ouvriers » de Sedan, le maillot de Monaco redessiné par la Princesse Grace Kelly, le parcours incroyablement cruel de l’Algérie au Mondial 82, l’équipe du Dynamo qui préféra risquer mourir plutôt que de perdre un match contre une équipe de nazis, la tragédie aérienne qui décima l’équipe magique du Torino de la fin des années 1940, la montée poussive du football féminin…
Le football est le miroir, parfois en avance, parfois en retard, de notre société. Il représente ce qui nous procure le plus de joie tout comme il peut faire resurgir la colère ou la tristesse. Ce dictionnaire, en plus d’un voyage historique et culturel, c’est surtout la traversée à grande vitesse d’émotions fortes et variées. Parce que « le football n’est pas une question de vie ou de mort, c’est quelque chose de bien plus important que cela ».