La Roma, loser magnifique

25 août 2016 1 Par Nicolas Basse

Une fois n’est pas coutume, après avoir suscité l’espoir, la Roma déçoit. Comme bien souvent, la Louve n’a pas confirmé, et on se demande si cette fâcheuse tendance à louper les matchs clés n’est pas un éternel recommencement.

Destin

Elle était en position favorable, la Roma, dans ce barrage pour la Ligue des Champions. Après le nul et le but à l’extérieur arrachés à Porto la semaine dernière, l’espoir était plus que permis. Mais le match retour s’est révélé cauchemardesque du début à la fin. « C’est nous qui choisirons notre destin » avait pourtant prophétisé un Spalletti crédule en conférence de presse. Visiblement, le destin ne comptait pas sur la Roma dans ses plans. Exceptée la rage de Nainggolan, bien décidé à montrer au public italien un visage meilleur de la Belgique balle au pied, les giallorossi ont rendu une copie désastreuse.

Buteur malheureux (contre son camp) au match aller, Felipe sonne la révolte portugaise dès la 8e minute à la retombée d’un coup-franc déposé. S’il est difficile d’en vouloir à des romains pris à froid, c’est leur réaction inexistante qui en aura frustré plus d’un. Atone, empruntée, l’équipe du Spal est méconnaissable. Conforme au niveau de jeu de ses partenaires et sûrement inspiré par son tatouage rappelant la dangerosité des tacles, De Rossi se paye la cheville de Maxi Pereira. Carton rouge logique, stupide. À la 50e minute, c’est Emerson, rentré depuis peu, qui retrouve les vestiaires. 2-0 pour la Roma en cartons rouges. À 9 et avec un Szczesny voltigeur fou, les Romains finissent pliés 0-3 par Porto. Merci, au revoir et direction l’Europa League.

À y regarder de plus près, cette défaite ressemble à d’autres corrections reçues ces dernières années en Europe, avec le même enchaînement d’émotions : espoir-frustration-déception. Le 1-6 de Barcelone en 2015 en phase de groupe. Le massacre du Bayern 1-7 sur la pelouse de l’Olimpico en 2014, également en groupe… Ou encore le revers à Old Trafford en 2007, 1-7 également, à une époque où officiait déjà Spalletti sur le banc romain et s’était hissé en 1/4 de finale de LDC.

Rome, défense ouverte

Avant cette défaite contre Porto, balayant les derniers espoirs de Francesco Totti de disputer une ultime fois la compétition reine, tout avait pourtant très bien commencé. Un match aller à Porto plutôt solide, mais surtout le 4-0 tonitruant contre l’Udinese pour la 1ère journée de Serie A. Dzeko, Salah et Perrotti avaient marqué les esprits, le temps d’un match. Une fois de plus, les Romains séduisants, joueurs, porteurs d’espoirs, se retrouvent finalement sans repère et avec tout à reconstruire. À commencer par la confiance et un minimum de solidité défensive.

Parce que si les cinéphiles verront dans le nom du chef d’œuvre de Rosselini, « Rome ville ouverte », un signe précurseur de l’impuissance des défenses romaines, les férus de chiffres seront convaincus par cette statistique : sur ses 31 derniers matchs européens, le club n’est parvenu qu’une seule fois à maintenir sa cage inviolée. La seule vraie prouesse défensive de la Roma aura été de se prendre trois cartons rouges en deux matchs contre Porto. Impressionnant et vraie preuve que la sérénité ne règne pas dans les rangs giallorossi.

Énième rédemption ?

Finalement, malgré un jeu attrayant et un effectif solide, la Roma reste dans la catégorie des clubs « charmants », « jolis à voir jouer », mais pas tueurs. Le genre de club que tout le monde aime regarder mais que personne n’imagine gagner à la fin. Un club capable de surprendre mais, au moment important, incapable de gagner les grands matchs et les trophées. Une équipe qui évolue sur un fil, avec ce que cela comporte de joies, de déceptions et de risques. De la classe, la Roma en a. Du panache, aussi. De la légende, à foison, avec Totti, De Rossi, Florenzi. Des supporters, oui. Un gros stade, oui. Des moyens, assez satisfaisants. Bref, tout pour gagner. Reste à espérer que cette nouvelle déception européenne ne pousse pas des cadres à partir en cette toute fin de mercato (Nainggolan, Manolas).

Évidemment, la réaction des joueurs sera attendue dès ce week-end, face à Cagliari. Sûrement, la Roma va s’imposer dans la douleur. Et puis, plus le calendrier avancera, plus elle séduira, jouera offensivement, marquera de nombreux buts, semblera imbattable. Avant de retomber dans ses travers intemporels en match éliminatoire d’Europa  League ou contre un adversaire direct pour le podium de Serie A. On espère se tromper. Et l’année prochaine, tout recommencera à l’identique. Espoir, frustration, déception. Tout ? Non. Car Francesco Totti ne sera plus là.

AV