De Rossi : meilleur milieu défensif depuis 2005

De Rossi : meilleur milieu défensif depuis 2005

2 décembre 2016 2 Par Nicolas Basse

On arrête avec les Busquets, Yaya Touré, Kanté et autres Arturo Vidal. Le meilleur milieu défensif des 10 dernières années s’appelle Daniele De Rossi et portera le maillot de l’AS Roma jusqu’à sa mort.

Soyons clairs d’emblée : il ne s’agit pas d’une blague, ni même d’une exagération. Daniele De Rossi est depuis des années le meilleur au monde à son poste de milieu défensif. D’ailleurs, dans le courant des années 2000, quand il devient titulaire indiscutable dans son club formateur et de cœur l’AS Roma, l’Europe entière voit le natif de la capitale comme le plus grand espoir au poste. Entre 2005 et 2010, le Real Madrid et Manchester United, entre autres, essaient plusieurs fois de s’attacher ses services mais essuient des refus polis de la part de l’Italien. Non, il ne veut pas toucher un plus gros salaire et rejoindre un top club européen, et oui, il veut rester à vie à la Roma, son club qu’il croit capable de s’imposer sur la scène nationale et de se montrer en Europe.

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Dès ses premières saisons, le joueur séduit le public romain. Il est né ici, supporter de l’équipe depuis toujours, montre une combativité rare sur le terrain et s’impose comme un cadre. Très vite, les tifosi lui donnent le surnom de « Capitan Futuro » (Capitaine Flam en Italien) et voient en lui le successeur de Francesco Totti. À sa manière, il est aussi fort que la légende du club. Alors que Totti excelle en attaque, De Rossi règne sur le milieu de terrain. À la récupération, il est impassable, anticipe les passes dangereuses, lâche des tacles glissés fous et géniaux, sauve des buts sur sa ligne et impose son physique dans les duels aériens. Avec le ballon, il affiche une facilité technique déconcertante et une vision du jeu hors-norme à un poste où il est plus commun de voir de gros bouchers que des esthètes (pensées à Diego Perez et Andreas Zikos). Contrôles, jeu en une touche, ouvertures lumineuses, conservation au chaud du ballon, remontées de balle au pied jusque dans les 20 derniers mètres, où il fait parfois parler sa puissance de frappe. En un mot, De Rossi possède la palette parfaite du grand milieu de terrain. Qu’il est.

 

 

Fierté

Après 538 matchs et 15 ans sous les couleurs de la Roma, De Rossi peut regarder fièrement derrière lui. Avec son club, il a déjà remporté trois titres, marqué 55 buts, délivré un nombre considérable de passes décisives, acquis le statut de capitaine avec la réduction de temps de jeu de Francesco Totti et obtenu le respect de tous.

Avec la Nazionale, il peut se targuer d’avoir toujours été au top de sa forme, d’être Champion du Monde 2006, d’avoir revêtu 110 fois le maillot de l’Italie (soit le 6ème joueur le plus capé du pays) et d’avoir marqué 19 buts, soit plus qu’aucun autre milieu de terrain italien. Dans une moindre mesure, il peut se féliciter du grand Euro 2012 et de ses fabuleuses prestations durant l’Euro 2016, où il s’affiche comme le bouclier et la plaque tournante du milieu italien.


Regrets


Par sa fidélité, sa longévité et ses prestations de joueur, De Rossi peut donc facilement prétendre au titre de meilleur milieu défensif de sa génération, devant un Yaya Touré beaucoup trop inconstant, un Arturo Vidal encore jeune et un Busquets évoluant dans un Barça injugeable. Pas par son palmarès qui, sans sa Coupe du Monde 2006, s’avère plutôt maigrichon. La faute à un choix de cœur qui l’aura contraint à ne jouer que les seconds rôles en Serie A et à peine celui d’improbable outsider en Europe, où la Roma semble toujours promise à une élimination précoce. Mais qu’importe. Ce choix, cela fait longtemps que De Rossi l’a assumé et en mesure les conséquences. Mieux vaut gagner peu chez soi que de connaître la gloire loin de son cœur.

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En plus de son image de loser magnifique associée à l’AS Roma, certains critiqueront De Rossi pour ses quelques pétages de plombs, cartons rouges et autres gestes déplacés. C’est vrai, Daniele n’est pas un tendre. Coups de coude, tacles hauts, mauvais gestes, il connait. Il en a payé le prix mais ne semble pas prêt à changer, ce qui peut nuire à son statut de capitaine ou d’homme fort de la Roma. Et entre nous, cela ne nous gêne pas. De Rossi fait partie de ces joueurs au tempérament un peu dingue qui rappellent que le football n’est pas et n’a jamais été un sport de gentlemen aseptisés, mais de guerriers fous.

 

@nicolas_basse