Mais où sont les attaquants italiens ?

Mais où sont les attaquants italiens ?

25 mars 2015 1 Par Nicolas Basse

Au classement des meilleurs buteurs de la Série A, à 10 journées de la fin de la saison, on constate qu’un seul Italien figure parmi les cinq premiers, en la personne de Luca Toni, 37 ans. En équipe nationale, aucun joueur ne se dégage sur le front de l’attaque. Un comble pour le pays dans lequel seule la victoire et l’efficacité sont respectés.

Johan Cruyff a dit : « Les Italiens ne peuvent pas vous battre. Mais vous pouvez perdre contre eux ». Une sentence assez réductrice et peu flatteuse pour une nation ayant remporté quatre Coupe du Monde, mais qui illustre l’idée selon laquelle la Squadra Azzura a souvent plus brillé par sa rigueur défensive et sa technique au milieu de terrain que par un flamboiement offensif. Hormis quelques exceptions, ce constat est plutôt juste.

L’Italie a toujours connu de très grands – les plus grands – seconds attaquants du monde : citons Baggio, Totti et Del Piero pour les plus récents. En revanche, pour ce qui est des purs buteurs, il faut remonter loin si on veut voir un attaquant de classe mondiale rayonner à la pointe de la Nazionale. Dans les années 2000, même Filippo Inzaghi et Christian Vieri n’auront pas été étincelants avec le maillot Italien. Depuis, les Gilardino, Toni, et plus récemment Balotelli et Immobile n’ont pas convaincu, ou que très irrégulièrement.

Décrochage

Assez embêtant lorsqu’on sait qu’aujourd’hui en Argentine ils sont au moins six joueurs de haut niveau à convoiter la place d’attaquant (Aguëro, Tevez, Icardi, Higuain, Messi, Dybala, Palacio), que la France peut compter sur Benzema, Giroud ou encore Lacazette, l’Angleterre sur Rooney, Kane et Sturridge, l’Espagne sur Morata, Torres, Diego Costa… Toutes les nations majeures ont de grands attaquants en forme, sauf l’Italie. Balotelli semble très loin de son meilleur niveau, qu’il n’a que rarement atteint, Immobile a du mal à s’imposer en Allemagne (20 millions d’euros de transfert, tout de même)… Et c’est tout. Ha si, après avoir marqué une dizaine de buts jusqu’en décembre, Graziano Pellè est devenu complètement muet avec Southampton, et s’est fait doubler par Shane Long.

La liste d’Antonio Conte pour les prochains matchs de l’Italie est d’ailleurs très inquiétante et reflète le niveau offensif Italien actuel. Sur les cotés, derrière l’attaquant, pas de problème avec Gabbiadini et Candreva. C’est en pointe que l’effectif pèche : Eder, Immobile, Pelle, Vazquez et Zaza. Pas de quoi fanfaronner. De bons joueurs, mais aucun tueur. Aucun de classe mondiale. Évidemment, Guiseppe Rossi est blessé, alors que Balotelli est hors de forme. Mais qu’importe. En Série A la situation est similaire : Toni, Di Natale et Quagliarella pointent encore à plus de 10 unités, mais leur retraite est proche et le gouffre béant derrière eux. Aucun jeune, comme un Lacazette, un Meier ou un Kane dans les autres championnats ne fait sensation.

Formation

Mais faut-il vraiment s’alarmer ? L’Italie a su gagner sans attaquant de pointe extraordinaire, comme en 2006, et saura encore le faire, preuve de sa solidité et de sa force collective. Il faut simplement espérer que cette pénurie de jeunes attaquants ne se propage pas aux autres postes, alors que la question de la formation et l’inquiétude autour de la relève de la Squadra Azzurra sont de plus en plus évoquées. Si Arrigo Sacchi, Conte et Mancini ont récemment eu des mots très maladroits (ou mal rapportés par la presse ?) sur les joueurs étrangers (et non pas « noirs » comme ont essayé de faire croire certains médias), c’était dans un but noble et salvateur pour le football Italien : mieux vaut privilégier la formation de jeunes du pays, plutôt que d’acheter de médiocres joueurs étrangers.

L’Italie est le plus beau pays de football du monde, par sa passion, son jeu, sa folie et son romantisme. Il serait temps que ses dirigeants, clubs et institutions sportives misent sur leur jeunesse, forcément pleine de talent, vivant pour le football, et avec la pointe de vice qu’il faut. Et ce autant pour les clubs que pour la Squadra Azzura. Avec le risque, si rien n’est fait, à terme, de devenir comme la Premier League : un championnat n’ayant presque plus de joueurs anglais. Et ça, non merci.