Vanessa Le Moigne (L’Expresso) : « J’avais des chaussures de foot en maternelle »

Vanessa Le Moigne (L’Expresso) : « J’avais des chaussures de foot en maternelle »

2 mai 2016 2 Par Nicolas Basse

Plus qu’une journaliste, c’est une dingue de sport. Son métier, c’est sa passion. Entre information, divertissement et humour, Vanessa Le Moigne donne depuis 4 ans un nouveau souffle aux matinales sportives avec l’Expresso, du lundi au jeudi sur beIN SPORTS 1 en clair et en direct. Elle nous raconte son parcours et son amour pour son métier.

Peux-tu te présenter ?

J’ai 33 ans et je suis dans le journalisme depuis mes 17 ans. J’ai commencé dans une chaîne de télé locale qui s’appelait Yvelines Première, en parallèle de mes études. On m’a proposé de prendre les sports puis une émission qui s’appelait « PSG, coté coulisses ». Mon directeur m’a dit « essaye, ça pourrait t’apporter des opportunités ». Après, j’ai eu un petit passage à vide, confrontée à la difficulté de trouver un boulot. J’ai envoyé des CV partout. C’est Cauet qui m’a recrutée en premier. Caméra, réalisation, j’ai fait pas mal de choses sur toutes les émissions, avec Cartman et Miko, pendant 2 ans.

Ensuite, j’ai voulu retrouver le journalisme et le sport. J’ai contacté Orange Sport où ils m’ont proposé de faire de la présentation. Au début j’étais très nulle, mais en 2 ans et demi j’ai appris, progressé et quitté la chaîne pour L’Equipe TV (à la pige) et la météo sur I-Télé : l’exercice le plus dur au monde ! Ça m’a permis de me détacher de mes fiches et de développer le coté animation. À cette époque, j’ai rencontré Charles Biétry qui m’a emmenée chez Bein Sport lorsque l’aventure s’est lancée.

Ce n’est pas trop dur de se lever à l’aube tous les matins ?

Après 4 ans, ça va. J’ai pris le rythme et gagné une heure de sommeil depuis quelques temps (l’émission commence désormais à 7h et non plus à 6h). Je me lève à 3h, 3h30 mais ça va. Et de toute façon dès que la lumière de la caméra s’allume, je m’éclate! J’adore trouver les bons titres avec les chefs d’édition, la bonne formulation, faire sortir les images fortes… Je le vis de manière passionnelle.

Penses-tu que le mélange d’informations et de divertissements marche ?

Je n’ai pas les chiffres récents. Je sais qu’il y a 2 ans on en avait de très bons mais ce n’est pas la contrainte que je me pose. Sur les réseaux sociaux et dans la rue, je sens que ça marche bien. Mon boulot ce n’est pas les chiffres mais être meilleure que les autres et avoir une forme d’émission pertinente pour que l’information passe mieux. Je veux que tout le monde puisse s’intéresser au football, à tous les sports, notamment les petits et les filles qui sont devant leur télévision et qui ont besoin qu’on rende accessible l’information sportive.

D’où te vient la passion du sport ?

Depuis que je suis toute petite j’adore le football. En maternelle, j’avais déjà des chaussures de foot. Je voulais en faire en club mais à mon premier entraînement ma mère a eu peur : je suis rentrée avec un énorme bleu sur le genou. Pendant ma scolarité j’ai fait tous les sports de façon ponctuelle, par passion, notamment de la danse jusqu’à 20 ans.

Qu’est-ce qui te fascine chez les sportifs ?

Cette saison j’ai voulu leur donner plus de place, qu’ils restent une heure avec moi pour une vraie interview de 20 à 25 minutes. Ce sont des gens que je respecte énormément, avec des parcours de vie dingues et c’est leur histoire qui m’intéresse. Comment font-ils autant de sacrifices et preuve d’une telle abnégation pour quelque chose qui, souvent, ne leur rapporte rien ? Il y a une sorte de courage que je respecte, et puis il y a un facteur X qui fait qu’ils sont brillants. Où est-ce que cela démarre ? J’aime bien montrer la personnalité de ces gens, comme Teddy Tamgho. C’est un mec qui a souvent été décrié car incompris. Il a peut-être été maladroit dans sa communication parfois, on n’a retenu qu’une phrase de temps en temps, mais c’est un génie. Autant sur la piste qu’en dehors. Fin, intelligent… Et ses bourdes me font rire.

Allier travail et passion, c’est le rêve ?

Je suis très heureuse d’être arrivée là, au bon moment. On n’a pas forcément d’avenir dans ce métier, notamment quand on est une femme, car j’ai aussi conscience qu’on est périssables puisque, malgré tout, il y a le physique qui compte pour l’antenne. Et si un jour je veux partir, la donne ne sera plus la même. Tout ne dure qu’un temps mais je goûte ma chance et je me réjouis d’être entourée de gens qui m’accompagnent et me font confiance.

Ton entourage est-il surpris de cette passion pour le sport ?

