Mais au fait c’est qui, Alessandro Florenzi ?
Avant ce mercredi 16 septembre, le monde du football (hormis les amoureux de Serie A) ne connaissait Alessandro Florenzi que de nom. Si son but d’anthologie contre le Barça en Ligue des Champions l’a consacré star du web, le Romain est depuis longtemps destiné à un grand avenir.
Le 22 mai 2011, à la 85ème minute du match AS Roma-Sampdoria comptant pour la dernière journée de Serie A, la légende Francesco Totti cède sa place à un jeune joueur de 20 ans, Alessandro Florenzi. Il reste 5 minutes, le score est plié (3-1) et le Romain ne touche que 6 ballons assez quelconques pour sa première apparition en équipe A. À la fin du match, les caméras s’attardent sur ce garçon qui semble très ému. Forcément, pour un pur produit du centre de formation Romain, remplacer la légende Totti pour se retrouver à coté du Capitan Futuro De Rossi, ça fait quelque chose. Pourtant, l’histoire entre Florenzi et la Roma commence neuf ans plus tôt, puisqu’il intègre l’équipe de jeunes des Giallossori en 2002.
Assez petit et frêle, Alessandro compense avec sa pointe de vitesse et séduit ses entraîneurs par sa discrétion, son humilité et son amour sans bornes de la Roma. Sans faire de bruit, il grimpe les échelons jusqu’à se retrouver capitaine de la Primavera en 2010-2011, compétition qu’il remporte en finale contre Varese.
Prêt et première sélection
Trop juste pour rentrer chez les A, trop fort pour rester avec les jeunes, Alessandro Florenzi est prêté pour la saison 2011-2012 à Crotone, en Serie B. Si l’équipe finit à une décevante onzième place, le Romain impressionne, au point d’être élu meilleur jeune de Serie B. À son compteur : 11 buts, 2 passes décisives et une envie énorme. Tout comme son coéquipier Nicola Sansone (transféré à Parme et aujourd’hui à Sassuolo), ils ne feront pas de vieux os au sud de l’Italie.
De retour à la Roma, Florenzi est très vite installé comme titulaire par le nouvel entraineur Zdenek Zeman, connu pour sa folie tactique et pour faire confiance dans la jeunesse (fait assez rare en Italie pour être souligné). Souvent milieu relayeur, parfois derrière les attaquants, il joue 39 matchs sur la saison 2012-2013, marque 4 buts et connait sa première sélection (remplaçant Marchisio à la 50ème) avec la Nazionale de Prandelli le 14 novembre 2012 contre la France. Avec l’arrivée d’Andreazzolli en février 2013, il se retrouve de plus en plus sur le banc.
Confirmation et grand-mère
Heureusement pour lui, Andreazzolli ne fait que passer (même s’il reste entraîneur adjoint) et Rudi Garcia pose ses valises à l’été 2013 dans la capitale. Très vite, Florenzi est repositionné ailier droit. Rapide, bon centreur, possédant une frappe puissante, il participe grandement à la folle série de 10 victoires en 10 matchs de la Roma qui termine deuxième derrière une Juventus intouchable (102 points). Dans le cœur des tifosi, il a déjà sa place privilégiée et de plus en plus le voient comme le digne successeur de Totti et de De Rossi, même s’il n’imagine pas une seconde reprendre le brassard de capitaine.
L’année 2014-2015 est celle de la confirmation. Avec la blessure de Maicon et le niveau incertain de Torosidis, Florenzi évolue aussi bien en ailier qu’en arrière droit. Peu importe, il court partout, tout le temps, frappe, tacle, remonte le ballon, montre l’exemple à tous ses coéquipiers et produit une saison de patron. Le 21 septembre, il fait une première fois le tour d’Internet en allant embrasser sa grand-mère, venue le voir au Stadio Olimpico, après avoir marqué un but contre Cagliari.
Et maintenant ? BOUM !
La saison 2015-2016 vient de commencer, Totti fait de plus en plus banquette et De Rossi, bien qu’il retrouve son meilleur niveau, vieillit doucement. Titulaire indiscutable, polyvalent, Romain jusqu’à l’os, Florenzi fait partie des patrons de l’effectif et s’impose (malgré lui) comme un vice-capitaine en puissance. À l’image de la Louve, il fait un grand début de saison. Pourtant en Nazionale, ça coince. Antonio Conte lui préfère souvent Matteo Darmian en latéral droit, Candreva en ailier et même De Sciglio à gauche (où il pourrait très bien évoluer). Mais Florenzi n’est pas le genre à s’en émouvoir, alors il continue, avec la discrétion qui le caractérise, à faire son chemin et son travail.
Et visiblement, le travail paie. Lors du premier match de Ligue des Champions contre le Barça, champion en titre, Alessandro Florenzi sort un match monstrueux. Sur son coté droit, rien ne passe. Neymar fuit et repique sans cesse dans l’axe et Jordi Alba est dégoûté par ses interventions. Tacle glissé/remonté de balle, course défensive, marquage à la culotte, Florenzi privatise son coté droit. Et puis la lumière. La folie. Le talent. L’orgasme. À la 32ème minute, alors que Barcelone mène 1-0, Florenzi part en contre attaque sur la ligne coté droit. À peine passée la moitié de terrain il lève la tête, voit Ter Stegen avancé, et frappe, de 50 mètres. La balle s’envole, l’Olimpico se tait, les filets tremblent, le stade hurle, jouit. Le milieux relayeur, offensif, ailier et arrière droit rentré chez les jeunes de la Roma 13 ans auparavant vient de marquer un des plus beaux buts de l’histoire de la Champions’ League et donne une leçon d’efficacité au Barça.
En 24 heures, son but fait des millions de fois le tour du monde et son nom est écrit dans tous les journaux sportifs du monde. ALESSANDRO FLORENZI. 24 ans, homme de club, de cœur, simple et, comme le dit De Rossi à la fin du match, « un des meilleurs du monde à son poste, et bientôt le meilleur ». Si papa le dit…