Marion Aydalot : « être une femme journaliste sportive, c’est très dur ! »
Cela devient une habitude de la voir sur les plateaux télé donner son avis sur le PSG et interviewer des joueurs dans les couloirs de stade. Malgré son jeune âge, Marion Aydalot a déjà une longue carrière de journaliste sportive. Elle nous parle de sa passion du foot et de son métier où être une femme s’avère difficile.
Peux-tu te présenter ?
J’ai 36 ans et j’ai suivi des études d’économie et le Cours Florent. Cela fait quasiment 10 ans que je suis journaliste sportive : j’ai travaillé pour plusieurs médias dont Itélé, Europe 1, des sites spécialisés sur le PSG et j’ai présenté la Matinale de l’Équipe21. Je suis souvent invitée sur des plateaux télé en tant que consultante. Une partie de ma famille vient de Corse et d’Italie, mais je me sens 100% Française.
Pratiques-tu un sport ?
Pas vraiment. C’est pour cela que je n’aime pas critiquer les footballeurs sur leur performance mais plutôt ressortir le positif. J’aime parler tactique, schéma de jeu, ambiance.
Comment t’est venue la passion du football ?
Mon papa était un grand spectateur de football. Dans les années 70, il admirait Saint-Étienne et a toujours aimé le beau jeu. Il aimait aussi Gueugnon mais bon (rires)… C’est à partir de la Coupe du Monde 1986 avec Maradona que j’ai commencé à vraiment suivre le football et à regarder beaucoup de matchs. En plus, à l’époque, on n’avait pas tous les résultats en direct sur internet. Il fallait attendre L’Équipe du lendemain, et c’était assez excitant.
Quelle est ton équipe préférée ?
Le PSG car je suis Parisienne, mais je n’ai pas de haine envers d’autres équipes comme l’OM. Avec mon statut de journaliste, je dois prendre de la hauteur et rester objective ! Ça ne m’empêche pas d’aller souvent au Parc des Princes. Après, j’aime le beau jeu et quand une équipe domine, pousse et n’arrive pas à marquer, ça m’agace et j’ai envie qu’il y ait un but.
As-tu un souvenir et un joueur qui t’ont particulièrement marquée ?
Je parle souvent de cette confrontation de l’Inter Milan en 2010 contre le Barça. Mourinho était tellement fort, son équipe a si bien défendu. Les 20 dernières minutes du match retour étaient irrespirables. Bien défendre, pour moi, c’est parfois plus beau que bien attaquer. Et là c’était magnifique. En joueur je dirais Samuel Eto’o. J’en suis complètement fan, tout comme de certains défenseurs tel T.Silva.
Suis-tu un peu la Serie A ?
Oui, mais je dois l’avouer, moins qu’avant. Avec la Ligue 1 et le PSG, j’ai moins de temps. Et puis en Serie A il y a moins d’argent, moins de beaux matchs et moins de grands joueurs qu’il y a quelques années. J’apprécie Mancini, un entraîneur pour qui j’ai de l’estime. Mais honnêtement, l’AC Milan est à la rue, la Roma se prend des roustes par les plus gros clubs européens… Un écart s’est creusé.
C’est un milieu très misogyne. Les femmes ont très souvent des rôles secondaires sur les plateaux télé
Est-ce plus dur d’être une femme dans le monde du journalisme sportif ?
Certainement ! C’est très dur ! Une femme n’est jamais crédible d’emblée face aux hommes. Il faut toujours prouver qu’on s’y connait. J’ai souvent dû répondre à des questions pour « vérifier si j’avais des notions de foot ». Pourtant, être une femme a des avantages ! Avoir des interviews est plus facile, les clubs sont contents de voir des femmes venir… Mais c’est un milieu très misogyne. Sur les plateaux, une femme peut se faire couper la parole sans que cela ne choque personne. Comme si c’était normal. D’ailleurs, les femmes ont très souvent des rôles secondaires à la télé, parlent de choses légères ou subalternes. Dès qu’on passe au débrief, elles ont quitté le plateau ou n’interviennent pas. La seule à avoir eu un « rôle d’homme », à avoir présenté des soirées de Ligue des Champions, c’est Nathalie Iannetta. Et, dans une moindre mesure, Estelle Denis aussi.
As-tu déjà subi des comportements déplacés dans ton métier ?
Oui, fréquemment. Souvent, les joueurs me font des propositions un peu déplacées, mais en général c’est léger et drôle. De toute façon, avec leur statut, les filles, ce n’est pas ça qui manque pour eux. Les journalistes sont plus lourds que les joueurs. Dans une rédaction, c’est rare d’avoir une fille, alors quand il y en a une, certains ne savent pas se tenir et parfois ça devient très lourd. Mais je suis une rentre dedans et quand on m’embête, je le dis !
Lavezzi, Ibrahimovic, Cristiano Ronaldo… Comment vois-tu les transferts à venir pour le PSG ?
Perdre Lavezzi serait vraiment dommage. C’est un très bon remplaçant qui peut servir. Et puis dans les moments importants, il ne tremble pas, contrairement à d’autres… En plus il est important pour le vestiaire. Concernant Ibrahimovic, je le vois bien rejoindre la MLS car les États-Unis sont un de ses rêves. Enfin CR7, ce n’est pas une farce. Le président le veut vraiment. Tout dépend de la saison du club en LDC. S’ils sortent en 8ème de finale, c’est moyen. S’ils perdent en demies contre le Bayern ou le Barça, tout est possible. Et puis lorsqu’il s’agit de gros transferts comme ça, les discussions durent des mois et les négociations peuvent prendre des journées entières autour de la table.
Un mot sur Lucas, à qui on « laisse du temps » depuis plus de 2 ans et qui n’a rien prouvé ?
Il y a une grosse attente autour de lui, d’autant plus qu’il est arrivé en même temps que Neymar
en Europe. Seulement, il n’y a qu’un Neymar et Lucas n’est pas encore au niveau escompté. Le problème, c’est qu’à cet âge, à un poste offensif, on doit déjà avoir montré ce qu’on sait faire. Les automatismes, les bonnes prestations, ça doit arriver dans l’année, pas en plus de deux saisons… La preuve avec Martial qui s’est adapté en seulement quelques jours à la Premier League, pourtant très différente de la Ligue 1.
Quel est ton souhait pour la saison en cours ?
Vu les événements récents, j’aimerais que la France gagne l’Euro 2016 chez elle. Et, si possible, sans Benzema. Son soit-disant crachat pendant la Marseillaise ? Je m’en fiche, c’est un faux procès. Il crache tout le temps… Mais l’affaire avec Valbuena, ça ne passe pas. Déjà qu’il n’est pas décisif en Équipe de France à part quand il s’agit de marquer contre le Honduras, qu’il ait un mauvais comportement m’insupporte. On peut se passer de quelqu’un qui ne montre ni l’exemple sur le terrain ni en dehors.
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