De Sciglio, l’année de la confirmation ?

18 juillet 2016 1 Par Nicolas Basse

Révélé lors de la saison 2012-2013, beaucoup présentaient Mattia De Sciglio comme le nouveau Maldini. Ses trois années suivantes, bien moins convaincantes, sont source de doute et de frustration chez les Rossoneri. Mais ça, c’était avant son Euro 2016 éblouissant.

Milanais pur jus

Mattia De Sciglio, génération 1992, n’est aujourd’hui plus un jeune espoir. D’ailleurs, durant sa jeunesse, il n’a jamais fait de bruit au centre de formation milanais. Arrivé à l’âge de 10 ans à la section jeune du club lombard, le natif de la riche ville industrielle ne braque pas tous les regards sur lui. Avec discrétion, il évolue lentement mais sûrement afin d’atteindre son objectif : porter le maillot de l’équipe professionnelle de son club de cœur. Sur le terrain, il exécute toujours proprement et avec envie ce qu’il doit faire : défendre et prendre son couloir (loin d’un Mastour qui tape dans l’œil avec ses slaloms fous).

En 2010, il gagne la Coppa avec la primavera milanaise en faisant le job, sans jamais vraiment marquer les esprits. La lumière, il la laisse à  Verdi, Albertazzi ou encore Zigoni. Malgré tout, conscient de ses performances de qualité, Allegri le remarque en 2011 et lui offre sa première titularisation en Serie A lors de la fin de saison 2011-2012, contre le Chievo Vérone.

2012-2013 :  La confirmation

Allegri, insatisfait des performances de Taiwo et Constant (on le comprend, le pauvre), décide d’intégrer De Sciglio à plein temps en équipe première. À tout juste 20 ans, et après la moitié de sa vie à gravir les échelons des équipes jeunes, il est jugé apte à jouer au plus haut niveau dans son club de toujours. Très vite, Mattia enchaîne les bonnes performances et bien que son poste de prédilection soit latéral droit, c’est à gauche qu’il fait le bonheur du Mister. Cette polyvalence lui sera très précieuse. Les six premiers mois s’avèrent compliqués pour le Milan et De Sciglio fait partie des rares satisfactions avec El Shaarawy, autre jeune du club. Lors du mercato d’hiver, le Milan AC recrute un Balotelli très dynamique qui permettra au club de terminer sur la troisième marche du podium. Ce n’est que la première saison pleine de De Sciglio, mais les tifosi rêvent déjà en le comparant à demi-mots au légendaire Paolo Maldini.

Polyvalent, très actif sur son couloir, rigoureux défensivement, intéressant dans son apport offensif,  De Sciglio a tout d’un futur grand à seulement 20 ans. Il est d’ailleurs nommé meilleur latéral gauche 2012-2013 de Serie A. Logiquement, Cesare Prandelli le sélectionne avec la Nazionale pour la C0oupe des Confédérations de l’été 2013. Titulaire, le Milanais réalise de très bonnes performances saluées par la presse et les tifosi. Si l’Italie est éliminée en demi-finale face à l’Espagne aux tirs aux buts, le jeune latéral démontre son potentiel avec le maillot italien.

2013-2016 : Les années galères

Alors que la saison 2013-2014 commence à peine, tout le monde s’attend à ce que De Sciglio confirme les espoirs placés en lui et porte son club au sommet de l’Italie. Pourtant, il déçoit, enchaîne mauvaises performances et petits pépins physiques. Malheureusement pour lui et pour les tifosi, cette situation durera jusqu’au terme de la saison 2015-2016, durant laquelle il perdra même sa place de titulaire, barré par Antonelli à gauche et Abate à droite.

Cependant, nul ne doute que le climat étouffant au sein du club milanais n’est étranger aux mauvaises performances de l’espoir déchu. En effet, durant ces trois dernières saisons, l’entité lombarde a jonglé entre échecs, entraîneurs rapidement remerciés et recrues bas de gamme. Pas le cadre idéal pour s’épanouir quand on est présenté comme le futur capitaine et emblème d’un club comme l’AC Milan. Baladé latéral gauche puis latéral droit, rarement entouré des mêmes coéquipiers et souvent avec des consignes différentes, difficile pour l’ancien prodige de trouver des automatismes et de la continuité, ces éléments si importants pour le développement d’un jeune joueur. Et cela se ressent notamment par une nonchalance toujours plus perceptible lorsque De Sciglio est sur le terrain. À force, les supporters rossoneri craignent de voir en lui un destin à la Santon, ancienne pépite de l’Inter qui n’aura (pour l’instant) jamais confirmé les espoirs placés en lui.

Euro 2016 : Les promesses

Fin mai 2016, beaucoup de tifosi sont surpris en voyant De Sciglio dans la liste d’Antonio Conte pour disputer l’Euro 2016. Au départ prévu comme remplaçant, De Sciglio, seul joueur de l’AC Milan sélectionné pour cette compétition, est titularisé (l’Italie étant qualifiée, Conte procède à un large turnover) lors du match contre l’Irlande. Il réalise un match correct, malgré la mauvaise performance italienne avec une défaite un but à zéro.

L’étonnement grandit encore quand Conte décide de reconduire De Sciglio titulaire dans le poste de latéral gauche (toujours dans le système en 3-5-2) pour le match choc des huitièmes de finale contre l’Espagne. Et malgré les craintes, le défenseur milanais impressionne. Très actif sur son couloir, il remplit à merveille la tâche de latéral si importante dans ce système. Défensivement impeccable, il est aussi l’auteur de belles percées et de centres ajustés. Et si Juanfran n’a pas pesé offensivement, c’est grâce aux interventions défensives et au jeu sans ballon de De Sciglio, omniprésent sur son côté et sur les cotes de son adversaire direct. Logiquement, Conte le titularise encore contre l’Allemagne et malgré une élimination douloureuse, De Sciglio fait encore un bon match. Vraiment appliqué défensivement, il prend le dessus sur la « pépite » Kimmich durant toute la rencontre.

Après trois saisons décevantes, cet Euro aura permis à Mattia De Sciglio de sortir la tête de l’eau et surtout de prouver qu’il a encore de quoi être un des meilleurs au monde à son poste. Un renouveau sans aucun doute influencé par Stefano Tirelli, coach mental à qui le footballeur a fait appel la saison dernière et qui racontait récemment : « Lors de notre première rencontre, Mattia avait les yeux ternes. Il n’était qu’à un pas de la dépression. Il souffrait des critiques de la presse et des tifosi. Les événements le tourmentaient. »

À bientôt 24 ans, les problèmes de mental de De Sciglio semblent derrière lui et tout paraît permis. Il a désormais toutes les cartes en main pour réussir à l’AC Milan et se forger une carrière de légende. Peut-être pas au niveau de Maldini, mais qui sait…

Julian Lagana