Mes copines, je les connais depuis que je suis très jeune. Pour beaucoup on faisait du sport ensemble, volley et compagnie, mais elles n’en ont rien à faire du sport, donc on n’en parle pas spécialement. Avec mon « ami dans la vie » on regarde les matchs ensemble. C’est marrant parce qu’on n’est pas forcément d’accord, alors on discute. Et puis c’est rigolo dans les dîners : des fois des gens racontent de belles bêtises et je peux les reprendre. Ça surprend toujours.

En tant que femmes, on est toujours un peu attendues. On a déjà essayé de me piéger, notamment sur la question du hors-jeu. Un journaliste venant d’un journal de télévision est récemment venu me voir et sa première question a été de me demander quelles étaient les règles du hors-jeu. Je l’ai pris pour moi : « il pense que je ne sais pas ce que c’est parce que je suis une nana ». Je me suis vexée. Je ne me laisse pas trop faire ! D’ailleurs je n’ai jamais eu honte de poser une question qui pouvait paraître bête, en conférence de presse ou en interview. On fait tous des erreurs et je ne sais pas tout !

As-tu déjà reçu des remarques négatives, parce que tu étais une femme ?

Oui, sur les réseaux sociaux, c’est arrivé, peu souvent. Cela se passe aussi quand je prononce mal le nom d’un joueur… Je ne peux pas connaitre tout le monde et évidemment, après, je rectifie. Mais j’ai eu plus de remarques racistes que sexistes, parce que ma mère est algérienne. Pendant le Mondial 2014 j’ai dû le dire et des gens m’ont dit « retourne dans ton pays » et des trucs comme ça…

Devant un match, tu es plutôt stoïque ou expressive ?

Je suis très vivante. Même un match dans lequel il n’y a pas une équipe que j’aime particulièrement, je vais forcément prendre parti pour celle que je trouve la plus joueuse, et je vais la soutenir. Mais pour celles que je supporte, je peux vraiment donner de la voix. C’est terrible.

As-tu une équipe et un joueur préférés ?

Normalement on n’a pas le droit de le dire, parce que sinon on se fait tacler sur les réseaux sociaux, en se faisant reprocher de n’être pas objectifs. Ce qui est faux. Alors je le dis ; je suis pro PSG, parce que je suis née à Saint-Germain-en-Laye, berceau du club. J’allais voir les matchs de CFA quand j’étais petite, mon meilleur ami y a joué en équipes de jeunes… Je suis allée tellement de fois au Camp des Loges ! J’ai vu débuter Mamadou Sakho en jeunes là-bas. Mais après, si Marseille participe à une coupe d’Europe et joue bien, je vais être à fond derrière eux !

Niveau équipes nationales, je suis évidemment pour la France mais aussi l’Algérie, puisque ma mère est algérienne. Je suis celle qui, à tout moment, peut sortir le maillot de l’Algérie dans un stade.

Aimes-tu la Serie A ?

C’est un championnat que je regarde depuis longtemps, même si je préfère un peu la Liga par rapport au jeu. Étant donné le nombre de Français passés par le Calcio, notamment à l’époque de Zidane qu’on a vu se durcir là-bas… Je trouve que c’est un championnat hyper formateur, très engagé sur le terrain, dans les stades, avec des tifos et des ambiances de dingue… Dans le bouqin de Zlatan Ibrahimovic c’est une des choses qui m’a le plus impressionnée : le passage sur l’Italie, comment ça se passe en coulisses, tout l’attrait autour du football là-bas… Comme une sorte de religion. Et puis j’étais fan de Leonardo petite, donc tout s’explique ! Il reste un joueur incroyable… Je me souviens d’un match regardé avec ma mère -elle adore le foot mais n’y connait rien, c’est atroce de voir une rencontre avec elle car elle raconte n’importe quoi- c’était une demi-finale de Coupe d’Europe entre le PSG et l’AC Milan. Elle était pour le Milan et moi pour Paris. Et ça s’est terminé comme ça s’est terminé (victoire du Milan). Il n’y a pas longtemps j’ai reçu Valdo et ça m’a replongée dans cette époque magique.

Et puis il y a la Juventus maintenant. Quand tu vois un Kingsley Coman dont le PSG n’a pas su se servir… En Italie ils ont l’œil. C’est incroyable. Pogba ? je n’en parle même pas. Evra pareil ! La Juventus est un laboratoire pour l’Equipe de France. Et j’aime bien qu’on l’appelle la Vieille Dame, comme ça je peux mettre des chansons sur les vieilles dames dans l’émission.

Quel est ton souhait pour cette fin d’année 2016 ?

Alors : la Ligue des Champions pour le PSG, c’est fini… Donc que l’Equipe de France remporte l’Euro 2016, des beaux JO pour la délégation française avec les sportifs que j’ai reçus. Et pour moi, continuer à progresser, faire ce que j’aime, m’épanouir et que les gens continuent à bien m’aimer !

@nicolas_basse