Et si l’Inter Milan 2010 était la plus belle équipe de l’Histoire ?

Et si l’Inter Milan 2010 était la plus belle équipe de l’Histoire ?

2 mars 2015 5 Par Nicolas Basse

On ne l’aime pas, cette éternelle question de savoir quelle est la plus belle équipe de l’histoire. Qu’est-ce que ça veut dire, d’ailleurs ? Le plus bel effectif, le plus beau jeu, le plus beau palmarès ? Et on aime encore moins la réponse qui ressort souvent : le Barça de Guardiola, une équipe aux automatismes quasi-robotiques, arrogante, sans aucune folie et surtout sans âme. Alors quitte à devoir se prononcer, notre choix se porte sur l’Inter Milan 2010. Explications.

Arrêtons avec Arsenal 2004 et le Barça de la fin des années 2000, s’il vous plait. Ces deux équipes si faciles à supporter et si insipides. A-t-on déjà vibré devant un match de Barcelone ? Devant une rencontre d’Arsenal ? Ha ça, pour faire tourner le ballon, il y a du monde. Pour mettre en transe Stéphane Guy ou Christian Jeanpierre, on tient deux musts. Mais comment peut-on insulter le football au point d’ériger ces deux équipes parmi les plus grandes de l’histoire ? Alors oui, Arsenal a bouclé une saison sans défaite en Premier League cette année 2004. Oui, le Barça aura fait le plein de titres avec un quintuplé rarissime en 2009. Et alors ?

Oublions Arsenal, si vous le voulez bien, nous n’avons pas de temps à perdre, et concentrons-nous sur le Barça. Sûrement une des périodes les plus affreuses du football moderne, avec autant de suspens qu’un mauvais épisode de Julie Lescaut (oui, c’est un pléonasme). C’est simple, dès la 5ème minute, on connait le coupable, on sait que le Barça va gagner. Un Busquets monstrueux d’anti-jeu, un Messi insolent de talent, un Guardiola arrogant et une équipe de petits hommes aux schémas automatisés. Aucune création. Aucun frisson. Le tout accompagné par un arbitrage souvent très favorable, de quoi dégoûter les amoureux du romantisme footballistique. Ni un perdant magnifique ni un vainqueur s’étant déchiré les tripes, simplement une équipe trop facile.

L’Inter, bien sûr !

Alors quoi ? Le Milan des années 90 ? Trop simple, et surtout trop évident. L’Ajax de Rinus Michel ? Trop classique. Après plusieurs jours de réflexion et des discussions avec des amateurs de tous championnats, la révélation est venue de l’honorable Paul Focki. Pourquoi n’y avons-nous pas pensé avant ? L’Inter Milan 2010 version Mourinho. Quelle autre équipe pouvait réunir autant de folie, de romantisme, de bons joueurs et de titres ? Procurer autant de frisson et créer une telle surprise, tout en balayant les meilleures équipes du moment ? Petit retour en arrière.

En 2008 José Mourinho prend les rênes d’un Inter Milan mené au sommet Italien par Roberto Mancini. Pour sa première saison, le Special One fait le doublé Coupe/Championnat. Pas mal. À l’intersaison, le club réalise un mercato d’anthologie : Ibrahimovic contre Eto’o plus 46 millions d’euros, Des millions qui seront utilisés pour embaucher Lucio, Diego Milito et Wesley Sneijder. Rien que ça. En août 2009, l’équipe de l’Inter se présentait en favorite de la Série A, mais personne n’imaginait qu’elle réaliserait le fameux triplé magique. Petite présentation de l’effectif.

Une machine de guerre. Et pas simplement 11 joueurs, mais tout un groupe soudé par un esprit collectif jamais vu, jamais atteint jusque-là. Sur le banc, des vieux briscards connaissant la Série A la Champions’ League comme leur poche : Cordoba, Materazzi, Pandev, Vieira, Mancini, Chivu… Assez facile en championnat, l’Inter a mis du temps à trouver son vrai rythme sur la scène Européenne. Une fois sortis de la phase de poules, les joueurs de Mourinho sont inarrêtables. En 8èmes de finale, ils éliminent Chelsea, le champion d’Angleterre. Drogba se souvient encore des plaquages de Lucio et Samuel. En quarts, c’est le champion Russe CSKA Moscou qui se fait éjecter facilement. Jusque-là, le parcours est beau.

Vous avez dit soudés ?

La demi-finale oppose à l’Inter le Barca de Guardiola, champion d’Espagne et d’Europe en titre. Mourinho ne peut pas sentir le catalan, ni son club, ni ses joueurs. Pour les battre, il met en place une tactique de survie, avec une équipe prête à tout endurer. Les joueurs sont à leur meilleur niveau, chacun excelle dans son domaine. Pendant le match aller, Eto’o jouera plus arrière-droit qu’attaquant. Maicon parcourera à peu près 500 kilomètres et Zanetti récupérera environ 400 ballons. Vainqueurs 3 à 1 à domicile, le retour s’annonce bouillant au Camp Nou. Dès la première mi-temps, les espagnols font bien comprendre qu’ils pratiqueront toute sorte de simulations ou de techniques honteuses pour arriver à leurs fins, comme en témoigne Busquets réussissant à faire expluser Tiago Motta en simulant très grossièrement. Malgré tout, et grâce à un Julio César divin, l’Inter ne perd que 0-1 et accède à la finale. À ce moment-là, ils sont déjà très grands.

C’est le Bayern Munich, champion d’Allemagne, qui se présente en finale. On les dit imbattables, ultra-dominateurs, Allemands. Les gens disent beaucoup de choses… En 90 minutes, les bavarois ne font que courir après le ballon, admirer la classe de Sneijder et s’incliner devant Diego Milito, le petit prince, double buteur. En état de grâce, l’Inter remporte la Ligue des Champions après s’être adjugé le Championnat et avant de remporter la Coupe d’Italie.

Esprit

En plus du palmarès, c’est la surprise de voir une équipe à un tel niveau qui rend cette Inter la plus belle. Des joueurs se révélant immenses, un parcours à sortir à chaque tour les champions des grands championnats, une cohésion naturelle, des hommes forts à tous les postes, un entraineur fou, une rage de vaincre, et l’orgueil d’un club Italien. Aucun autre n’aura réussi à nous faire passer du doute à chaque début de match (« ça semble compliqué, ils ne vont pas le faire »), à autant de confiance au coup de sifflet final (« comment ai-je pu douter ? ils sont imbattables »).

L’Inter 2010 aura été l’emblème de ce que produit de mieux l’Italie. De l’honneur, du collectif, de l’orgueil. Du talent, et une envie de gagner. encore et toujours.


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